Le constructeur chinois Geely, qui se trouve désormais allié à l’allemand Daimler pour produire les voitures Smart, s’est distingué depuis dix ans par ses ambitieuses acquisitions en Europe, à commencer par le rachat du suédois Volvo Cars.
En février 2018, l’annonce avait fait l’effet d’un coup de tonnerre : Geely, principal constructeur chinois à capitaux privés, prenait 9,6% du capital de Daimler, la maison mère de Mercedes-Benz, devenant son premier actionnaire. Signe d’un rapprochement encore plus poussé, Daimler a dévoilé jeudi une alliance avec Geely pour produire ensemble la prochaine génération d’automobiles sous sa marque Smart, produite sur le site de Hambach jusqu’en 2024, via la « mise en place d’une coentreprise à parts égales ».
Sous l’égide de son patron multimilliardaire Li Shufu (10e fortune de Chine selon Bloomberg, avec des actifs estimés à 12,7 milliards de dollars), le groupe accélère en réalité depuis plusieurs années son développement international. Né en 1986, Geely était à l’origine un fabricant d’électroménager à bas coût, avant que son fondateur et président ne le transforme à la fin des années 1990 en groupe automobile, l’un des premiers constructeurs privés du pays.
En route vers le Graal américain
En 2010, alors que Geely et ses véhicules d’entrée de gamme ne représentent que quelques pourcents du marché chinois, le groupe débourse 1,5 milliard de dollars pour racheter Volvo Cars. Avec cette audacieuse opération, le Chinois met la main sur une marque suédoise haut de gamme, réputée pour la sécurité et la robustesse de ses modèles, deux qualités qui constituaient le talon d’Achille des constructeurs du géant asiatique. L’année suivante, Geely annonce 11 milliards de dollars d’investissements dans Volvo pour lancer une nouvelle gamme de voitures. Le rapprochement permet à Volvo de décoller sur le colossal marché chinois et, si les deux marques restent distinctes, Geely en tire avantage pour monter en gamme, gagner en niveau technique, améliorer son image et muscler fortement ses ventes en Chine.
Geely s’est ainsi hissé en 2018 au rang de septième constructeur chinois, avec 1,52 million de véhicules vendus, selon la fédération nationale du secteur. Il contrôle environ 6% du marché chinois des voitures individuelles, en troisième position derrière les marques associant General Motors et Volkswagen à leurs partenaires chinois.
Mieux encore : sous sa marque Lynk & Co, créée en en 2016 en étroite coopération avec Volvo, Geely a annoncé au printemps 2018 vouloir proposer dès 2020 en Europe des petites voitures électriques très sophistiquées, conçues en Chine mais fabriquées… en Belgique. Avec dans le viseur le Graal du marché américain.
Du made in China « dans le monde entier »
Parallèlement, après le rachat en 2013 d’un fabricant britannique de taxis, Geely a effectué en 2017 une rafale d’investissements. Cette même année, il a ainsi repris les emblématiques voitures de sport anglaises Lotus, puis la start-up américaine Terrafugia, conceptrice de futuristes voitures volantes. Il est également devenu le premier actionnaire d’AB Volvo, numéro deux mondial des poids-lourds.
« Je veux que le monde entier entende les battements de tambour de Geely et des voitures made in China », avait affirmé début 2018 le discret Li Shufu à Bloomberg. Selon ce média, Geely avait dépensé 3,9 milliards de dollars pour ses parts dans AB Volvo, et environ 9 milliards de dollars pour celles dans Daimler. Geely a en revanche démenti fin janvier avoir des vues sur l’italo-américain Fiat-Chrysler.
Coté à Hong Kong, le groupe chinois a fait état la semaine dernière d’un bénéfice net de 12,55 milliards de yuans (1,66 milliard d’euros) pour 2018, en hausse de 18% sur un an, pour un chiffre d’affaires de 106,6 milliards de yuans (14,1 milliards d’euros).
LQ/AFP