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Luxguard : «On est dans l’inconnu»


Emplois menacés ? De nombreux salariés de Guardian Luxguard ont manifesté mercredi à Bascharage. Ils veulent des garanties de la part de la direction qui refuse le dialogue social. (Photo : Tania Feller)

Quelque 200 manifestants ont vomi leur colère contre la direction de l’entreprise, mercredi à Bascharage, sous l’impulsion de l’OGBL et du FNCTTFEL-Landesverband et avec le soutien du Parti communiste (KPL).

Ils craignent pour leurs emplois et la direction de Guardian Luxguard ne daigne pas leur répondre : le dialogue social est actuellement inexistant avec les syndicats et les employés de l’entreprise américaine. Face à cette situation inextricable, un piquet de protestation s’est tenu hier sur le site de Bascharage pour dénoncer ce dialogue de sourds. Bien remontés, les manifestants ont légitimement demandé des réponses concernant leur avenir et celui de leurs familles.

«Une partie de l’industrie du pays est foutue»

Pour le responsable OGBL de la délégation du personnel, Alain Rolling, cela ne peut plus durer éternellement : «Nous sommes tous réunis pour une bataille qui est difficile et qui a un goût amer. Nous ne savons tout simplement pas ce que les patrons nous réservent pour l’avenir. Le site de Dudelange est mort et les salariés ne savent rien de ce qui les attend. Ils sont au chômage conjoncturel… Une partie de l’industrie du Luxembourg est foutue et on ne sait pas ce qu’il en adviendra ! Des investissements sont faits par l’entreprise en Pologne, en Hongrie et en Angleterre, alors que le Grand-Duché est mis de côté : cela est inacceptable !»

Le message est clair et l’absence de réponse de la direction irrite encore plus le syndicaliste OGBL ainsi que tous les employés qu’il défend : «Nous avons eu des réunions avec les membres des directions des sites de Dudelange et de Bascharage et rien de concret n’en est ressorti. Il faut savoir que nous parlons d’une menace qui pèse sur 450 emplois, donc 450 personnes, sans oublier leurs familles ! Les directions des deux sites nous parlent de fusion et pas un mot de plus. Je me répète, mais cela est inacceptable ! Les patrons se foutent du modèle luxembourgeois du dialogue social ! Nous avons demandé, pas plus tard que la semaine dernière, une entrevue avec la maison mère de Guardian Europe, et nous n’avons toujours pas eu de réponse : c’est scandaleux ! Ceci dit, nous continuerons à manifester tant que nous n’aurons pas eu de réponse. On ne peut pas attendre jusqu’en 2021 pour savoir, comme les directions des deux sites nous ont invités à le faire !»

Claude Damiani

Ali Ruckert : «Le gouvernement doit prendre position»

KPL OK

Soutien de choix, le président du Parti communiste (KPL) était présent pour exprimer sa désapprobation : «Je soutiens salariés et syndicats pour qu’il n’y ait pas de licenciements. Mais je suis aussi là pour rappeler que les promesses d’investissements au Luxembourg doivent être tenues et que le soi-disant prétexte de la crise sanitaire ne tient pas la route. Parallèlement à cela, je rappelle que Guardian investit en Hongrie, en Pologne et en Grande-Bretagne. Par ces délocalisations, dans deux à trois ans, 450 emplois haut qualifiés disparaîtront. Enfin, je suis présent pour signifier au gouvernement qu’il doit se réveiller et s’engager, car il n’a pas dit un mot sur cette affaire. Or le gouvernement doit communiquer et planifier des investissements. De manière générale, je ne suis pas optimiste pour le site de Guardian, parce que les décideurs sont aux États-Unis. Il faut que Bettel, Fayot et compagnie réagissent!»

Le Verband solidaire

George OK

Parmi les manifestants, le président du FNCTTFEL-Landesverband, Georges Merenz, était sur place : «Nous sommes solidaires envers les collègues qui travaillent chez Guardian. Nous sommes évidemment contre d’éventuels licenciements. D’après nous, la situation actuelle n’a rien à voir avec la crise sanitaire, car tout était déjà planifié par la direction et ici elle n’investira plus. De plus, les CFL perdent des lignes de train dans cette affaire et risquent de perdre la ligne de train historique qu’est le « Sandzuch ».»

«La direction de Guardian Luxguard doit communiquer»

Michaux OK

Salarié de Guardian depuis 33 ans, l’opérateur de maintenance et délégué OGBL André Michaux est «inquiet» pour ses collègues et pour lui-même : «Personnellement je suis en train d’arriver en fin de carrière. La situation actuelle est tendue, car on ne sait pas de quoi sera fait notre futur. Mes collègues et moi-mêmes avons des maisons, des familles, des enfants… Et la direction de l’entreprise fait des investissements en Pologne et d’autres pays afin de pouvoir couper la production ici au Luxembourg. Même si nous n’avons aucune certitude sur ce qu’il se passera, nous nous retrouvons dans l’inconnu total. Et nous avons besoin de savoir. Avec la fusion des deux sites (Dudelange et Bascharage), nous savons pertinemment qu’il y aura trop d’employés pour une ligne de production… Les collègues sont nerveux et craintifs du fait de cette fusion, cela engendre du stress inutile. Nous appelons la direction à communiquer!» Le message envoyé par les salariés est donc clair et net. La direction, de son côté, semble moins l’être.

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