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En pleine débâcle, Nissan supprime 12 500 emplois


Les profits de Nissan pour le premier trimestre sont tombés au plus bas depuis la crise de 2008-2009. (Photo AFP)

Le constructeur automobile japonais Nissan, confronté à une dégringolade de ses profits, a annoncé jeudi la suppression de 12 500 emplois dans le cadre d’une profonde restructuration de son activité de production après le limogeage de son ex-sauveur Carlos Ghosn.

Le groupe a déjà commencé à mettre en oeuvre ses douloureuses mesures dans huit différents sites, comme en Espagne et en Indonésie, portant sur 6 400 salariés au cours des mois passés, a déclaré son patron Hiroto Saikawa lors d’une conférence de presse au siège du groupe à Yokohama (banlieue de Tokyo).

Il va les poursuivre en six autres endroits d’ici à 2022/23, en fermant des usines ou des lignes afin de parvenir à une baisse de la production de 10% au total. « Les lignes non rentables, et surtout à l’étranger, vont être touchées », a précisé le responsable, sans vouloir dire exactement où.

Des bénéfices au plus bas depuis la crise de 2008-2009

La région latino-américaine est notamment dans le viseur, selon les médias japonais. Nissan a fait cette annonce alors que ses bénéfices ont fondu au premier trimestre de l’exercice 2019/20, tombant au plus bas depuis la crise mondiale de 2008-2009. « Nous reconnaissons que les résultats sont très médiocres », a affirmé Hiroto Saikawa. Sur la période d’avril à juin, le partenaire du français Renault a vu son bénéfice net fondre de près de 95% à 6,4 milliards de yens (52 millions d’euros au cours retenu par le groupe), tandis que son chiffre d’affaires reculait de 12,7% à 2 372,4 milliards de yens sur la période, dans un contexte de ralentissement aux Etats-Unis et en Europe.

Le profit d’exploitation est lui proche de zéro, chutant de 98,5% à 1,6 milliard de yens. « Nous devons admettre que ces chiffres sont en deçà de nos estimations, mais nous pensons que nous pouvons nous redresser » au cours des prochains trimestres, a souligné le patron de Nissan. « Nos actions portent leurs fruits », en particulier aux Etats-Unis, a-t-il estimé. Le constructeur n’a donc pas changé ses prévisions annuelles, visant toujours un bénéfice net de 170 milliards de yens (-46,7%) et un chiffre d’affaires de 11.300 milliards de yens (-2,4%). Nissan invoque l’essoufflement du marché automobile mondial mais il fait aussi les frais de son revirement stratégique, dans la foulée de l’arrestation de Carlos Ghosn pour malversations financières présumées.

Blâmant la course aux volumes menées par l’ancien magnat de l’automobile qui a hissé l’alliance Renault-Nissan au premier rang mondial (hors poids lourds), le constructeur a décidé de « normaliser ses ventes » en réduisant les mesures incitatives et campagnes de promotion. Au premier trimestre, le pionnier de la technologie électrique avec sa citadine Leaf et le fabricant des crossovers Rogue, Qashqai et X-Trail a donc moins vendu de véhicules qu’un an plus tôt (-6% à 1,23 million), avec un recul aux Etats-Unis (-3,7%), en Europe (-16,3%) mais aussi au Japon (-2,6%).

« Des mesures nécessaires pour éviter que la situation ne se détériore davantage »

Les profits ont aussi été affectés par « des facteurs extérieurs tels que les coûts des matières premières, les fluctuations de taux de change » et de lourds investissements dans le domaine technologique ainsi que pour répondre au durcissement des réglementations environnementales, explique Nissan. « Ces suppressions d’emplois sont des mesures nécessaires pour restructurer la compagnie et éviter que la situation ne se détériore davantage », a froidement commenté Satoru Takada, analyste au sein du cabinet d’études tokyoïte TIW. « La question est de savoir si Nissan a touché le fond et va pouvoir renaître rapidement », mais « les perspectives sont vagues et les obstacles nombreux », estime l’expert, évoquant sa relation chaotique avec Renault.

Les deux partenaires, désormais privés de celui qui faisait le ciment de l’alliance, Carlos Ghosn, se sont déchirés ces derniers mois autour de l’avenir de leur union née en 1999: Renault, qui détient 43% de Nissan, souhaite une intégration plus poussée tandis que le constructeur japonais veut à tout prix préserver son indépendance. Le groupe nippon a d’ores et déjà prévenu jeudi: « une amélioration significative de ses performances va prendre du temps ».

LQ/AFP

Un commentaire

  1. Le limogeage controversé de Carlos Gohsn ne leur a pas réussi.

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