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Guerre commerciale : l’économie mondiale en péril ?


Donald Trump arrive à l'aéroport international de Palm Beach, vendredi. Washington ne veut pas «ouvrir le dialogue» avec Pékin, mais instaurer «un rapport de force». (Photo: AFP)

La rhétorique continuait de s’enflammer vendredi entre partenaires commerciaux. Washington veut taxer lourdement les importations chinoises. Pékin menace de répliquer et les Européens haussent le ton. Les capitales fourbissent leurs armes.

Les Etats-Unis ont annoncé vendredi des taxes à venir à hauteur de 60 milliards de dollars d’importations chinoises. L’Union européenne a pour sa part réservé un accueil mitigée à la décision de Washington de l’exempter jusqu’au 1er mai des taxes sur l’acier et l’aluminium.

Au sujet de l’affrontement entre Washington et Pékin, le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer a annoncé vendredi avoir déposé une « demande de consultation » avec la Chine devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour évoquer « certaines mesures chinoises relatives à la protection des droits de propriété intellectuelle ».

Washington reproche depuis longtemps à Pékin de tirer profit du système de coentreprises imposé aux firmes étrangères qui s’implantent en Chine pour piller les innovations technologiques américaines. Donald Trump avait d’ailleurs fustigé « le vol de propriété intellectuelle américaine par les Chinois » en brandissant jeudi la menace de sanctions sur les importations chinoises pouvant atteindre 60 milliards de dollars. L’administration américaine a désormais 15 jours pour publier la liste de produits qui seront frappés.

Après l’acier, la guerre du porc ?

La Chine a répliqué en dévoilant une liste de 128 produits, ou lignes tarifaires, sur lesquelles elle appliquera des droits de douane de 15% à 25%, en cas d’échec des négociations entre les deux pays. Pékin a notamment cité le porc et les fruits américains.

Le secrétaire-général de l’OMC, Roberto Azevedo, a averti vendredi ses Etats membres que l’imposition de nouvelles barrières douanières était une menace pour l’économie mondiale. « La déstabilisation des flux commerciaux mettra en péril l’économie mondiale à un moment où la reprise économique, bien que fragile, est de plus en plus évidente dans le monde entier », a affirmé Roberto Azevedo, dans une déclaration écrite. Il n’a toutefois cité aucun pays. « Je lance un nouvel appel à la retenue et à un dialogue urgent comme étant la meilleure voie à suivre pour résoudre ces problèmes », a ajouté le Brésilien.

Un haut responsable américain a prévenu que Washington ne voulait pas « ouvrir un dialogue » mais bien instaurer un rapport de force en « donnant à la Chine une certaine motivation pour ouvrir davantage ses marchés » aux produits américains alors que les Etats-Unis font face à un colossal déficit commercial avec Pékin (375,2 milliards de dollars en 2017).

Trump ne satisfait pas les Européens

L’ambassadeur chinois aux Etats-Unis a lui laissé entendre vendredi que son pays n’excluait pas de réduire ses achats de bons du Trésor américains, agitant une vieille épée de Damoclès alors que Pékin détient environ 20% du total des bons du trésor américains qui sont aux mains d’institutions étrangères.

Au-delà du duel entre Washington et Pékin, l’Union européenne a fait savoir qu’elle « se réserve » toujours le droit de répliquer à d’éventuelles taxes américaines sur l’acier et l’aluminium si elle n’en est pas exemptée de manière « permanente », ont averti vendredi dans une déclaration conjointe les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles. Ils réagissaient à la décision de Donald Trump de suspendre jusqu’au 1er mai des taxes imposées par les Etats-Unis sur les importations d’acier et d’aluminium de plusieurs de leurs partenaires importants comme l’Union européenne, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, le Mexique et la Corée du Sud. Il avait annoncé ces taxes, de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium, le 8 mars.

Le président français Emmanuel Macron, qui doit se rendre à Washington fin avril, a estimé que « l’exemption très temporaire » des taxes américaines sur l’acier et l’aluminium accordée par Donald Trump n’est « pas apparue satisfaisante » aux Européens.

Les Bourses à la baisse

Sur un troisième front, Donald Trump a annoncé vendredi que Washington et Séoul étaient « très proches » d’un accord dans le cadre du traité commercial les unissant (Korus), assurant que Washington allait « avoir un accord formidable avec un allié formidable ». L’administration Trump avait lancé en juillet des discussions pour renégocier ce traité, arguant que l’accord, qui date de 2012, était déséquilibré, le déficit commercial américain avec Séoul étant monté en flèche.

Donald Trump a attribué ces progrès dans les négociations avec Séoul à ses tactiques protectionnistes. « Nous avons beaucoup d’accords commerciaux et beaucoup de pays négocient maintenant des accords équitables avec nous », a-t-il affirmé. « Cela est dû en partie, franchement, au fait que nous avons les tarifs sur l’acier et l’aluminium ».

Outre l’accord Korus, Washington renégocie également l’accord nord-américain de libre-échange (Aléna) signé avec le Canada, son premier partenaire commercial, et le Mexique. Ces prémices de guerre commerciale continuaient de peser sur les marchés financiers. Les Bourses chinoises ont subi vendredi des pertes allant de 2,45% à 4,49%, Tokyo a chuté de 4,51%, Francfort a reculé de 1,77%, Paris de 1,39% et Londres de 0,44%.

Le Quotidien/AFP

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