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« T2 Trainspotting » : un retour décevant, dopé à la nostalgie


Toute l'équipe de Trainspotting a resigné pour ce T2, mais 20 ans après, ça ne passe pas!

Attendue depuis 20 ans, T2 Trainspotting, suite du cultissime Trainspotting, ne tient pas ses promesses. Malgré Danny Boyle et le même casting.

Catégorique, Danny Boyle dit et répète: «Lorsqu’on a commencé à travailler sur le film, on ne souhaitait pas avoir l’impression que l’on faisait une suite. Même si c’était le cas! On ne voulait pas faire une copie du premier film…» Le premier film, c’était Trainspotting, sorti sur les écrans en 1996. Un coup de poing ciné avec une bande de déjantés, un film adapté du roman éponyme du grand Irvine Welsh.

Vingt ans après, le réalisateur et les mêmes comédiens sont de retour, c’est T2 Trainspotting , suite du film de 1996, et basé sur un scénario original conçu à partir de Trainspotting et non d’après Porno , le livre de Welsh qui faisait suite au roman initial.

Premier constat  : pour tout admirateur ou connaisseur de Trainspotting , ce T2 ne sera pas vraiment dépaysant. Il y a encore et toujours des scènes, des propos ou des images qui bousculent. Et vite, on comprend qu’une bonne occasion, pour l’un des lascars de la bande, une bonne occasion s’est présentée. Il y eut ensuite la trahison. On comprend aussi que, 20  ans après, certaines choses ont changé, d’autres non.

Mark Renton revient au seul endroit qu’il a toujours considéré comme son domicile. Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent. Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi  : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse…

Triste embourgeoisement

On est toujours à Édimbourg, mais les temps ont changé. La vague post-punk a vécu, on n’écoute plus Joy Division, on ne pratique plus la critique ricanante du post-thatchérisme…

L’embourgeoisement artistique a attrapé Danny Boyle, le réalisateur oscarisé en 2009 avec Slumdog Millionnaire . Il en est allé de même pour Ewan McGregor devenu star du 7 e  art ou encore Robert Carlyle… Promis juré  : ce T2 n’est pas surgi de la tête des producteurs. Et Boyle de préciser  : « Les personnages sont conscients du fait qu’ils sont les protagonistes d’un film, et ces moments-là, c’est ce qui m’intéresse. Ces moments de conscience… Quand on fait une suite, ce n’est pas toujours pour les bonnes raisons. C’est parce que le film a marché qu’on fait une suite en général. Il se trouve que dix ans après Trainspotting , on a essayé d’adapter Porno d’Irvine Welsh.

Le scénario était si peu satisfaisant qu’on ne l’a même pas envoyé aux acteurs. Nous avons ensuite décidé de faire un film plus personnel. » Bien sûr, Danny Boyle n’a rien perdu de sa maîtrise technique. Il sait tenir une caméra, monter un film, diriger des comédiens… mais à la vue de T2 , flotte un drôle de goût, une sensation étrange, un mélange de déception et de gâchis.

Étions-nous trop marqués par ce coup de poing que fut Trainspotting , il y a 20 ans? Dans ce nouveau film, suite qui ne veut pas être une suite tout en étant une suite, l’histoire paraît trop bricolée avec d’anciens junkies cabossés et bouffés par l’amertume et le ressentiment. La came n’étant plus à l’ordre du jour, on a maintenant des types qui projettent d’ouvrir une maison close –  même si la mise en scène est envisagée et réalisée à la manière d’un clip, les temps ont vraiment changé. Quel dommage!

Serge Bressan

T2 Trainspotting, de Danny Boyle (Grande-Bretagne, 1h27) avec Ewan McGregor, Jonny Lee Miller, Ewen Bremner, Robert Carlyle, Kelly Macdonald…

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