Un flou juridique avait permis à des boutiques de CBD de prospérer au Luxembourg. Une taxe de 50% va être prélevée sur le prix de vente de cette fleur de cannabis industrielle en vogue et pourrait avoir des effets dévastateurs sur son commerce.
«Jusqu’à présent, le CBD était vendu sous la dénomination de thé ou de cannabis industriel. A partir du 1er décembre, le CBD va être taxé comme le tabac à 50,18%, soit 33% de taxe et 17% de TVA», indique Christophe Tamai, patron de la Cannathèque, un des premiers points de vente de CBD au Luxembourg, et membre du Hanf Verband.
Une décision lourde de conséquences pour l’avenir du commerce de ce produit, comme l’explique le jeune homme : «Cela aura pour conséquence l’arrivée des grands groupes de vente de CBD et des lobbies au Luxembourg. Ils peuvent se permettre de faire de toutes petites marges au gramme. Ils ont beaucoup plus de pouvoir d’achat. Certains sont déjà distribués dans les stations-services ou les librairies. Les petits commerces comme nous ne peuvent se permettre de telles marges. Nous n’achetons pas les mêmes quantités qu’eux aux producteurs. La concurrence va être très rude. Il sera difficile de survivre à cette taxation.»
Prévenus «au dernier moment»
Cette taxe vient presque du jour au lendemain bousculer un commerce qui commençait à prospérer. Les vendeurs n’apprécient pas que le CBD soit taxé autant «qu’un produit qui tue». S’ils ne remettent pas en cause le bien-fondé de la taxe, ils apprécient encore moins d’avoir été prévenus «au dernier moment» de cette mesure ainsi que des nouvelles procédures qui en découlent. Elles viennent combler le vide juridique qui avait permis aux CBD-shops de s’installer. Les vendeurs auraient aimé qu’une «phase test soit mise en place pour voir comment le marché se comportait».
Pour en exploiter un tel magasin, il faudra désormais un entrepôt, une garantie bancaire ou la vignette 108 concernant la déclaration de profession. «Les garanties bancaires à verser chaque mois sont de 50 000 à 60 000 euros en fonction de la marchandise achetée. Je ne sais pas combien je vais vendre et ce que cela va me rapporter après le 1er décembre», s’inquiète Christophe Tamai, «Le délai d’application de la loi est trop court. Que va-t-il arriver à nos stocks ? J’ai acheté des fleurs à un prix élevé. Si j’avais eu connaissance de la taxe plus tôt, je n’aurais pas acheté de la résine de cannabis à 65% de CBD pour 29,25 euros le gramme. Calculez le prix auquel je vais devoir le revendre à mes clients pour me faire une marge. On ne nous a pas laissé la chance d’écouler nos stocks.»
Du coup, les magasins de CBD font des promotions pour écouler leur marchandise. Selon le patron de la Cannathèque, les magasins qui ne seront pas prêts dans deux mois, devront revendre leurs stocks à un entrepôt agréé par l’état pour les racheter au nouveau prix comprennent les taxes et une marge.
«La qualité risque de baisser»
Véritable passionné, Christophe Tamai teste le cannabis – avec ou sans THC – comme d’autres le bon vin. «Certaines fleurs coûtent 1 500 euros le kilogramme, mais on en trouve pour 6 000 euros. Cela dépend des méthodes de production et de ses gènes…» Il refuse de brader ses fleurs autant que de vendre à perte. Ses clients ne regarderaient pas au prix pour fumer des fleurs aussi savoureuses qu’efficaces, dit-il, «contrairement aux jeunes qui préfèrent avoir mal à la tête après avoir consommé du CBD bon marché». Les fleurs de mauvaises qualité seraient vaporisées avec des terpènes synthétiques (NDLR : les terpènes son des hydrocarbures produits par les plantes qui ont des propriétés odoriférantes) pour les faire paraitre de meilleure qualité et les vendre plus cher.
