Les autorités allemandes ont indiqué mercredi enquêter sur près de 2.000 sociétés fantômes enregistrées à Malte, parfois liées à de grands groupes allemands et suspectées de fraude, après avoir reçu des informations anonymes en ce sens.
« Il y a (dans cette liste) des succursales de grandes entreprises allemandes », a déclaré à Berlin le ministre des Finances de l’Etat régional de Rhénanie du Nord-Westphalie, Norbert Walter-Borjans. Cette région est depuis plusieurs années à la pointe dans le pays de la lutte contre la fraude fiscale des Allemands plaçant leur argent à l’étranger pour échapper à l’impôt, en Suisse, au Lichstenstein ou ailleurs.
Selon le ministre, il y a « de fortes suspicions » que ces entreprises maltaises liées à des sociétés allemandes relèvent de l’évasion fiscale, notamment à travers l’utilisation de sociétés dites « boîte aux lettres », des entreprises fictives destinées à dissimuler des transactions financières.
L’Etat régional de Rhénanie du Nord-Westphalie a reçu fin avril, grâce à un informateur anonyme, un CD de données comprenant une liste de 70.000 entreprises enregistrées à Malte, un Etat européen souvent accusé d’être un paradis fiscal. Sur ces 70.000 sociétés entre 1.700 et 2.000 sont liées à des entreprises allemandes, a estimé le ministre régional.
Depuis 2006, les autorités de plusieurs régions allemandes, dont la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ont acquis, de sources anonymes, des CD et des clés USB contenant des informations de personnes soupçonnées de fraude. En 2010, le fisc allemand avait récupéré 1,6 milliard d’euros auprès de fraudeurs grâce à l’achat de ces données volées.
Cette méthode a soulevé la polémique en Allemagne et envenime les relations entre Berne et la Suisse, particulièrement dans le viseur du fisc allemand. L’Allemagne soupçonne actuellement la Suisse d’avoir essayé de contrer sa stratégie anti-évasion fiscale en espionnant ses enquêteurs.
Début mai, la justice allemande a arrêté à Francfort un ressortissant suisse de 54 ans, suspecté d’avoir cherché ou réussi à infiltrer l’administration fiscale de Rhénanie du Nord-Westphalie en y recrutant une « taupe ».
Le Quotidien / AFP