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The Lobster : vertige de l’amour


The Lobster, un film surprenant!

Prix du jury à Cannes en mai dernier, The Lobster, du réalisateur grec Yorgos Lanthimos, décrypte les relations humaines et la dictature du couple.

Sa source d’inspiration? « Les relations humaines »… En mai dernier, au festival de Cannes, dans la foulée d’un très convoité Prix du jury, le réalisateur grec Yorgos Lanthimos précisait : « Oui, le couple m’inspire. Et le célibat et aussi le fait d’être en couple, toutes ces règles qui existent autour de ça dans notre société .» Et d’ajouter, évoquant The Lobster , son quatrième film : « Je pense que le thème principal est l’amour. Est-ce que l’amour vrai existe? Comment le trouver?… Tout tourne autour de cela .»

La dictature du bonheur

Après Kinetta (2005), Canine (2009, Prix un certain regard à Cannes) et Alps (2011), Lanthimos a donc, cette fois, décidé d’ausculter le vertige de l’amour. Avec un budget modeste (quatre millions d’euros), il a tourné pour la première fois en anglais, avec des acteurs du niveau mondial : l’Irlandais Colin Farrell, la Britannique Rachel Weisz, la Française Léa Seydoux…

À 46 ans, tenu pour l’un des plus brillants cinéastes de la nouvelle vague grecque, Lanthimos n’aime rien plus que malaxer, triturer, décortiquer, décrypter les relations humaines. Avec The Lobster (ce qui signifie, en VF, «le homard»), il a souhaité continuer son exploration, mais en y glissant une touche romantique dans un conte grinçant et dérangeant.

Ainsi, avec le scénariste, Efthimis Filippou, il a cherché à savoir ce que, pour l’homme, signifie l’amour pour l’homme. Et tous deux, le réalisateur et le scénariste, ont placé le film dans un futur proche et dans un monde où il ne fait pas spécialement bon d’être célibataire : en effet, toute personne vivant seule est arrêtée puis transférée à l’Hôtel. On lui donne quarante-cinq jours pour trouver l’âme sœur – avec un rituel parfaitement rodé : rencontres, soirées dansantes, masturbation par le personnel pour être vraiment motivé… Si, à l’issue de cette période, elle est toujours célibataire, elle est transformée en l’animal de son choix.

Un homme a décidé d’échapper à cette règle, il s’enfuit. Il y a une chasse à l’homme dans la forêt où il rejoint un groupe de résistants, surnommés «Les Solitaires» et menés par une femme (jouée par Léa Seydoux), chez qui toute relation sexuelle est proscrite. Dans le monde mi-réel, mi-fantastique, imaginé par Yorgos Lanthimos, David – le personnage masculin à moustache, lunettes et ventre naissant qui va fuir de l’Hôtel avec la femme myope (impeccable Rachel Weisz), est interprété par l’acteur irlandais Colin Farrell. Récemment à Londres, il a confié avoir grossi de 21 kilos pour le rôle.

Et puis, au-delà du thème du célibat qui peut donner fruit à des situations cocasses ou pathétiques, Lanthimos fait, avec une mise en scène aride, de The Lobster une critique cinglante et efficace d’une société totalitaire. Dans cette société, c’est la dictature de l’amour, du bonheur…

Serge Bressan

The Lobster, de Yorgos Lanthimos (Grèce, Irlande/France/Grande-Bretagne/Pays-Bas, 1  h  58), avec Colin Farrell, Rachel Weisz, Jessica Barden…

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