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[Théâtre] Fundamental Monodrama Festival : tous seuls en scène


Angel, d'Henry Naylor, avec Avital Lvova. Une histoire vraie sur une femme sniper en Syrie. (photo Rosalind Furlong)

Huitième édition du désormais traditionnel Fundamental Monodrama Festival, avec ses artistes, comédiens et performeurs, une nouvelle fois seuls sur scène. Un difficile exercice qui plaît, et qui s’enracine, avec treize spectacles, du 9 au 18 juin, à la Banannefabrik, au TNL et au Kinneksbond de Mamer.

Avec une affiche plus condensée – «pour que le public puisse soufflerun peu» – le festival propose cette année cinq créations et d’autres monologues qui célèbrent le solo,et ce, dans une veine politique.

C’est devenu une habitude, début juin, pour laquelle se démène le comédien Steve Karier, directeur du Fundamental Monodrama Festival. « À chaque fois, je suis ému , dit-il. Je crois tout le temps qu’on n’y arrivera pas, mais au final, on y parvient! Et c’est un programme que j’aime. » C’est que l’homme ne verse pas dans la facilité avec un choix international – pas moins de onze pays sont représentés cette édition – et non dogmatique, sachant que « le monodrame ne se résume pas au théâtre parlé, mais s’ouvre à toutes les disciplines de la scène ».

Concrètement, autour de cette discipline « derrière laquelle on ne peut pas se cacher », le festival vise tous azimuts, conjugue les langues – l’allemand, le français, le luxembourgeois et l’anglais, encore mieux représenté cette année –, s’ouvre à d’autres élans (musique, performance…) et reste droit dans ses bottes, ne succombant pas aux sirènes de la désinvolture, grâce au mot d’ordre, devenu philosophie  : « Montrer ce que d’autres ne montrent pas! »

Mieux, au fil des ans, motivés par cette effervescence estivale, comédiens et acteurs du Grand-Duché se tournent plus volontiers vers cette pratique du seul en scène, « discipline maîtresse » de l’art théâtral et « heure de vérité » sans filet de réception. Steve Karier  : « Le festival commence à avoir un sérieux impact sur la création nationale. Le « de » et « avec » sont de plus en nombreux, ce qui n’a jamais été une tradition au Luxembourg. » La raison, selon lui? « Au Conservatoire, comme en début de carrière, on ne prend pas assez de risques. »

«On est toujours tenu à la politique»

Réserve, donc, qui a tendance à se corriger, certains n’hésitant plus à porter de « petits spectacles sur des textes et sujets qu’ils développent eux-mêmes ». Il y a peu de temps encore, cette approche « très personnelle » aurait été « inimaginable! » Dans ce sens, et pour une nouvelle fois, la soirée MonoLabo dédiée à des créations de jeunes artistes autochtones – en l’occurrence trois, avec celles d’Elsa Rauchs, Anne Simon et Tom Dockal – témoignent de ces nouvelles responsabilités.

Reste que le Fundamental Monodrama, conforme à ses us et coutumes, reste éminemment « politique ». « On est toujours tenu à cela », explique le directeur, ne serait-ce qu’au vu d’un format « plus léger » qui s’appuie « sur la parole, l’écriture, l’interaction directe avec le public ». Ainsi, il est « évident que le sujet devient important ». Et comme on peut compter sur Steve Karier pour privilégier « des récits forts et douloureux à de petits drames bourgeois ou des histoires de couple », cette huitième édition abordera la Palestine (avec Amer Hlehel), l’Afrique du Nord ( On the Importance of Being an Arab d’Ahmad El Attar) et centrale, avec Richard Mahoungou, réfugié politique.

« À cause du théâtre, il n’a jamais pu rentrer au Congo », commente encore le directeur qui lui, s’est tourné vers l’Afrique du Sud avec Out in Africa , pièce signée Mpumelelo Paul Grootboom, qui ouvrira les réjouissances. « J’aime utiliser cela pour rencontrer personnes qui viennent de loin. Être confronté à une écriture venant d’autre part, avec un point de vue différent, c’est très enrichissant. »

Outre, également, la guerre, la condition des réfugiés, la musique concrète (avec la présence du célèbre duo Frieder Butzmann-Sven-Åke Johansson), le « fou et outsider » Dominique Branier ( À la fin de l’envoi… ), une première collaboration avec la Grande Région ( Ma nostalgie ), le Fundamental Monodrama innove avec une nouvelle « série », «Marvelous things happening in…», qui débute du côté de Berlin et s’articule autour de trois spectacles.

Steve Karier  : « Le constat est récurrent. Je me suis toujours dit qu’il y a tant de perles qui existent partout, mais qui, malheureusement, ne trouvent pas son public », car trop isolées, éparpillées. D’où l’idée de réunir « tout ce qui est insolite, durant une soirée, autour d’une ville importante de création ». Une initiative qui pourrait faire des petits les prochaines éditions, avec notamment des détours prévus par Barcelone ou encore Anvers.

Grégory Cimatti

Programme

Du 9 au 18 juin. Programmation complète : www.fundamental.lu

FESTIVAL

Out in Africa de Mpumelelo Paul Grootboom. Avec Steve Karier (en allemand) CRÉATION

Paradise Lost (lies unopened beside me) de et avec Ben Duke (en anglais)

Angel de Henry Naylor. Avec Avital Lvova (en anglais)

On the Importance of Being an Arab de et avec Ahmad El Attar (en anglais)

Taha de et avec Amer Hlehel (en anglais)

À la fin de l’envoi… de et avec Dominique Branier (en français) CRÉATION

Schwanengesang D744 de Romeo Castellucci. Avec Valérie Dréville (en allemand st. fr.)

Ma nostalgie de Julien Bissila et Richard Mahoungou. Avec Richard Mahoungou (en français)

Marvelous things happening in… Berlin de et avec Frieder Butzmann, Martin Engler, Sven-Åke Johansson et Bo Wiget (en allemand)

MONOLABO

Soirée dédiée à des créations de jeunes artistes du Luxembourg CRÉATIONS

Mam Punto op Peking d’Elsa Rauchs (installation)

Alter Ego d’Anne Simon (en anglais… et d’autres langues)

Herzstück de Tom Dockal (en allemand)

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