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« Vous n’aurez pas ma haine », le message humaniste d’Antoine Leiris


Antoine Leiris, auteur de "Vous n'aurez pas ma haine", sur la mort de sa femme au Bataclan dans les attentas du 13 novembre, à Paris le 6 avril 2016. (Photo : AFP)

«Vous n’aurez pas ma haine»: ces mots postés sur les réseaux sociaux par Antoine Leiris après la mort de son épouse dans l’attaque du Bataclan avaient ému la France entière. Ils sont devenus un livre, poignant, où il raconte comment la vie continue.

«Vendredi soir, vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine», avait écrit Antoine Leiris sur Facebook, trois jours après les attentats de novembre, alors qu’il venait d’identifier le corps de son épouse, Hélène, tuée à 35 ans par les jihadistes. Ces mots mesurés, pleins de pudeur, avait eu une résonance mondiale via les réseaux sociaux et les médias du monde entier qui les avaient relayés. Près de cinq mois après la tragédie, Antoine Leiris, journaliste de 34 ans, revient dans un livre sur cette soirée et les douze jours qui suivirent. Des journées qui changèrent à jamais le cours de sa vie, et celle de son fils Melvil, alors âgé de 17 mois.

«Vous n’aurez pas ma haine» (Fayard), tiré à 30 000 exemplaires (une réimpression est en cours), est déjà traduit en dix-huit langues. Émouvant et digne de bout en bout, le récit commence par la soirée du 13 novembre, alors que l’auteur est resté seul à la maison avec son fils, son épouse étant partie au concert. «Melvil s’est endormi sans un bruit, comme d’habitude lorsque sa maman n’est pas là», écrit-t-il.

« Antoine, je suis désolée »

Le journaliste, ancien chroniqueur sur France Bleu, raconte son angoisse, «son cœur qui tente de s’échapper de sa poitrine» lorsque défilent sur les chaînes d’information en continu les premières images des attentats.

Puis c’est l’attente, interminable, et la tournée des hôpitaux le soir-même, puis le lendemain : Bichat, Saint-Louis, La Salpêtrière… Jusqu’au téléphone qui sonne. «C’est la sœur d’Hélène. – Antoine, je suis désolée…-». Au fil des pages, qui sont aussi une déclaration d’amour à Hélène, Antoine Leiris revient sur leur histoire commencée un 21 juin, soir de fête de la musique. «Je pensais qu’elle ne voudrait pas de moi, elle était trop belle, trop parisienne, trop tout pour moi qui n’étais rien», confie-t-il.

Il évoque aussi l’épreuve de la reconnaissance du corps, à l’Institut médico-légal, le lundi suivant l’attaque. «Elle ressemble à celle que je regardais s’éveiller chaque matin (…). Je pleure, je lui parle, j’aimerais rester une heure encore, une journée au moins, une vie peut-être. Mais il faut la quitter», écrit-il. Mais l’essentiel de l’ouvrage tourne autour de Melvil, 22 mois aujourd’hui, et du lien vital qui l’unit à son père. Bien que dévasté par le chagrin, Antoine Leiris raconte comment la vie doit continuer avec cet enfant, fruit de son union avec Hélène. C’est une nouvelle histoire qui commence, «celle d’un père et d’un fils qui s’élèvent seuls».

L’auteur décrit comment cette vie s’organise au rythme des bains, siestes, promenades et autres goûters qu’il gère désormais seul. Il évoque aussi la solidarité qui s’est manifestée autour de ce nouveau couple, notamment parmi les autres mères de famille de la garderie de Melvil. «Toutes entières encore à leur maternité, elles ne peuvent se résoudre à nous imaginer, nous deux pauvres mecs seuls dans une grande maison sans maman». «Elles se sont débrouillées pour que Melvil ait chaque jour des petits plats qui ont le goût de l’amour d’une maman». Titré -Vous n’aurez pas ma haine, le message humaniste posté par l’auteur sur Facebook avait suscité une vague d’émotion à travers la planète. Des courriers avaient afflué.

L’un d’eux a retenu l’attention d’Antoine Leiris. «C’est vous qui êtes frappé et c’est vous qui nous donnez du courage», lui avait écrit un certain Philippe. «On a toujours l’impression, lorsqu’on regarde les choses de loin, que celui qui survit au pire est un héros. Je n’en suis pas sûr. La fatalité a frappé, c’est tout», conclut Antoine Leiris.

Le Quotidien/AFP

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