Les migraines risquent de se propager dans la population de consommateurs de CBD au rythme de la fonte des marges et de l’installation des grands groupes. «Pour le moment, les grands attendaient une vraie règlementation pour investir au Luxembourg. J’ai déjà reçu des propositions de groupes français et belges pour reprendre mon magasin», raconte Christophe Tamai qui redoute que la concurrence des grands groupes et les taxes n’entraînent des économies sur la qualité. «Nous ne pourrons plus vendre 10 euros, une fleur achetée 5 ou 6 euros le gramme comme c’est le cas maintenant. Nous devons trouver des alternatives en ne prenant que deux produits de super qualité et maintenir la tête hors de l’eau grâce aux clients fidèles».
La Suisse aurait connu le même phénomène. Au Luxembourg, ces grands groupes que le patron de la Cannathèque refuse de citer ont déjà commencé à attaquer le marché en se positionnant aux caisses des librairies et des stations-services avec leurs pochettes de CBD attrayantes qui masquent une piètre qualité de produit et leurs bonbons au cannabis industriel. Une situation qui désole d’autant plus le jeune homme qu’il se «donne du mal pour satisfaire mes clients. Je les écoute et les conseille, ce qui n’est pas le cas du libraire ou du caissier de station-service».
Christophe Tamai et ses confrères auraient «préféré une taxation moins importante pour conserver des marges et limiter la concurrence. Nous sommes dans l’attente de l’avenir. Peut-être que les gens seront prêts à payer plus cher pour de la meilleure qualité, mais je n’y crois pas trop. Si ce n’était pas efficace, l’état ne le taxerait pas autant».
«Ne pas diaboliser ce produit»
De nombreuses vertus sont prêtées au CBD. Certaines sont tirées par les cheveux, d’autres n’ont pas pu être vérifiées par la médecine, d’autres encore sont, d’expérience de consommateurs, avérées. Chacun voit midi à sa porte en la matière. Les clients défilent à la Cannathèque au détour de la rue de Reims à Luxembourg-ville. «Des parents viennent avec leurs enfants. Ils préfèrent qu’ils fument du CBD plutôt que du cannabis. Ils en connaissent la provenance et peuvent contrôler la consommation. Le vrai cannabis est de plus en plus fort et de plus en plus mauvais. Le taux THC est boosté. Cela provoque des crises de tachycardie ou des épisodes de paranoïa», explique Christophe Tamai. Le CBD se présente comme une alternative plus douce. Il permettrait également de décocher de drogues ou de la cigarette.
«Tout le monde n’a pas envie de planer. Mes clients consomment du CBD pour des raisons thérapeutiques, pour calmer le stress, les douleurs», précise le jeune homme, convaincu qu’il ne faut pas diaboliser le CBD et plutôt sensibiliser à son sujet. «Il ne faut pas s’attendre à des miracles. Le CBD ne soigne pas. Il aide à se sentir mieux», conclut le spécialiste, «Un jeune qui en fume ne met sa vie en l’air. Les gens ont l’image du joint de cannabis et de tous les aspects négatifs qui y sont associés. Pourtant, beaucoup plus de gens qu’on le croit ont recours au CBD.»
Sophie Kieffer
Que dit la loi ?
En ce qui concerne le cannabis industriel, dit CBD, la loi fait la différence entre les diverses parties utilisées de la plante. Les graines et les produits dérivés, comme l’huile, sont considérés comme des denrées alimentaires.
Selon le ministère de la Santé, «les feuilles et les fleurs semblent être connues pour leur utilisation en tant qu’infusion». Leur consommation est autorisée «dans les produits à fumer à base de plantes à condition que les produits ne contiennent pas de tabac, même sous forme de traces et que la plante de cannabis contienne moins de 0,3% de THC».
La liste d’ingrédients du produit ainsi qu’un certificat d’analyse du taux de THC doivent être transmis à la direction de la Santé avant la mise sur le marché du produit.
En ce qui concerne les produits commercialisés en tant que cosmétiques, seules les huiles de graines de chanvre issues d’une plante industrielle et donc avec un THC inférieur à 0,3% sont autorisées.
