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Après quatre ans de crise, les Portugais s’achètent à nouveau des voitures


Si le constructeur français Renault est numéro un depuis 17 ans, avec une part de marché de 12%, l'engouement des Portugais pour les berlines allemandes est incontestable, avec 36% des ventes. (photo AFP)

Après quatre ans d’austérité, les Portugais délient à nouveau les cordons de la bourse pour s’acheter des voitures. Et certains n’hésitent pas à payer le prix fort pour des modèles haut de gamme, de préférence de marque allemande.

Le Portugal a affiché de loin la plus forte progression du marché automobile européen au premier semestre, avec une hausse de 32,8% des ventes de voitures neuves particulières, suivi de l’Irlande (+25,4%) et de l’Espagne (+22%), selon l’Association des constructeurs automobiles européens (Acea).

Une hausse certes relative: le marché est de taille modeste, avec 100 656 unités vendues sur six mois, et le rebond n’a pas encore totalement effacé la chute vertigineuse des ventes subie pendant la crise, soit 30% en 2011 et 40% en 2012. Mais « la reprise est là et reflète le regain de confiance des consommateurs. Le niveau des ventes est désormais proche de la moyenne de ces quinze dernières années », a commenté Helder Barata Pedro, secrétaire général de l’Association automobile portugaise (Acap).

Si le constructeur français Renault est numéro un depuis 17 ans, avec une part de marché de 12%, l’engouement des Portugais pour les berlines allemandes est incontestable. Toutes marques confondues, elles représentent 36% des ventes. « Comme on n’a pas de constructeurs portugais, on achète allemand. Ce sont des voitures solides, fiables », témoigne Augusto Barbosa, 70 ans.

Accompagné de son épouse, cet avocat à la retraite est venu troquer sa vieille Opel contre une neuve, chez un concessionnaire de la marque au centre de Lisbonne. « Elle aura duré douze ans! », s’exclame-t-il.

Douze ans, c’est l’âge moyen d’une voiture au Portugal, pays qui compte un parc automobile à bout de souffle, un des plus anciens d’Europe. La raison en est simple: un Portugais doit travailler en moyenne un an et demi pour s’acheter une voiture, soit plus du double qu’un Allemand ou un Français, selon une étude de l’Observatoire Cetelem.

Un an après la sortie de son plan d’aide internationale de 78 milliards d’euros, le Portugal a certes renoué avec la croissance, mais les revenus restent dramatiquement bas. Près de la moitié des ménages dispose de moins de 700 euros bruts par mois.

Symbole de réussite sociale

Cependant, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne: « Nos clients ne connaissent pas la crise », confie Patricia Ribeiro, vendeuse chez un concessionnaire Mercedes-Benz à Lisbonne où les modèles coûtent entre 27.000 et 99.000 euros.

« Les Portugais ne sont pas comme les Nordiques, ils ont un lien affectif avec leur voiture, c’est presque comme acheter une maison », dit-elle alors qu’un client choisit avec soin la couleur de sa future Mercedes Classe C. « L’automobile, c’est un symbole de réussite sociale ici. Les Portugais sont très attachés à leur voiture », renchérit Ricardo Oliveira, directeur de la communication de Renault au Portugal.

Si les Mercedes, BMW et autres Audi ont tant de succès au Portugal, c’est aussi dû au fait qu’ils proposent désormais « des modèles plus compacts, plus économiques », nuance Helder Barata Pedro. Quant aux marques de luxe, comme Jaguar, Maserati et Ferrari, elles ont certes augmenté leurs ventes, mais leur part de marché reste infime, à peine 1%.

Pour le représentant de l’Association automobile portugaise, une des clefs de la reprise du secteur aura été aussi « le boom du tourisme qui a dopé le marché de la location ». Les loueurs de voitures ont ainsi compté pour 27% des ventes au premier semestre.

Gros bémol, l’énorme charge fiscale qui pèse sur l’automobile au Portugal et freine l’expansion du marché. Ainsi, une Renault Clio diesel, la voiture la mieux vendue, coûte environ 14700 euros hors taxes, mais si l’on ajoute l’impôt sur l’achat d’un véhicule et la TVA (23%), le prix atteint 20200 euros. « Nous avons les impôts les plus élevés d’Europe », déplore Ricardo Oliveira.

 

AFP

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