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Pourquoi Toyota résiste à la crise des semi-conducteurs


Toyota "était bien mieux préparé que n'importe quel autre constructeur automobile dans le monde" à la pénurie actuelle de puces électroniques. (illustration AFP)

Des objectifs dépassés en 2020/21 et une nouvelle croissance anticipée cette année : la pénurie mondiale de semi-conducteurs affecte peu pour l’heure le numéro un mondial de l’automobile Toyota, extrêmement bien préparé à gérer les aléas de production depuis dix ans.

Le triple désastre du 11 mars 2011 (séisme, tsunami et accident nucléaire de Fukushima) avait mis à genoux des pans entiers de l’industrie japonaise pendant des mois, en particulier son secteur automobile, en raison de ruptures dans sa chaîne d’approvisionnement au Japon. Toyota avait souffert comme les autres à l’époque, ne parvenant à normaliser sa production nationale qu’au bout de six mois. Mais « Toyota a retenu la leçon du 11 mars 2011 probablement mieux que quiconque », selon Christophe Richter, analyste automobile de la maison de courtage CLSA.

Le géant nippon a commencé à l’époque à passer en revue tous ses fournisseurs, jusqu’aux plus indirects. Ce qui lui a permis d’acquérir une connaissance très approfondie de sa chaîne d’approvisionnement, pour réagir plus vite en cas de crise. Ainsi Toyota « était bien mieux préparé que n’importe quel autre constructeur automobile dans le monde » à la pénurie actuelle de puces électroniques, estime Christophe Richter.

« Ce travail post-Fukushima, on l’a tous fait », assure une source proche d’un autre constructeur automobile japonais. « Mais Toyota est celui qui l’a fait le mieux, et qui l’a maintenu » dans la durée, reconnaît cette source, partagée entre admiration et jalousie.

Entorse au « juste-à-temps » 

Depuis quelques mois, ces minutieux préparatifs, menés dans l’ombre pendant des années, révèlent en pleine lumière à quel point ils sont utiles.

Une incroyable série de vents contraires s’est abattue sur l’industrie automobile mondiale depuis l’an dernier : la pandémie de coronavirus suivie de la pénurie de semi-conducteurs, des aléas climatiques en Amérique du Nord et à Taïwan au début de cette année, et au Japon l’incendie accidentel en mars d’une usine de semi-conducteurs de Renesas, important fournisseur de l’industrie automobile.

Malgré cela, Toyota a dépassé ses objectifs de ventes en volume sur son exercice 2020/21 clos fin mars (9,92 millions de véhicules écoulés au total pour toutes ses marques) et vise 10,55 millions d’unités en 2021/22, selon le communiqué de ses résultats annuels publiés mercredi.

Alerté dès les prémices de la crise des semi-conducteurs, le groupe a réagi en sortant partiellement du modèle classique de production « juste-à-temps », dont il est pourtant l’inventeur et qui consiste à limiter les stocks au maximum pour réduire les coûts.

« Toyota a été le premier constructeur automobile à ajuster son système de chaîne d’approvisionnement d’un modèle pur de ‘juste-à-temps’ à un modèle hybride où il stocke davantage des composants critiques comme les semi-conducteurs », explique Joshua Cobb, analyste automobile chez Fitch Solutions.

Fournisseurs japonais loyaux 

« Toyota a toujours été un leader dans le développement de systèmes de gestion de la chaîne d’approvisionnement, et les autres constructeurs tendent à l’imiter », souligne Joshua Cobb. Les allemands Volkswagen, BMW et Daimler, tout comme l’américain General Motors notamment ont tous déclaré récemment qu’ils allaient ajuster leurs systèmes respectifs d’approvisionnement pour augmenter leurs stocks.

Mais Toyota a pris sur ce front une belle longueur d’avance. En outre, exiger des stocks ne suffit pas : encore faut-il les obtenir. Là encore, le numéro un mondial a un sérieux avantage : la plupart de ses fournisseurs, y compris dans les semi-conducteurs, sont des sociétés japonaises. Toyota et le gouvernement japonais ont ainsi « un plus grand contrôle » sur ces entreprises, qui vont servir Toyota « en priorité », relève Joshua Cobb. Cela diffère d’autres constructeurs, surtout européens et américains, qui dépendent pour leurs composants électroniques de fournisseurs asiatiques sur lesquels ils ont peu de prise, observe-t-il.

Au Japon « Toyota a de très bonnes relations avec ses fournisseurs », confirmebune source proche d’un équipementier automobile nippon.

Ses ventes solides et régulières entretiennent ces excellents rapports, tout comme la réputation du groupe de ne pas renégocier à la baisse les tarifs de ses fournisseurs une fois les contrats initiaux signés, ajoute cette source.

Et « si l’on reçoit des ordres de plusieurs clients en même temps, il faut privilégier le client le plus stable et le plus puissant ». Lequel s’appelle souvent… Toyota.

AFP/LQ

Un commentaire

  1. Voilà un industriel intelligent qui se souvient des leçons du passé. L’inverse des politiciens.

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