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Bière : les Bleus et la chaleur ont dopé le marché français en 2018


La bulle de succès des bières ne semble pas près d'éclater. (illustration AFP)

Toujours plus de bière sur les terrasses et toujours plus de choix dans les rayons : les Bleus et un été caniculaire ont contribué à tirer un marché hexagonal de la bière dynamisé par une offre plus foisonnante que jamais.

L’année passée, la consommation de houblon a poursuivi sa croissance, avec des ventes en progression de 4% par rapport à 2017, selon le brasseur alsacien Kronenbourg. Ce dernier a suivi la même trajectoire, augmentant son chiffre d’affaires de 3,8%, a-t-il annoncé mercredi, lors d’un point presse. Son rival Heineken estime même la progression du marché à 4,2%, et a annoncé pour sa part un chiffre d’affaires de son activité brasserie légèrement au-dessus du milliard d’euros (+3,4%), contre 972 millions pour Kronenbourg.

Comme de coutume, les deux plus gros acteurs de l’Hexagone, propriétés de grands groupes mondiaux (Heineken et Carlsberg), ne communiquent pas le montant de leurs bénéfices. « On est fiers de la performance de la catégorie bière en France. C’est la cinquième année consécutive de croissance », a déclaré Joao Abecasis, PDG de Kronenbourg SAS. « En 2018, la conjonction d’un bel été avec une Coupe du monde où la France a gagné n’a fait qu’aider », selon Pascal Sabrié, président de Heineken France, qui évoque un « alignement des planètes », à peine perturbé par les grèves SNCF. Ces dernières ont occasionné un surcroit de travail chez les équipes des géants du secteur, tant la proportion de bières expédiée par train est importante. 75 à 80% chez Kronenbourg par exemple.

Le nombre de brasseries explose

Mais au-delà de la canicule et de la liesse autour des Bleus, les deux mastodontes du marché, qui représentent à eux deux près de 65% des volumes vendus en grandes surfaces, s’accordent pour dire que le premier facteur de croissance de leur production est la diversité de l’offre, qui ne cesse de s’accélérer depuis quelques années. Premier facteur de cet « embarras du choix », comme s’amuse à le qualifier Joao Abecasis, l’explosion du nombre de brasseries, principalement artisanales : toutes tailles confondues, il y avait en France 245 brasseries il y a cinq ans. Il y en avait 1 600, fin 2018, selon Brasseurs de France.

« Le développement se fait de plus en plus sur les nouveaux goûts et les nouveaux produits », témoigne ainsi Jean-Pierre Rennaud, créateur de la « Bière de Groix », et dont la brasserie artisanale qui utilisera de l’orge produite sur l’île du même nom, est en train de sortir de terre. « Je n’aurais jamais imaginé des bières aromatisées comme on en a aujourd’hui », insiste cet ancien de chez Kronenbourg.

Les grands brasseurs ont pris en marche le train de cette multiplication de l’offre, et proposent outre les traditionnelles bières blondes, de plus en plus de bières de dégustation, aromatisées ou sans alcool, comme autant de relais de croissance. Ainsi, ces bières représentaient chez Kronenbourg une canette sur dix en 2010, deux sur dix en 2015 et désormais trois bières sur dix dans son portefeuille.

Sans alcool, la croissance encore plus folle

Le sans-alcool, notamment, même s’il ne représente encore qu’une petite partie des ventes, connaît une croissance spectaculaire, supérieure à la moyenne du marché, indique Pascal Sabrié. Selon lui, en 2018, « plus d’un quart des Français (27,6%) ont consommé une fois dans l’année » une bière sans alcool. Une proportion encore inimaginable il y a peu et qui a poussé le brasseur néerlandais a investir 6 millions d’euros dans sa brasserie alsacienne de Schiltigheim pour y fabriquer la Heineken 0.0, étendard de son offre sans alcool. Chez Kronenbourg, la Tourtel Twist a vu ses ventes progresser de 30%. Le brasseur d’Obernai estime à 20% la progression globale du marché des bières sans alcool en France.

La France demeure toutefois un petit pays par rapport à la consommation mondiale. Elle n’est ainsi que le 26e buveur de bière d’Europe, avec 32 litres par tête et par an, très loin de son voisin allemand, dont la consommation avoisine les 100 litres. Reste que la bière a représenté en 2018, selon Pascal Sabrié, « la plus belle croissance en valeur des produits vendus en grandes surface », avec +7,9% de chiffre d’affaires.

LQ/AFP

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