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Ryanair supprime 3 000 emplois pour « survivre » au coronavirus


Si le trafic ne revient pas à la normale, "nous pourrons avoir à annoncer davantage de suppressions dans le futur", a dit Michael O'Leary. (Photo : Archives LQ/Fabrizio Pizzolante)

Nouveau coup de tonnerre dans le ciel européen. La compagnie à bas coût Ryanair va supprimer 3 000 emplois afin d’être en mesure de « survivre » à la crise du transport aérien qui met en danger l’ensemble du secteur.

Le transporteur irlandais explique que seront concernés principalement les pilotes et le personnel navigant, et que le plan porte sur 15% des effectifs totaux d’environ 19 000 personnes. Ces suppressions d’emplois sont « le minimum dont nous avons besoin pour survivre les 12 prochains mois », a déclaré sur la BBC le patron de la société Michael O’Leary. Si un vaccin n’est pas trouvé et que le trafic ne revient pas à la normale, « nous pourrons avoir à annoncer davantage de suppressions dans le futur », a-t-il prévenu.

Michael O’Leary a estimé en outre que son plan de restructuration pourrait entraîner des fermetures de bases au Royaume-Uni. Comme ses concurrents en Europe, Ryanair est frappé par la paralysie du transport aérien en pleine pandémie, qui prive les compagnies de recettes alors même que leurs coûts fixes restent énormes. British Airways avait annoncé cette semaine la suppression de 12 000 emplois, soit plus du quart de ses effectifs.

EasyJet a quant à elle renforcé ses finances avec un prêt de 600 millions de livres des pouvoirs publics. Et la compagnie Virgin Atlantic lutte pour sa survie, son fondateur Richard Branson demandant pour l’instant en vain une aide du gouvernement, si bien qu’il s’est mis à la recherche d’investisseurs. Ryanair précise que ses vols seront à l’arrêt jusqu’au mois de juillet au moins et qu’il faudra attendre deux ans, soit l’été 2022, pour un retour à la normale. La compagnie prévoit par ailleurs que des salariés prendront des congés sans solde et que d’autres verront une réduction de 20% de leurs salaires.

Michael O’Leary avait déjà baissé de 50% son salaire pour avril et mai, et va désormais étendre cette mesure pour le reste de l’exercice annuel, soit jusqu’à mars 2021. Ryanair est contraint en outre de revoir ses projets de croissance et de commandes d’avions. Il dit être en négociations avec Boeing pour réduire le nombre de livraisons prévues durant les 24 prochains mois, ce qui lui permettrait de faire de considérables économies.

Ryanair rechigne à rembourser ses clients

Ryanair opérera seulement 1% de ses vols en avril, mai et juin, soit 150 000 passagers sur la période, contre 42,4 millions attendus sans la pandémie. Pour l’été, la compagnie prévoit de ne transporter que la moitié des 44,6 millions de passagers prévus. Et cela représentera au total moins de 100 millions sur son exercice 2020/2021, loin des 154 millions espérés. Ryanair s’est attiré par ailleurs les foudres de l’association de consommateurs Which! et de nombreux clients qui cherchent à obtenir un remboursement de leurs vols. Ryanair se contente de leur proposer un bon d’achat et ne garantit un versement d’espèces qu’au bout de 12 mois.

La reprise s’annonce très progressive et si EasyJet a évoqué la possibilité de laisser les sièges médians vides au début, Michael O’Leary s’est lui fermement opposé à cette option. En termes financiers, Ryanair s’attend à une perte nette de 100 millions d’euros pour le premier trimestre (avril à juin) et devrait être encore dans le rouge au deuxième trimestre. Le groupe explique être entré dans cette crise avec une trésorerie de 4 milliards d’euros et dit tout faire pour préserver ses finances, dénonçant au passage les aides fournies par les gouvernements à nombre de ses concurrents en Europe.

Ryanair, qui ne demandera pas de soutien des pouvoirs publics, estime que ces aides fausseront la concurrence pour plusieurs années et va les contester devant les tribunaux européens. En dehors des compagnies aériennes, les aéroports sont également à la peine, à l’image de Heathrow à l’ouest de Londres. Le plus grand aéroport du Royaume-Uni, l’un des principaux « hubs » du transport aérien mondial, s’attend à une chute de 97% du trafic de passagers en avril.

AFP/LQ

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