À la surprise générale, le ministre britannique des Finances Sajid Javid, l’un des poids lourds de l’équipe de Boris Johnson, a claqué la porte du gouvernement jeudi à l’occasion du premier remaniement depuis le Brexit.
Il est remplacé par le secrétaire en chef du Trésor Rishi Sunak, âgé de 39 ans, a annoncé Downing street. Cette démission représente une surprise de taille dans un remaniement qui s’annonçait sans bouleversement majeur. Elle intervient à un mois de la présentation du budget, le premier depuis que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne le 31 janvier, qui doit prévoir une nette hausse des dépenses publiques. Selon une source proche de Sajid Javid, le Premier ministre Boris Johnson a exigé que son ministre des Finances congédie tous ses conseillers spéciaux pour les remplacer par ceux de Downing Street. Sajid Javid a estimé qu' »aucun ministre qui se respecte n’accepterait de telles conditions » et choisi de présenter sa démission, a souligné cette source.
Après cette annonce, la livre s’est nettement inscrite à la hausse. »Le marché parie sur le fait que (ce remaniement) signifie plus de dépenses, moins d’austérité et plus de croissance », à un mois de la présentation du budget, a estimé Neil Wilson, analyste pour Markets.com. Âgé de 50 ans, Sajid Javid est un ancien banquier qui s’est tourné vers la politique. Fils d’un chauffeur de bus pakistanais, il a occupé le poste de ministre de l’Intérieur avant d’être nommé Chancelier de l’Échiquier en juillet dernier, quand Boris Johnson a pris la tête du gouvernement. Son départ survient alors que le Royaume-Uni entame à partir du début du mois prochain de délicates négociations pour définir ses relations futures avec l’Union européenne.
Les autres piliers reconduits
Après son écrasante victoire aux élections législatives du 12 décembre, le chef du gouvernement conservateur avait préféré attendre que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne avant de mener un remaniement. Les autres piliers du gouvernement ont été reconduits: Dominic Raab aux Affaires étrangères, Priti Patel à l’Intérieur ou encore Michael Gove, qui était chargé de préparer le Brexit avant de devenir en quelque sorte l’adjoint de Boris Johnson. Alok Sharma a quant à lui été nommé secrétaire d’Etat chargé des entreprises, de l’énergie et de la croissance propre. Il prendra aussi la tête de la COP26 sur le climat qui doit se tenir en Novembre à Glasgow (Écosse), après que sa présidente Claire Perry O’Neil a été congédiée.
Après la décision du gouvernement, elle avait violemment attaqué le bilan de Boris Johnson en matière de lutte contre la crise climatique et dénoncé un « énorme manque de leadership ». En revanche, le secrétaire d’État chargé de l’Irlande du Nord Julian Smith a été remercié. Il a pourtant réussi à remettre en ordre de marche les institutions politiques nord-irlandaises après trois ans de blocage entre les deux principaux partis, unionistes du DUP et républicains du Sinn Fein, qui s’y partagent le pouvoir.
Selon le Times, Boris Johnson lui reproche un manque de transparence dans ces négociations qui comprennent une enquête sur les crimes reprochés aux soldats britanniques pendant les trois décennies des « troubles », entre républicains (majoritairement catholiques) et unionistes (surtout protestants), qui ont fait 3 500 morts. Le Premier ministre irlandais sortant Leo Varadkar a souligné que Julian Smith avait, en huit mois à son poste, contribué à restaurer les institution politique en Irlande du Nord, à conclure un accord de Brexit empêchant le retour d’une frontière physique sur l’île et à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. « Vous êtes l’un des meilleurs hommes politiques britanniques de votre époque. Merci », a-t-il tweeté.
AFP/LQ