Les professionnels de l’événementiel ont des difficultés à convaincre les clients d’organiser des évènements. En cause, notamment : une mauvaise information sur les règles en vigueur.
Si, d’un côté, Luxexpo The Box arrive à organiser des évènements et attirer un grand nombre de visiteurs, de l’autre, les professionnels du secteur de l’événementiel du pays ont beaucoup plus de mal à convaincre les clients de revenir.
L’événementiel ne se limite pas aux grandes salles et aux grands espaces d’exposition. Les évènements d’entreprise ou encore les présentations de nouveaux produits font vivre un grand nombre d’agences spécialisées, mais également les traiteurs et les sociétés de son et lumière. Pour faire face à la crise et montrer qu’il est possible d’organiser des évènements avec sérieux et en toute sécurité, les acteurs de l’événementiel ont créé une association, Luxembourg Event Association (LEA), et ont publié un guide de bonnes pratiques.
Pour autant, les entreprises semblent avoir du mal à revenir vers les professionnels de l’événementiel et semblent très réticentes à organiser une fête de fin d’année pour le personnel ou même un évènement autour d’une nouveauté.
Les quelques évènements organisés sont largement diffusés sur la toile et les réseaux sociaux afin de montrer qu’il est possible d’en réorganiser. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Ghanimé Events en montant un évènement autour du lancement des nouvelles M3 et M4 chez BMW.
Une barrière pour la clientèle
Il a accueilli «plus de 200 personnes sur trois jours, justement pour limiter les interactions, explique Valérie Ghanimé, fondatrice et gérante de la société. C’est tout à fait faisable et notre client, BMW, a été agréablement satisfait de notre prestation, ce qui montre bien que les professionnels de l’événementiel sont capables d’organiser des évènements en toute sécurité.»
Membre de la LEA, Valérie Ghanimé explique qu’il y a une méconnaissance des entreprises à propos de la situation actuelle, puisqu’un grand nombre pensent que faire des évènements accueillant plusieurs centaines de personnes n’est pas autorisé. «Encore récemment, j’ai eu une annulation pour une fête de Noël de 350 personnes, car l’entreprise pensait que l’on ne pouvait pas faire d’évènements de plus de dix personnes, comme dans la sphère privée», explique la gérante, qui peste contre un manque de communication du gouvernement à ce niveau.
«L’accent a été mis sur les particuliers et les fêtes privées, mais en aucun cas le gouvernement n’a émis des restrictions concernant le nombre de participants à un évènement professionnel, martèle Valérie Ghanimé, qui s’irrite contre l’État : d’ailleurs, il est très difficile de trouver un texte du gouvernement montrant noir sur blanc que nous pouvons organiser des évènements avec plus de 10 personnes. C’est la première barrière de nos clients, ce manque d’information. Pourtant, on le voit bien avec Luxexpo qui accueille un grand nombre de visiteurs dans les évènements qu’il est autorisé à organiser.»
Des entreprises très prudentes
Les professionnels du secteur ont réussi à trouver des parades, comme l’explique Pauline Martin, de la société Mevengreen : «Le 11 septembre, nous avons organisé un gala d’entreprise au sein du Domaine thermal de Mondorf. Nous avons respecté les conditions sanitaires tout en livrant une prestation, avec nos prestataires de services, haut de gamme. Ce n’est pas parce que c’est la crise sanitaire que nous devons faire des évènements au rabais. Pour cela, nous avons multiplié le nombre d’espaces où les invités pouvaient s’asseoir et proposé des masques sur mesure, ou encore multiplié la vaisselle pour que chaque apéritif puisse être servi individuellement à l’assiette, entre autres. Au niveau de l’animation, nous avons placé les danseuses dans des bulles individuelles.»
Si les solutions existent, les entreprises restent très prudentes. «Nous recevons des demandes d’offre, mais les clients restent frileux. Ils ne veulent pas prendre le risque de faire un évènement et de devenir un cluster», souligne encore Pauline Martin.
Même discours chez Valérie Ghanimé. «Les entreprises se regardent et elles attendent de voir si le voisin se lance pour organiser sa fête du personnel ou sa fête de fin d’année. Mais pour le moment, c’est le calme plat», assure la jeune dirigeante, qui n’est pas sans idées. «Avec mon équipe, nous avons créé des évènements hybrides combinant le physique et le virtuel. Nous avons aussi mis en place des team buildings interactifs qui connaissent un bon succès», souligne Valérie Ghanimé, qui veut mettre l’accent sur la nécessité des employés de se retrouver, de recréer au sein de l’entreprise un lien social contrarié par une longue période de télétravail.
Jeremy Zabatta