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[Théâtre] Le TOL plonge dans le Rabbit Hole


Howard et Becky ont perdu leur enfant unique lors d'un accident de la route. Ils doivent se reconstruire aussi bien en tant que couple qu'en tant qu'individus. (Photo : Ricardo Vaz Palma)

Le TOL ouvre sa saison, ce jeudi, avec un drame familial, Rabbit Hole, prix Pulitzer de l’œuvre théâtrale 2007, écrit par David Lindsay-Abaire et désormais mis en scène par Véronique Fauconnet.

Les habitués du Théâtre ouvert Luxembourg ont peut-être encore en mémoire Des gens bien, datant de 2013. C’était déjà une pièce de David Lindsay-Abaire, l’auteur de Rabbit Hole que la directrice artistique du théâtre met en scène à partir de ce soir. Un récit que les cinéphiles ont déjà pu découvrir en salle en 2010, avec l’adaptation à l’écran de John Cameron Mitchell, avec Nicole Kidman et Aaron Eckhart. Un histoire de deuil, de pardon, de résilience.

Un enfant court après son chien qui, lui, court après un écureuil. Chacun va aussi vite que possible et personne ne fait attention au fait qu’ils ont quitté le jardin de la demeure familiale et qu’ils se retrouvent sur la route. C’est pile au moment où une voiture passe par là. L’accident est inévitable. Le chien y échappe de justesse, mais l’enfant ne s’en relèvera pas. Huit mois plus tard, Becky et Howard, parents désormais sans enfant, tentent de surmonter la perte de leur progéniture. De faire le deuil.

Un cas tragique dans lequel les personnalités se révèlent. Ce qui marche pour l’un ne fonctionne pas nécessairement pour l’autre. Malgré les efforts du couple, chacun se retrouve finalement bien seul, avec ses limites personnelles, ses bouées de sauvetage propres… et personne ne parvient à aider l’autre, n’arrive à le comprendre. Alors, on s’éloigne. On s’oppose. Et la reconstruction devient de plus en plus complexe.

Un spectacle «porteur de sens»

Un drame, un vrai, que proposent l’auteur David Lindsay-Abaire et la metteure en scène Véronique Fauconnet. «Chaque saison, on essaye de proposer des spectacles qui sont porteurs de sens», explique cette dernière au sujet de ce choix de programmation. «Rabbit Hole, ça fait dix ans que j’en entends parler, reprend-elle, mais un prix Pulitzer, au niveau des droits, c’est compliqué! Récemment, quand j’ai vu que ça avait, enfin, été traduit en français, je me suis jetée dessus.»

Les raisons sont nombreuses : «L’auteur est grandiose. Le texte est d’une grande finesse, d’une grande délicatesse, d’une grande intelligence. C’est extrêmement bien construit, rythmé, etc. C’est de la dentelle!», insiste-t-elle, en comparant David Lindsay-Abaire à David Mamet (The Untouchables, American Buffalo…) et John Patrick Shanley (Moonstruck, Doubt : A Parable…). D’autant que malgré le sujet éminemment dramatique, ce Rabbit Hole, «c’est tout sauf pathétique. C’est drôle, c’est touchant, ça fait miroir à tout ce que quelqu’un peut vivre dans une telle situation!»

Et si on dit souvent qu’il n’y a pas de bonne histoire sans un bon méchant, David Lindsay-Abaire démontre ici le contraire. La mort de l’enfant est accidentelle, le conducteur – un tout jeune chauffeur, pas encore majeur – n’est nullement fautif, les parents et les proches du petit font tous de leur mieux pour aller de l’avant.

«Ni méchant ni gentil. Juste le drame, et la vie»

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«Ce qui m’a vraiment marquée à la lecture de cette pièce, c’est que j’ai lu ça comme un bon roman, où l’auteur t’entraîne, où tu vis avec la profondeur de chaque personnage en étant émue par tout ça. Cette pièce a cette force-là», note pour sa part la comédienne Colette Kieffer, qui partagera à partir de ce soir la scène du TOL avec Caty Baccega, Monique Reuter, Jérôme Varanfrain et le jeune Romain Gelin. «Dans Rabbit Hole, reprend-elle, il n’y a ni méchant ni gentil. Juste le drame, et la vie… la vie en profondeur. C’est fort, très fort!»

Sur scène, dans une scénographie aux couleurs de l’enfance réalisée par Jeanny Kratochwil, cinq personnages. Les deux parents de l’enfant disparu, Howard et Becky, la mère de Becky, sa sœur ainsi que le jeune homme qui conduisait la voiture qui a renversé l’enfant. Tout le récit se déroule dans la maison. Un intérieur figuratif, multiple.

De quoi rebondir sur le titre français de la pièce : Univers parallèles. Un titre en lien avec un certain besoin de croire dans une vie après la mort pour la mère de famille mais aussi avec la nouvelle que le chauffeur dédie, dans la pièce, à sa victime involontaire.

Autant de réflexions, de croyances qui devraient accompagner le spectateur longtemps après que le rideau sera retombé sur la pièce. Une pièce qui, pour Véronique Fauconnet, permet d’aborder le deuil, «un sujet dont on ne parle pas dans nos sociétés judéo-chrétiennes». Et de poursuivre : «C’est super de pouvoir le faire au théâtre. D’autant que David Lindsay-Abaire a trouvé une façon merveilleuse d’aborder ce thème casse-gueule mais universel. Et qu’il parvient même à apporter des réponses pertinentes.»

Pablo Chimienti

TOL – Luxembourg. Jusqu’au 22 novembre. www.tol.lu

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