Ils ont testé
Felix*, 41 ans, cadre dans une grande entreprise : «J’ai un travail stressant, un poste à responsabilités et j’ai arrêté de compter les heures supplémentaires. Pour me détendre le soir quand les séances de sport ne suffisaient plus, je buvais un verre d’alcool, puis deux… parfois plus. J’ai pris peur quand j’ai été porter le verre au container de recyclage. Il n’y avait quasiment que des bouteilles de whisky. Je devais trouver un moyen moins nocif de me détendre. On m’a parlé du CBD. Étudiant, il m’était arrivé de fumer du cannabis, mais c’est illégal et le côté planant du produit ne m’intéresse pas. J’ai donc essayé de fumer du CBD. Cela me détend bien, me calme et m’aide à mieux dormir. Je ne me réveille pas le lendemain dans un état vaseux. De là à le conseiller à quelqu’un pour soigner de vraies douleurs, je ne sais pas. Il faut peut-être en fumer plus ou le consommer sous une autre forme que la fleur de cannabis. L’usage que j’en fais me convient et je ne ressens aucune dépendance quand je n’en ai pas. Et puis, je suis en parfaite santé.»
André, 53 ans : «Ce que je pense du CBD ? Que c’est un effet de mode. Il y a des magasins partout qui vendent des fleurs et des huiles qui sentent comme les différentes sortes de cannabis, mais la comparaison s’arrête là. Cela n’a rien à voir ! Ça détend, oui, ça calme un peu la douleur, mais il ne faut pas avoir très mal. J’ai tout le temps mal au genou depuis un accident, je n’ai pas vu de différence. Mon épouse dit que le CBD calme ses douleurs menstruelles. Tant mieux ! Je lui laisse volontiers le reste du sachet. »
Emma, 68 ans, retraitée : «Je souffre d’arthrose dans les lombaires intercostales et de spondylarthrite ankylosante depuis une vingtaine d’années. J’ai mal en permanence. La douleur me coupe parfois le souffle et me réveille la nuit. Rhumatologues, neurologues, kinésithérapeutes, chiropracteurs, acuponcteurs, médecines parallèles… J’ai tout essayé et changé vingt fois de traitements. J’ai toujours aussi mal, voire plus. Ma fille m’a proposé d’essayer de l’huile. Je n’étais plus à un essai près. La première huile que ma fille m’a procurée était trop diluée. La deuxième me faisait somnoler, ça ne m’a pas plu. Quant à la douleur, elle était seulement atténuée pendant une demi-heure, trois quart d’heure. J’ai décidé de reprendre mon traitement médical et je réfléchis à me faire prescrire du cannabis médical. Mon cas est peut-être trop grave pour être traité avec du CBD uniquement. C’est un espoir de plus qui s’envole.»
Cédric, 33 ans, ouvrier : «Quand j’étais minot, j’ai fumé pas mal d’herbe. L’herbe tournait la tête. Aujourd’hui, je suis papa. J’ai des responsabilités. Je n’ai plus besoin d’être défoncé. Je veux être un papa détendu et disponible.»
Livia, 35 ans, secrétaire : «Il y a quelques années, j’ai fait une dépression. Rien n’allait. Mon médecin m’a prescrit des calmants et des antidépresseurs. Je n’ai pas franchement aimé leurs effets, alors j’ai arrêté d’en prendre et je me suis battue. L’année dernière, j’ai découvert le CBD. Il calme mes angoisses sans anesthésier mes pensées. J’ai l’esprit clair. Je ne me sens plus déprimée ou triste. Je vais bien.»
*les prénoms ont été changés
Das ist Völkermord an der CBD. Mit solchen Steuern tötet die luxemburgische Regierung einfach diese vielversprechende Industrie. Überall auf der Welt gibt es einen CBD-Boom, und diese Produkte sind mittlerweile auf dem Höhepunkt ihrer Beliebtheit. Alkohol und Zigaretten sind um ein Vielfaches schädlicher.
Une grosse connerie le cbd ca aucun effet relaxant et ca le gout de foin ! Ca ne remplacera jamais une herbe avec thc les dealers ont encore de beaux jours devant eux
Bonjour Fred, vous faites erreur, étant revendeur et consommateur je peux vous assurer qu’on est loin du gout de foin, votre expérience ne généralise pas l’étendu des choix de plantes proposer aux clients.