Accueil | Economie | Fermeture de 11 agences Spuerkeess : une décision qui passe mal

Fermeture de 11 agences Spuerkeess : une décision qui passe mal


Avec l'essor du digital et la baisse de fréquentation des guichets, la BCEE a décidé de fermer 11 agences en mars. Une décision vivement critiquée par les communes et l'ULC (Photo François Aussems)

Après l’annonce de la fermeture de 11 agences BCEE, les communes, l’ULC et certains partis politiques s’interrogent sur les raisons d’une telle décision ainsi que sur la manière.

L’annonce a du mal à passer du côté de l’Union luxembourgeoise des consommateurs (ULC) et des communes qui ne mâchent pas leurs mots pour commenter la décision de la Banque et Caisse d’épargne de l’État (BCEE) de fermer pas moins de 11 agences sur 65.

Pour rappel, la BCEE a annoncé en milieu de semaine la fermeture de onze agences dans le pays du fait d’une diminution de fréquentation aux guichets pour les opérations bancaires basiques et de l’augmentation de l’utilisation des outils digitaux par ses clients.

«Nous avons vu dans certaines agences une baisse de la fréquentation pouvant atteindre 60 à 65 %», a expliqué la direction de la banque. Pour pallier les fermetures, la banque a annoncé mettre en place des outils en ligne et une plateforme téléphonique afin d’aider et accompagner ses clients.

Mais l’ULC déplore cette stratégie pour une banque dont l’actionnaire est l’État. «Cela va avoir des conséquences considérables, en particulier pour les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite. Encore une fois, c’est toute une partie de la clientèle que l’on met de côté. Il faut rappeler que la BCEE est une banque traditionnelle. Et même si la fréquentation de certaines banques a diminué de 60 %, il reste 40 % de la clientèle qui a besoin d’une agence», enrage l’ULC.

Cette dernière ajoute que «c’est le chat qui se mord la queue. On met en place des aides par téléphone et en ligne pour des personnes, souvent les clients les plus âgés et les personnes handicapées, qui dépendent d’un soutien efficace du personnel du guichet et ne peuvent rien faire avec cette assistance numérique.»

Des communes sans voix

L’ULC va même plus loin en demandant au gouvernement et à son nouveau ministre de l’Économie de «faire annuler cette action scandaleuse de la BCEE qui devient le précurseur d’une politique de fermeture radicale et antisociale sans égard aux besoins de ses clients».

Le constat est également amer dans les communes concernées par la fermeture d’une agence BCEE. Sur les réseaux sociaux, Tom Jungen et Henri Haine, respectivement bourgmestres de Réiserbann et de Rumelange, ont exprimé leur mécontentement tout en s’interrogeant sur l’intérêt d’une telle décision pour les clients, notamment pour les plus fragiles et âgés. Le bourgmestre de Rumelange a rappelé que l’agence Spuerkeess était présente depuis 1881, soit 139 ans.

Même constat pour Natalie Silva, la bourgmestre de la commune de Larochette. L’élue n’a pas hésité à envoyer une lettre au ministre des Finances, Pierre Gramegna, pour lui faire part de son étonnement face à cette décision. La bourgmestre y exprime sa «consternation et sa désapprobation» face à la décision de fermer une agence BCEE présente dans la commune depuis 1862.

«Nous l’avons appris dans la presse. Il faudra maintenant 10 à 15 minutes en voiture pour se rendre dans l’agence la plus proche. Cette fermeture nous laisse encore plus perplexes au regard du fait que la BCEE est un établissement public placé sous la haute surveillance du ministre des Finances», explique la bourgmestre.

Mais au-delà de la décision, c’est la manière qui étonne. «Le fait que la commune n’ait pas été consultée et même pas informée à l’avance nous laisse sans voix!», peste la bourgmestre.
De son côté, la BCEE a souligné mardi étudier la possibilité d’élargir son service «d’agence mobile» pour desservir les communes les plus isolées. Mais là encore, la bourgmestre souffle : «Si au moins la Spuerkeess était venue nous voir avant pour discuter des solutions existantes… Mais ce n’est pas le cas. Pour l’agence mobile, je n’ai que très peu d’informations sur son existence.»

Le ministre botte en touche

D’un point de vue politique, plusieurs députés LSAP et CSV ont adressé des questions parlementaires urgentes sur le sujet au ministre Pierre Gramegna. Les députés s’interrogent sur les raisons de cette décision alors que l’État en est le principal actionnaire.

Dans un communiqué, le parti déi Lénk n’a pas manqué de s’étonner de «ces fermetures qui privent de nombreuses personnes d’un service de proximité essentiel. En effet, rien ne justifie une telle décision de la direction de la BCEE, surtout lorsque la banque est en pleine forme financière. L’extension urbaine, la croissance de la population, les impératifs écologiques réclament davantage de services de proximité, plutôt que leur liquidation.»

Joint par nos soins, le ministère des Finances a souligné que «la BCEE est une banque opérant dans un contexte concurrentiel et un établissement public autonome et le ministre des Finances n’intervient pas dans son fonctionnement quotidien et ses décisions commerciales. La BCEE garde de loin le réseau des agences le plus large des banques au Luxembourg – au moins une agence Spuerkeess est joignable de n’importe quel village sur le territoire luxembourgeois en maximum 15 minutes en voiture –, complété par l’offre Spuerkeess Direct, ainsi que l’agence mobile. Les 11 fusions d’agences s’inscrivent dans le cadre d’un plan commercial cohérent, qui prend en compte les changements démographiques ainsi que les nouvelles habitudes des clients, au regard notamment de l’offre digitale.»

Jeremy Zabatta

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.