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Bosser ou profiter du système?

Les paroles du ministre du Travail, Nicolas Schmit, ont le mérite d’être pleines de belles intentions, mais la réalité est parfois bien différente. Lundi, en appelant tous les demandeurs d’emploi à suivre une formation, le ministre a visé juste.

Car le nombre de postes vacants proposés par l’Adem est très important par rapport à celui des demandeurs d’emploi, selon les termes du ministre qui a remis en lumière le «paradoxe (du ratio) luxembourgeois». Dans ce contexte général, le ministre a insisté sur la nécessité pour les chômeurs de suivre une formation afin de s’attaquer à la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs.

«Le nombre de postes vacants déclarés à l’Adem, au 1er octobre dernier, s’élève à 6 349. Or le pays compte quelque 15 000 demandeurs d’emploi!», s’est insurgé le ministre. Pour tenter de faire face à ce paradoxe, le ministre a donc, logiquement, appelé les demandeurs «à faire preuve de motivation, en vue de suivre une formation dans son intégralité».

Mais ce louable appel risque de se casser les dents sur l’effective motivation des potentiels candidats à une formation. En effet, quel chômeur non qualifié serait disposé à suivre cette voie, quand on sait qu’au 1er janvier le salaire social minimum mensuel (SSMM) s’élevait à 1 998,59 euros par mois, alors que les indemnités de chômage, qui ne peuvent être perçues que durant 12 mois (voire six mois de plus), correspondent à 80 % du dernier salaire brut touché au cours des trois mois ayant précédé la perte d’emploi et seront au maximum équivalentes à 2,5 fois le SSMM.

Pour ceux n’y ayant plus droit ou n’ayant jamais travaillé, essuyant refus d’embauche sur refus, il reste la «solution RMG», dont le montant, pour la première personne adulte, est de 1 401,18 euros par mois. Pour certains, le choix à faire entre «motivation» et «laisser-aller» coule donc de source.

De quoi conforter le ministre Schmit et l’OGBL dans leur volonté d’augmenter le SSMM. De là pourrait, en effet, surgir un semblant de «motivation».

Claude Damiani

Un commentaire

  1. M. Damiani
    Il faut reconnaître que j’attendais votre édito, anxieusement, une fois lu son titre dès lors que votre Une fût publiée dans la soirée sur Facebook.
    En effet, le ministre du travail Nicolas Schmit vise juste, car il tire sur l’ambulance, qui elle, par principe, n’avance pas en toute discrétion avec ses phares clignotants et gyrophares hurlants.
    Donc j’attendais votre éditorial comme on attend les marrons chauds en hiver, car quand ça sent les marrons chauds, c’est qu’il y a, en cette saison magique, un marché de Noël
    au coin de la rue. Et qui dit marché de Noël, dis que ça va être la fête pour quelqu’un!
    Et ce quelqu’un, c’est bien sûr le chômeur (et ses 15000 collègues d’infortune).
    Le chômeur, qui est déjà dans l’ambulance, est une cible facile. Une fois ce dernier descendu du véhicule de secours, il est souvent aisé pour un sniper de le descendre à nouveau à même son brancard.
    Donc le chômeur refuserait de suivre une formation dans son intégralité, manquerait de motivation…
    Mais de quelles formations parle-t-on ? Ces formations, qui au demeurant, devraient souvent être à la charge des entreprises qui les ont licenciés et non à la charge de la collectivité. Et quand bien même, ces formations forment-elles à quoi si elles sont belles et bien financées par l’A.D.E.M ?
    Des formations qualifiantes ou bien d’opportunistes sociétés privées qui remettent encore une fois la main dans la poche du contribuable en fournissant des ersatz de « coaching » mental
    pour quelques milliers d’euros de plus?
    La règle reste la même et s’inscrit durablement dans le peu de charbon qu’il reste dans la région : privatisation des profits, mutualisation des risques.
    Alors, bosser pour que le système profite de nous et de la solidarité nationale ou profiter ?
    Profiter de quoi ? Surtout lorsqu’ inévitablement, à votre tour, vous tirez, non plus sur l’ambulance, mais sur l’ambulancier ! La première personne adulte, donc un ou une célibataire, avec son RMG à 1 401,18 euros par mois et ce dans un contexte inédit de rareté
    de logements abordables au Luxembourg, à qui pensez-vous que profite le système ?
    Entre autres, aux marchands de sommeil!
    Car s’il faut parler pourcentage, les 80% qu’il ne faudrait pas oublier de mentionner, c’est souvent les 80% du R.M.G qui sont engloutis dès le 1er du mois dans des logements vétustes au prix exorbitants et autres « Kaffenzimmer ».
    Le sursaut de motivation doit changer de camp, tout comme la peur d’être licencié doit enfin se transformer en la peur de licencier et d’en payer vraiment les pots cassés, faire payer les arriérés de salaires, faire payer des indemnités de licenciements décentes et enfin faire payer les formations par les entreprises qui elles-mêmes se jouent du système de protection sociale tout en optimisant, ici, au Grand-Duché, leurs charges patronales, sociales et fiscales. À partir de là, seulement, pourrait enfin surgir une réelle « motivation » de toutes les parties concernées.

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