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Jorge Costa : « La dette du Portugal est insoutenable, il faut la renégocier »


(Illustration : AFP)

La dette publique du Portugal, la troisième plus élevée de la zone euro derrière la Grèce et l’Italie, soit 133% du PIB, est «insoutenable» et «doit être renégociée», réclame Jorge Costa, député du Bloc de gauche et l’un des chefs des négociations avec les socialistes au pouvoir.

Contre toute attente, votre alliance avec le gouvernement socialiste semble s’installer dans la durée. Quel est le principal point de divergence qui persiste?

C’est la renégociation de la dette. Quels que soient les sacrifices et les efforts économiques, le pays est loin de pouvoir supporter le service d’une dette insoutenable. Rien que les intérêts à payer, c’est plus de huit milliards d’euros par an. Le Portugal ne peut pas payer sa dette. Il faut la renégocier, avec ou sans l’accord des institutions européennes. Sinon, il n’y a aucune chance de mettre en place une politique d’investissement pour l’emploi.

Le gouvernement reconnaît que c’est une condition indispensable pour relancer l’économie. Il estime cependant que cette renégociation ne peut pas être une décision unilatérale mais doit être menée avec les institutions européennes. En l’absence d’accord avec Bruxelles, le Portugal doit restructurer sa dette en expliquant aux créanciers que leurs obligations ont de nouvelles conditions. C’est ce que ferait le Bloc de gauche s’il était au pouvoir.

Le Bloc de gauche est-il favorable à une sortie de l’euro du Portugal ?

En Grèce, le gouvernement a cherché à rompre avec l’austérité et promis de renégocier la dette, mais il n’a pas réussi à obtenir des résultats, bien au contraire. Le Portugal doit apprendre de l’expérience grecque.

Si le problème de la dette ne peut pas être réglé dans le cadre européen, la sortie de l’euro doit être mise sur la table. Le pays doit être prêt à effectuer une restructuration unilatérale, qui entraînerait un affrontement avec l’Europe, une confrontation pouvant conduire, ou non, à la sortie de l’euro.

L’alliance de la gauche a-t-elle tenu sa promesse de tourner la page de l’austérité ?

La société portugaise a assisté à une inversion très claire du cycle d’appauvrissement dans lequel le pays était plongé pendant quatre ans. Le Portugal va incontestablement mieux. La majorité des Portugais ont bénéficié d’une amélioration de leurs revenus, certes de façon modeste.

Il n’y a pas plus d’impôts, il y a des impôts différents. Et ceux qui les paient ne sont pas les mêmes. D’un côté, il y a une amélioration des revenus du travail, et de l’autre, une charge fiscale accrue sur le capital, notamment l’impôt sur le patrimoine immobilier. La page de l’austérité est tournée. Mais le pays reste sous la pression très forte des institutions européennes et les restrictions budgétaires demeurent.

Le Quotidien/afp

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