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Le CETA validé par le LSAP, la rupture est entamée


«Le CETA n'a pas vocation à tirer les normes européennes vers le bas», a martelé Jean Asselborn. (Photos Alain Rischard)

Le Parti socialiste a voté à une très large majorité, mardi soir à 22h, en faveur du CETA, alors qu’une trentaine d’opposants ont essayé de persuader les membres du parti de la toxicité de cet accord. En vain.

Tom Krieps était furax en passant devant la banderole déployée par Greenpeace à l’entrée du centre Barblé à Strassen où les socialistes tenaient leur congrès extraordinaire consacré au CETA et au TTIP. On pouvait y lire «Robert Krieps aurait dit non à TTIP et CETA !». Le fils de l’intéressé n’a pas du tout apprécié la référence à celui qui a présidé aux destinées du Parti socialiste luxembourgeois dans les années 80.

L’ambiance ne sera pas celle des jours de fête, la tension était palpable avant même le début du congrès. Car la question des traités de libre-échange divise le LSAP. L’aile antilibérale avait bien l’intention de se faire entendre. Derrière Nico Wennmacher, son porte-drapeau, on trouve les Jeunesses socialistes qui ont déposé leur propre résolution en défendant ardemment leur point de vue qui se résume à rejeter le CETA, puisque c’est bien de l’accord UE-Canada qu’il s’agissait, étant donné que le TTIP n’est plus d’actualité.

La banderole déployée par Greenpeace à l'entrée du centre Barblé à Strassen n'a pas plu.

La banderole déployée par Greenpeace à l’entrée du centre Barblé à Strassen n’a pas plu.

Aucun autre parti n’a encore interrogé ses membres sur ce sujet ni ouvert la discussion. Mais mardi soir, c’est un Jean Asselborn remonté comme un coucou qui arpentait nerveusement les rangées de tables, irrité par les affirmations qu’il entendait de la part des opposants et qu’il qualifiait d’inepties. Le document d’information distribué hier par les instances dirigeantes du parti présentait un accord bilatéral «de loin le plus complet que l’Union européenne ait négocié avec succès».

C'est un Jean Asselborn remonté comme un coucou qui a défendu bec et ongles le traité de libre-échange avec le Canada.

C’est un Jean Asselborn remonté comme un coucou qui a défendu bec et ongles le traité de libre-échange avec le Canada.

Le ministre des Affaires étrangères est ensuite monté sur l’estrade bien décidé à défendre l’accord et à régler des comptes avec certains «camarades» à qui il a déclaré que le CETA n’avait pas vocation à détruire le parti, même si, à l’applaudimètre, on sentait que les membres étaient majoritairement favorables au traité de libre-échange CETA qui, selon eux, dresse suffisamment de garde-fous pour garantir les standards européens.

Les jeunes inquiets

«Il est totalement faux de dire que le CETA c’est le TTIP, mais malheureusement, c’est ancré dans certains esprits», a regretté Jean Asselborn en lançant aux troupes socialistes que le modèle économique luxembourgeois n’était «pas menacé par le CETA». Le ministre des Affaires étrangères a eu beau rappeler que le niveau de protection actuel du droit du travail n’était pas menacé, que le principe de précaution prévaudrait, que le système juridictionnel n’était «pas une justice parallèle», rien n’aura réussi à convaincre les opposants, principalement issus des rangs des Jeunesses socialistes.

«Le CETA n’a pas vocation à tirer les normes européennes vers le bas», a martelé Jean Asselborn. De son côté, le président du LSAP, Claude Haagen, a vanté le système social performant du Canada «qui a inspiré le Luxembourg». Mais après lui, une quinzaine d’interventions ont suivi qui ont décliné toutes les inquiétudes, celles des jeunes générations surtout, qui craignent que cet accord ne serve que les multinationales, car après tout, ce sont des «lobbyistes et de gros industriels qui en sont à l’origine», selon un adversaire du CETA.

Et c’est bien ce que pensent aussi les syndicats, l’OGBL en tête, qui va certainement rompre sa relation historique avec le LSAP après un tel désaveu. «O. K., c’est un bon accord, mais pour les multinationales seulement !», estime Nico Wennmacher. «Il faut penser aux jeunes générations qui ne veulent pas d’un monde régi par Apple, Google et Coca-Cola», surenchérit une jeune socialiste.

Finalement, la résolution du LSAP a été adoptée à une large majorité. Elle dicte les conditions à remplir par le CETA et si elles ne le sont pas, le LSAP se prononcera contre l’accord le moment venu.

Geneviève Montaigu

Sur le même sujet : Syndicats européens et canadiens unis contre le CETA

 

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