Le groupe aérien portugais TAP a annoncé jeudi une perte nette de 105,6 millions d’euros en 2019, contre 118 millions d’euros l’année précédente, mais table sur le renouvellement de sa flotte pour revenir à l’équilibre.
Lors de la conférence de presse de résultats, le président du conseil d’administration du groupe, Antonoaldo Neves, a évité d’entrer dans une polémique avec le gouvernement, qui critique TAP pour verser des primes à ses cadres malgré les pertes. En 2019, la seule compagnie aérienne TAP Air Portugal a perdu 95,6 millions d’euros, contre 58,1 millions d’euros en 2018, plombée notamment par la baisse des recettes des vols vers le Brésil et un ambitieux plan d’investissement, indique le groupe dans un communiqué. En revanche, le chiffre d’affaires du groupe, qui comprend également la société d’assistance au sol Groundforce et ses activités d’entretien des avions, a augmenté de 3,8%, à 3,29 milliards d’euros. TAP a transporté sur l’ensemble de l’année un nombre record de plus de 17 millions de passagers, soit une hausse de 8,2% par rapport à 2018.
TAP a « franchi le cap des tourmentes et navigue aujourd’hui vers plus de stabilité », a affirmé Antonoaldo Neves. Le groupe a réalisé en 2019 des investissements de près de 55 millions d’euros pour renouveler sa flotte, reçu 30 nouveaux Airbus de dernière génération, recruté 900 professionnels et a diversifié son offre en proposant 11 nouvelles destinations. Ces investissements « sont fondamentaux pour l’avenir de TAP », a observé Neves. La compagnie est détenue à 50% par l’Etat portugais, à 5% par les salariés et à 45% par le consortium Atlantic Gateway emmené par l’homme d’affaires américain David Neeleman, qui avait démenti fin novembre des rumeurs selon lesquelles il souhaitait se désengager en raison de divergences avec l’actionnaire public.
Mise en garde du gouvernement
L’Etat a mis en garde le groupe contre la distribution de primes à ses cadres malgré les pertes. TAP s’était déjà attiré les foudres du gouvernement socialiste l’année dernière en distribuant un montant total de 1,17 million d’euros de bonus à 180 de ses quelque 13.000 salariés. « Nous avons communiqué à TAP que nous n’accepterons pas la distribution de bonus », a déclaré mercredi Pedro Nunes, ministre des Infrastructures, devant une commission parlementaire, qualifiant cette décision de « manque de respect » à l’égard des autres salariés. « La commission exécutive ne fait pas de commentaire sur sa politique de rémunération », a simplement déclaré Neves, qui avait justifié l’année dernière les bonus versés en fonction des performances individuelles ou des différents départements de l’entreprise, et pas des résultats globaux du groupe.
Interrogé sur la décision de Caracas de suspendre pour 90 jours les opérations de TAP vers le Venezuela, affirmant qu’elle avait permis à un proche de l’opposant Juan Guaido d’emporter des explosifs à bord d’un avion, Antonaldo Neves a rejeté ces accusations. Il a précisé que TAP avait respecté toutes les procédures de sécurité. Il a estimé le coût de cette suspension « à 10 millions d’euros », pour l’indemnisation des passagers. TAP, qui opère deux vols hebdomadaires vers Caracas, est une des rares compagnies étrangères à maintenir ses opérations dans le pays que la plupart de ses concurrentes ont commencé à fuir dès 2013, quand le prix du pétrole – source de 96% des devises du pays – s’est mis à chuter.
LQ / AFP