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L’après-Covid-19 : réinventer le tourisme


Le Luxembourg regorge de petits villages sympathiques où passer un week-end et d'endroits cachés dans la nature à découvrir, comme le château de Bourscheid. (Photo : Robert Spirinelli)

L’heure est à la relance du tourisme. L’Europe se prépare à des vacances d’été bousculées. Voyagistes et touristes espèrent ne pas vivre une saison en enfer.

Faut-il partir en vacances cet été ? Et si oui, où ? Ce sont des questions que beaucoup de monde se pose à l’approche des grandes vacances. Les spécialistes du tourisme eux-mêmes doutent et peineraient à conseiller les clients. La période est incertaine et les données peuvent changer à tout moment, bien que la tendance actuelle soit à l’ouverture des frontières. De la réponse à cette question dépend la survie de tout un secteur. Le tourisme représente 10 % du PIB luxembourgeois, 30 000 emplois au Grand-Duché et 27 millions en Europe, dont 6,4 millions sont menacés. Lufthansa a annoncé la suppression de 16 % de ses effectifs mondiaux, soit 22 000 personnes.

Même si la réponse à cette question est individuelle, les professionnels du secteur espèrent qu’elle sera positive. Les frontières de l’espace Schengen vont rouvrir le 15 juin, ce qui permettra de voyager à l’étranger et aux touristes de retrouver le chemin du Luxembourg. Sans oublier les efforts effectués par le ministère du Tourisme pour amener les Luxembourgeois à partir quelques jours à la découverte de leur propre pays à pied, à vélo ou en voiture. Ces mesures suffiront-elles à rassurer des touristes apeurés par les conséquences d’une «possible deuxième vague» de Covid-19 ?

Les «vouchers» : une fausse bonne idée

Le ministre du Tourisme, Lex Delles, les députés européens Tilly Metz et Marc Angel ainsi que Fernand Heinisch, le président de l’Union luxembourgeoise des agences de voyages (ULAV), et François Koepp, le secrétaire général de l’Horesca, qui ont participé jeudi midi au webinar du bureau de liaison du Parlement européen au Luxembourg, sont unanimes : le secteur a besoin de soutien et son effondrement pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie mondiale. Au Luxembourg, différents instruments tels que les bons d’hébergement, des labels rassurants ou des fonds de relance existent.

Mais au niveau européen, rien n’est harmonisé, que ce soit du point de vue des mesures sanitaires ou des aides à apporter au secteur. François Koepp et Fernand Heinisch ont notamment déploré la lenteur de réaction de l’appareil européen et un manque de cohérence qui nuirait à certains acteurs, comme les transporteurs. Ils demandent des directives claires plutôt que des recommandations. «Nous devons aussi prendre en compte le désir des consommateurs et, pour cela aussi, nous avons besoin de directives claires de l’Union européenne», a noté Tilly Metz.

Les vacanciers les plus téméraires improviseront le moment venu, les autres ont besoin de garanties claires avant d’entreprendre un voyage. Pour les rassurer, les voyagistes et tours-opérateurs proposent des «vouchers» à leurs clients en cas d’annulation. Une solution qui ne leur coûte rien mais qui peut coûter cher aux voyageurs, en particulier en cas de faillite de leur prestataire. Fernand Heinisch indique que les compagnies d’assurances sont rarement en capacité de les rembourser.

Vers un tourisme plus durable

Les acteurs du webinar ont conclu qu’il fallait à la fois protéger les droits des consommateurs et sauver financièrement la branche. Le Parlement européen aurait émis l’idée d’un fonds de garantie à destination des consommateurs et des entreprises. «Si l’Union européenne n’y parvient pas, il faudrait trouver des solutions au niveau national», estime Fernand Heinisch. «Cette proposition d’un fonds national, qui est prévu par la directive portant sur les forfaits (elle donne le choix entre une assurance ou un fonds), est bonne. La solution européenne reste aussi une alternative réelle», note Lex Delles. «Chacun devra se tenir aux mêmes règles, notamment en matière de bons d’achat.» Mais l’Union européenne est trop lente à réagir, selon François Koepp : «Nous ne pouvons pas attendre, nous avons besoin de décisions. (…) En situation de crise, il faut agir vite. On ne peut attendre que des textes soient votés. Il faut pouvoir faire confiance au secteur.»

Et si cet arrêt dans l’activité du secteur du tourisme était propice à un nouveau départ et à la création de nouveaux modes de tourisme plus durables ? Tilly Metz s’interroge : «Nous sommes dans le contexte d’une urgence climatique qui est elle aussi importante. Le tourisme en est aussi victime. Les soutiens financiers qui seront apportés au secteur devront être conformes à l’idée d’un green deal, d’une transition écologique.» Le Luxembourg regorgerait, selon elle, d’infrastructures durables qui inviteraient à repenser notre manière de prendre des vacances. Le ministre du Tourisme indique miser sur le «slow tourism», un tourisme doux qui met l’accent sur le vélo, la mobilité douce et les balades dans la nature.

Le fait est que le camping ou la découverte des paysages luxembourgeois restent une excellente alternative aux voyages lointains pour cet été. Les voyages forment la jeunesse, même au Luxembourg.

Sophie Kieffer

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