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Entreprises : les postes de direction sont très peu féminisés


Le désir d'équilibrer vie privée et vie professionnelle est plus fort chez les femmes que chez hommes. (photo Editpress)

De plus en plus d’entreprises n’hésitent pas à confier des postes à responsabilité aux femmes. Pourtant, le chemin semble encore long avant d’accéder à l’équité.

L’entreprise, au sens global du terme, a évolué avec son temps, en intégrant et acceptant des femmes au sein des directions d’entreprises et des conseils d’administration. Cependant, les hommes restent majoritaires.

Mardi, la femme a été mise à l’honneur avec la journée internationale des Droits des femmes, une journée qui, faut-il le rappeler, doit faire comprendre que la femme a sa place dans notre société et ce tout au long de l’année. Mais concrètement et pour aller un peu plus loin qu’une simple journée, est-ce que la gent féminine a accès aux plus hauts postes des entreprises au Luxembourg? Difficile d’y répondre avec exactitude tant le sujet est complexe et tant le parcours individuel dans le monde de l’entreprise est différent pour chacun et ne se résume pas au simple fait d’être une femme ou un homme.

Le ministère de l’Égalité des chances souhaite que les femmes soient plus présentes au cœur de la société, que ce soit en politique ou au sein des entreprises.

La discrimination positive n’est pas bonne

Au Luxembourg, les conseils d’administration (public) comptent autour de 20  % de femmes alors que le gouvernement souhaite voir en 2018 un taux de 40  % de femmes au sein de ces mêmes conseils d’administration. Dans le privé, la femme semble devoir affronter un parcours plus difficile pour se faire une place en haut de l’échelle.

« Parler de chiffres est toujours dangereux et complexe, d’autant plus que les secteurs d’activité des entreprises sont différents. Les analyses de l’institut Great Place to Work, ont montré que la part des femmes « directeur » dans les entreprises a augmenté de 5  % en trois ans depuis 2014», explique Juliette Minard, directrice générale de l’institut Great Place to Work au Luxembourg, une société qui décerne un label aux entreprises où il fait bon travailler, au Luxembourg, sur la base d’enquêtes menées auprès des salariés. L’institut vient d’ailleurs de publier le palmarès luxembourgeois de ces entreprises.

Juliette Minard souligne également que si les entreprises ont de plus en plus tendance à définir des objectifs en termes de féminisation de leurs effectifs et de leurs directions, il ne faut pas pour autant tomber dans le piège de la discrimination positive : « Elle peut avoir des effets néfastes sur la motivation de certains collaborateurs masculins, rompre la confiance avec le management et conduire à la perte globale d’efficacité pour une entreprise ».

Avant d’ajouter  : « Néanmoins, le fait de vouloir féminiser une direction en se fixant des objectifs à atteindre est très positif, mais cela doit passer par les valeurs et la culture de l’entreprise. Les différents processus de l’entreprise doivent supporter cette vision : processus de recrutement transparent, valorisation du management respectueux de la diversité, politique de développement de l’ensemble des collaborateurs, mesures de respect de l’équilibre vie privée/vie professionnelle… »

Au-delà des bienfaits de la diversité, l’apport des femmes dans une direction est indéniable de par leur motivation, comme le note encore Juliette Minard : « Il a été prouvé que la mixité des équipes dirigeantes d’une entreprise est un réel facteur de croissance. Ces entreprises sont plus performantes, plus innovantes et répondent mieux aux demandes des clients. Cette mixité apporte par ailleurs une plus grande flexibilité dans l’organisation. Les femmes ont en effet d’autres motivations intrinsèques que les hommes, qui peuvent eux avoir tendance à s’accomplir dans le travail si l’on reste dans l’image masculine des stéréotypes. Qu’elles aient des enfants ou non, les femmes montrent un intérêt plus prononcé à concilier les différentes facettes de leur quotidien. Elles ont par conséquent des qualités complémentaires à celles des hommes, comme l a précision et l’organisation .»

Une femme ayant réussi à faire sa place dans un secteur traditionnellement très masculin, Danièle Fonck. Chef d’entreprise, directrice du groupe Editpress et rédactrice en chef du Tageblatt, ce petit bout de femme a réussi l’exploit de devenir la première femme à occuper ces différents postes dans les médias luxembourgeois.

« Pourtant, au début de ma carrière de journaliste au Tageblatt , je ne correspondais pas aux normes. Je n’étais pas d’Esch-sur-Alzette, je voulais écrire en français et sur des sujets politiques. Je n’ai jamais eu pour habitude de contempler la vie et je suis allée au bout de ma vocation, avec beaucoup de volonté et de courage mais aussi grâce au soutien de mes proches qui m’ont aidée à ne jamais renoncer. Il faut aussi dire que j’ai eu la chance d’avoir un jeune rédacteur en chef qui a toujours considéré que les femmes avaient une place à part entière dans une rédaction », témoigne Danièle Fonck avant d’adresser un conseil aux femmes qui hésitent à saisir leur chance : « Ce n’est pas facile tous les jours, mais une femme qui a une vocation, arrivera toujours à ses fins, avec de la volonté. »

Jeremy Zabatta

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