Le géant mondial de la sidérurgie ArcelorMittal souhaite que la Commission européenne adopte rapidement des mesures de sauvegarde face au risque de hausse des importations d’acier en Europe, en répercussion des droits de douane américains.
L’objectif des mesures de sauvegarde, « c’est d’empêcher que les volumes (d’acier) qui ne peuvent plus aller aux Etats-Unis se retrouvent en Europe, qui est le marché le plus ouvert du monde », a expliqué lundi à la presse le président d’ArcelorMittal France, Philippe Darmayan. Les mesures de sauvegarde garantissent aux pays tiers des quotas d’importation vers l’Europe sans droits de douane basés sur un historique, et au-delà imposent des taxes, de l’ordre de 25%, sur les volumes additionnels, a rappelé Philippe Darmayan.
Ce dispositif est prévu par l’Organisation mondiale du commerce si un secteur économique est « gravement affecté » ou « menacé » de l’être, ce qui est le cas de l’acier en Europe, a-t-il dit. « Le système consiste à fermer le marché européen sans l’assécher et sans entraîner une augmentation des prix », a-t-il résumé. La Commission européenne a ouvert le 26 mars une enquête en vue de préparer des mesures de sauvegarde. Son système de surveillance, mis en place en mars 2016, a constaté la hausse des importations de certains produits d’acier.
L’enquête couvre 26 catégories de produits, et devrait être conclue dans les 9 mois. Mais si des mesures provisoires sont jugées nécessaires, elles peuvent êtres adoptées plus rapidement. Interrogé sur un maintien de l’exemption pour l’Union européenne des taxes américaines sur l’acier, provisoirement en vigueur jusqu’au 1er juin, Philippe Darmayan estime que cela pourra « satisfaire quelques producteurs ».
La menace de la surproduction d’acier demeure
« Mais ce n’est pas à la hauteur de la menace que nous avons en face de nous et qui est une menace indirecte, due au fait que le marché de l’acier reste et restera pour plusieurs années en surcapacité mondiale », a-t-il ajouté. Il a chiffré les surcapacités de production d’acier à 30% au niveau mondial, soit 600 millions de tonnes sur une production totale de 2,2 milliards de tonnes.
La Chine représente environ la moité de ces surcapacités. Les importations européennes d’acier (30 millions de tonnes, pour une production de l’ordre de 170 millions de tonnes) ont connu une augmentation sensible au premier trimestre 2018, qui ne s’est pas traduite pour l’instant par une baisse des prix, grâce à la conjoncture économique favorable. À l’inverse, l’Europe exporte peu d’acier aux Etats-Unis, environ 5 millions de tonnes, venant principalement d’Allemagne. « Aujourd’hui, les importations ont pris la totalité de la croissance de la demande », ce qui a entraîné « une stabilité des productions européennes », mais « pas une dégradation des prix », a observé Philippe Darmayan. Les aciers plats laminés à chaud sont le produit le plus concerné, comptant pour un tiers des importations.
AFP