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Après la rigueur, le Portugal retrouve des couleurs


Un mur d'"azulejos", de la céramique peinte qui symbolise la culture portugaise, photo prise le 5 juin à Lisbonne. (Photo : AFP)

Après quatre ans de rigueur budgétaire, le Portugal, qui élit dimanche un nouveau Parlement, a vu plusieurs de ses indicateurs économiques repasser au vert. Mais la reprise reste fragile et plombée par une lourde dette.

Le Produit intérieur brut (PIB), qui a connu en 2014 une hausse annuelle (+0,9%) pour la première fois après trois ans de récession, reste toujours en dessous de son niveau d’avant crise, à 173 milliards d’euros, près de 7 milliards de moins qu’en 2010.

«Nous sommes sortis du gouffre», a assuré le Premier ministre sortant de centre droit, Pedro Passos Coelho, lors de la campagne électorale, appelant les Portugais à ne pas juger son bilan «uniquement sur l’austérité». Le chômage a baissé jusqu’à 11,9% au deuxième trimestre de cette année, après un record historique de 17,5% en 2013, mais ce chiffre reflète aussi une émigration record (485.000 départs, définitifs ou temporaires, en 4 ans).

Et si le gouvernement espère ramener son déficit dans les clous de Bruxelles dès 2015, sous la barre des 3% du PIB, la dette publique reste l’une des plus élevées d’Europe et frôle les 130% de la richesse produite en un an.

Plan de rigueur draconien

«En raison des mesures d’austérité, l’économie s’est contractée depuis le début du plan d’aide. Elle a touché le fond avant de rebondir légèrement», explique Pedro Lains, professeur d’histoire de l’économie de l’Université de Lisbonne.

En 2011, la troïka (UE-BCE-FMI) des créanciers du Portugal avait exigé un plan de rigueur draconien en échange d’une aide de 78 milliards d’euros.

Réduction du nombre de fonctionnaires, coupes dans les salaires du public et les pensions de retraite, hausses d’impôts… Malgré une majorité absolue au Parlement, le gouvernement a vu certaines de ses mesures retoquées par la Cour constitutionnelle.

Un vaste plan de privatisations a rapporté plus de 9 milliards d’euros, voyant passer dans la sphère privée une partie des groupes électriciens EDP et REN, le groupe postal CTT, le gestionnaire des aéroports ANA ou encore la compagnie aérienne nationale TAP Portugal.

L’économie portugaise a aussi été marquée par l’effondrement de Banco Espirito Santo, qui a fait trembler les milieux financiers à l’été 2014. Son sauvetage a nécessité l’injection de 4,9 milliards d’euros et aggravé le déficit 2014 à 7,2% du PIB.

Taux négatifs

Le Portugal s’est affranchi de la tutelle de ses créanciers en mai 2014 et a fait son retour sur les marchés, empruntant parfois à taux négatifs sur les échéances les plus courtes. Lisbonne a même commencé à rembourser avant terme sa dette de 29,6 milliards d’euros au FMI.

«L’économie est repartie grâce à l’augmentation des exportations et l’on voit depuis fin 2014 une hausse des investissements», explique Joao Duque, professeur à l’Institut supérieur d’économie et de gestion à Lisbonne. «La reprise est fragile, prévient-il, en raison de la dette, privée comme publique, et de la dépendance de l’économie de la situation internationale.»

L’économiste appelle à «maintenir la rigueur existante, pour ne pas laisser les finances publiques déraper, même si de nouvelles mesures d’austérité ne sont pas nécessaires». Mi-septembre, l’agence de notation Standard and Poor’s a relevé la note de la dette portugaise, à un cran des investissements de qualité, invoquant «un fort consensus politique et l’absence de nouveaux partis populistes».

De fait, aucun des deux principaux candidats aux élections législatives n’envisage de remettre en cause les engagements du pays vis-à-vis de ses créanciers. Mais le Premier ministre Pedro Passos Coelho a promis d’alléger graduellement le fardeau fiscal, tandis que son adversaire socialiste Antonio Costa a annoncé vouloir tourner la page de l’austérité.

AFP/M.R.

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