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Luxair : embarquement dans la cabine de tous les dangers


Chez Luxair, les agents de bord ne font pas que servir le crémant. Leur priorité? La sécurité. Même face au pire... Bienvenue dans «le simulateur». (photo Fabrizio Pizzolante)

Luxair vient d’acquérir une cabine de simulation d’accidents ultraréalistes. Crash au décollage, incendie à bord, évacuation d’urgence : nous avons pu la tester. La «Cabine emergency trainer», fidèle reproduction de l’intérieur d’un Boeing 737, a coûté 950 000 euros.

Ça pourrait être un vol pour l’Italie ou pour l’Espagne. Peu importe. Car très vite, tout dérape. Pourtant, tout se passait bien. Les hôtesses Luxair avaient distribué des gâteaux, nous avions écouté les consignes de sécurité d’une oreille distraite. Mais cinq minutes après le décollage, une épaisse fumée blanche s’échappe d’un coffre à bagages.

Les stewards accourent, sac à oxygène sur la tête, avec des extincteurs et des gants de protection. Très vite, l’incendie est maîtrisé. Rapidement, le contrôleur donne les premiers éléments d’information au micro  : informer, jouer la transparence. Personne n’est blessé, mais les vacances sont déjà terminées. Par mesure de sécurité, l’avion retourne se poser au Findel.

Pilotes et stewards sont mis à rude épreuve, avec le simulateur de Luxair! (photo F.Pizzolante)

Pilotes et stewards sont mis à rude épreuve, avec le simulateur de Luxair! (photo F.Pizzolante)

Ce récit, on l’aura compris, est le fruit d’une simulation. L’incident a été joué vendredi dans les conditions les plus réalistes, pour la presse. Comment? Grâce au nouveau «Cabin emergency evacuation trainer», payé à prix d’or par la compagnie Luxair (950  000  euros), et installé dans les ateliers du Findel. « Le simulateur reproduit le cockpit et l’intérieur d’un Boeing 737″, explique Laurent Donteri, training manager chez Luxair. « C’est le plus gros avion que nous proposons pour nos vols .»

Le simulateur pèse dix tonnes. Extérieurement, le réalisme est de mise aussi. Par un assemblage de deux avions de ligne des années 2000 (un australien et un autrichien) la longueur du toboggan d’évacuation et la hauteur des ailes sont à taille réelle.

« Avant ce simulateur, les formations de situation d’urgence avaient lieu soit dans des conteneurs aménagés, soit dans des salles , poursuit Laurent Donteri. Avec ce simulateur ultraréaliste, nous gagnons à tous les niveaux  : des formations plus précises, plus pédagogiques, et d’une qualité jamais atteinte .» Un point essentiel pour Luxair qui, de tout temps, a toujours voulu dépasser les exigences européennes en matière de sécurité. « Les normes nous obligent à une formation anti-incendie tous les trois ans, donne en exemple Laurent Donteri. Nous les faisons tous les ans, pour tout le personnel de bord .»

Des écrans d’animation le long des hublots

Concrètement, la nouvelle machine permet de simuler tous les accidents possibles en avion. Vue d’un siège passager, les catastrophes sont assez effrayantes. Dépressurisation? Le son d’un vent fort envahit la cabine et les masques tombent!

Dépressurisation : les masques tombent. (photo F.P.)

Dépressurisation : les masques tombent. (photo F.P.)

À peine remis de nos émotions, voici que le portable d’un passager s’enflamme. Une caisse de cloisonnement d’urgence permet d’isoler l’objet. Et le pire, évidemment… le crash au décollage. Tous les hublots sont équipés d’écrans d’animation très réelle. Ça fait tout drôle de voir une fumée noire se dégager des turbines! Les agents de bords ouvrent les issues de secours et passent dans les rangs en hurlant des consignes (ces jolies demoiselles qui, quelques minutes plus tôt, vous proposaient gentiment des gâteaux!)

Personne n’a envie de désobéir  : les passagers de l’avant sautent sur le toboggan d’évacuation, ceux du centre se laisse glisser sur l’aile de l’avion, spécialement incliné à 40  degrés vers le sol. « Comme en vrai dans ce genre de cas », nous glisse Mike, agent de bord qui participe aux opérations. Laurent Donteri glisse un chiffre clef  : « Une évacuation, c’est 90  secondes pour faire sortir 186  passagers (NDLR  : dans le cas d’un 737) , pas une de plus .»

Évacuation d'urgence : il faut se lancer. (photo F.P.)

Évacuation d’urgence : il faut se lancer. (photo F.P.)

Au final, pourquoi toutes ces exigences dans la formation? L’avion est le moyen de transport le plus sécurisé, loin devant la voiture ou le vélo par exemple. « Mais les accidents existent , souligne Laurent Donteri. Regardez sur YouTube l’évacuation d’un avion de l’American Airlines à Chicago (2016) . Les équipes étaient préparées. Il faut toujours être prêt .»

Hubert Gamelon

Service à bord, vue numérique à travers le hublot : ça sonne vrai. (photo F.P.)

Service à bord, vue numérique à travers le hublot : ça sonne vrai. (photo F.P.)

Et le gilet de sauvetage ?

Le test du gilet jaune est assez marrant  : il vous saute au nez comme un airbag! Les bonbonnes le gonflent d’un coup sec.

Pourquoi des gilets de sauvetage dans un avion? Même en cas d’amerrissage, on se voit mal survivre au milieu de l’océan… Mike, agent de bord chez Luxair, nous a convaincu du contraire. « Tout d’abord le gilet permet de flotter sans nager. C’est une vraie bouée. À partir de là, les derniers agents qui sortent embarquent des balises numériques avec eux  : peu importe que l’avion coule ou que le courant déplace les naufragés. Il faut en revanche former des groupes, par cercle, pour être localisé du ciel (NDLR  : même la nuit, grâce à des lampes sur les gilets) . Et adopter une position jambes croisées et bras croisés pour garder la chaleur du corps en attendant les secours. »

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