Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
En Europe comme au Luxembourg, le nombre de banquiers gagnant plus d’un million d’euros par an a augmenté de façon significative.
Après la crise financière internationale, les banquiers les plus intrépides, ceux qui avaient pris de nombreux risques sur les marchés afin de toucher des primes et des bonus en fonction de leurs résultats, avaient été montrés du doigt. À tel point que la Commission européenne avait été poussé à entreprendre une réforme de la culture de rémunération dans le secteur bancaire dans toute l’Union. Le but : réduire l’incitation à la prise de risque chez le banquier.
Depuis 2014, les banques européennes ne peuvent plus verser à leurs employés de primes supérieures à 100% de leur rémunération fixe, sauf dérogation. Dans ce cas, le barème peut aller jusqu’à 200%. Au début de cette réforme, de nombreuses banques émirent des réticences en estimant «que le plafonnement des bonus serait négatif pour elles en termes de flexibilité des coûts et de stabilité financière», a rappelé Bernd Rummel, expert à l’EBA, avant d’ajouter : «Nous avons analysé ceci et nous n’avons trouvé qu’une petite hausse des coûts fixes administratifs. Il n’y a pas eu d’impact important.»
Neuf nouveaux super-banquiers
Dans un rapport publié mercredi par l’EBA, on peut même voir que la proportion moyenne de la part variable par rapport au salaire fixe a chuté, passant de 104,3% en 2013 à 65,5% en 2014, chez les banquiers dont la fonction implique qu’ils ont un impact potentiel sur les profils de risque des institutions, une catégorie de banquiers chiffrée à un peu moins de 63 000 responsables en 2014 sur un total de 2,8 millions d’employés du secteur bancaire sur le Vieux Continent.
Cette réforme a fait chuter la proportion moyenne de la part variable des super-banquiers en Europe. Les 3 865 super-banquiers que compte l’Europe, soit une hausse d’un peu plus de 21% par rapport à 2013, ont vu leur bonus passer de 317% à 127% d’une année à l’autre.
Au Luxembourg, le nombre de banquiers touchant plus d’un million d’euros par an a, comme en Europe, augmenté. En 2014, la place bancaire comptait 27 super-banquiers millionnaires en euros contre 16 un an auparavant. Sur ces 27 super-banquiers, 22 occupent des fonctions de management. Les cinq restants occupent des fonctions en banque d’investissement et en gestion d’actifs. La moyenne de la proportion de la part variable par rapport au salaire fixe est de 200% pour les super-banquiers luxembourgeois.
Toujours selon les chiffres de l’EBA, un super-banquier de la place luxembourgeoise occupant des fonctions au sein de la direction a vu sa proportion de la part variable par rapport au salaire fixe culminer à 2 193%.
Jeremy Zabatta/AFP
Huitième d’Europe
La place financière luxembourgeoise se classe à la huitième position (ex æquo avec la Suède) dans le classement des pays en Europe où résident le plus grand nombre de super-banquiers.
Avec 27 banquiers gagnant plus d’un million d’euros par an, le Grand-Duché est très loin derrière le Royaume-Uni, premier du classement, avec 2 926 de ces professionnels grassement payés. Le Luxembourg est devancé, entre autres, par le Danemark (37 super-banquiers) et la Norvège (24). À noter que la Grèce et la Croatie n’en comptent qu’un.
L’Allemagne se classe à la deuxième position (242), alors que la France complète le podium avec 171 super-banquiers. Le voisin belge, lui, ne compte que 13 représentants de ce club de millionnaires.
