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[Rotondes] Triennale jeune création : les artistes de 2017 de retour


En attendant le retour de la manifestation culturelle, à Luxembourg en juin, cinq participants de l'édition 2017 montrent l'évolution de leur travail (Photo : Mike Zenari).

La cinquième Triennale jeune création de Luxembourg, c’est pour fin juin ! Histoire de patienter, cinq artistes ayant participé à l’édition 2017 dévoilent la suite de leurs réflexions et évoquent leur évolution.

Il y a trois ans, partagés entre les Rotondes et le Cercle Cité, ils se fondaient tranquillement dans la masse, parmi la vingtaine d’autres paires retenues pour la Triennale jeune création – idée née en 2007, quand le Luxembourg (et ses environs proches) portait le titre de «capitale européenne de la culture».

Aujourd’hui, c’est en pleine lumière que se présente un quintette d’artistes qui, logiquement, se voudraient confirmés, terme toutefois peu partagé au vu de la complexité de vivre de son art, entreprise aux multiples chaos. Une invitation à voir comme un préambule – ou un «teaser», préfère Marc Scozzai, responsable du programme arts visuels des Rotondes – à la cinquième et généreuse édition de cette plateforme pour artistes émergent(e)s issus de la Grande Région.
En attendant fin juin et les propositions d’une quarantaine de jeunes créateurs autour de la vaste thématique «Brave New World Order», ces cinq «émergés» poursuivent là, de près ou de loin d’ailleurs, la suite de leurs réflexions artistiques, pour ne pas dire obsessions, notamment lorsque l’on voit l’un d’entre eux, Guillaume Barborini, creuser la terre de la Rotonde 2 avec des gestes simples, lents, répétitifs. En plein cœur du quartier Gare en mutation, lui aussi remue les différentes strates.
Une pratique, portée par l’intuition d’un être plus attentif, plus engagé, plus collaboratif au monde qui l’entoure, qui lui permet, tel un stoïque, de réfléchir à l’appauvrissement des sols comme à leur naissance. Trois vidéos – une seule est actuellement visible, les deux autres sont à venir – témoignent ainsi de cette attention.
De son côté, Marina Smorodinova a, quant à elle, plutôt les yeux tournés vers le ciel, comme le relate poétiquement son projet «Du corps et du ciel», basé sur l’idée que «l’humain est constitué de poussières d’étoiles». De sa participation à la Triennale en 2017, où elle avait présenté «Listen to the World», «docu-fiction» proposant une série de portraits appuyés par du son, elle se souvient des rencontres avec ses compères, et de la possibilité offerte par le rendez-vous d’une liberté importante. «J’ai pu créer comme je voulais le faire», dit-elle. Aujourd’hui, plus portée par la performance, le film et le dessin que par la photographie, elle admet vouer un intérêt prenant pour les «astronomes amateurs», les anciennes pratiques (astro-dessin) et le vertige de l’infiniment grand. Sa vidéo de moins de 15 minutes, visible sur le loop (au-dessus du bar des Rotondes) fixe néanmoins la déambulation (terrienne) d’un personnage, partagé entre ses souvenirs et ses visions futures. Avec une bonne dose de rêverie.

Privé du Konschthaus Beim Engel

Un terme également cher à Rémy Laporte qui, pour sa part, investit le cube avec «SPLEEN3», installation portée par une musique envoûtante. Son retour aux Rotondes le divise : il se dit d’un côté «heureux» de retrouver un lieu qui, il y a trois ans, lui a permis de s’accomplir. «Bien que la Triennale n’ait pas chamboulé ma vie, c’était une bénédiction d’avoir, sous la main, un petit budget de production qui m’a permis d’aller vers des choses que l’on ne s’autorise pas d’habitude.» Ainsi, en 2017, «Château Rue Marie» compilait d’«anciennes choses» qu’il a pu réunir, dans une installation, comme un puzzle. Parallèlement, ses retrouvailles avec le Luxembourg l’ont «stressé» : «Ces derniers temps, j’ai eu que peu d’activité plastique, mais énormément de musique. J’étais un peu à nu.» Entre songe et réalité, sa bulle cubique – dans laquelle «on peut se poser, réfléchir à ce qu’on veut ou même simplement digérer (il rit)» – fait pourtant son petit effet. Une ballade mélancolique, mise en volume, à appréhender comme une expérience.
Celui qui, finalement, n’a pas dévié d’un iota de sa précédente proposition, c’est bien Paul Heintz qui, pour le coup, a fait les choses en grand avec ses «Shànzhài Screens», s’intéressant aux artistes-copistes dans une banlieue chinoise. «En 2017, c’était la toute première étape, soit une retranscription en dessins de ces nombreux échanges avec ce peintre de Shenzhen», confie-t-il alors.
Trois ans après, la Rotonde 1 est prise d’assaut par les multiples bourgeons qu’a développé son projet : films, peintures et autres installations multiples – soit «un travail de volume et de collage» – pour un questionnement tous azimuts sur l’économie mondialisée, le travail ouvrier, le rapport aux écrans… Il donnera même son avis de spécialiste, demain, lors d’une discussion au sujet de la copie dans l’art, et ce, à la suite de la représentation du spectacle True Copy.
Enfin, pour ceux qui veulent poursuivre l’aventure plus loin que Bonnevoie, au Cercle Cité, on retrouve Marc Buchy qui, après son lampadaire dévoilant, en morse lumineux et en temps réel, des grands titres de douze grands journaux internationaux, mélange la chiromancie (prédiction de l’avenir à travers les lignes de la main) et le transhumanisme à travers une troublante documentation photographique.
Seul bémol à ses retrouvailles, l’annonce du Casino, partenaire de la prochaine Triennale, reportant l’ouverture, prévue à la mi-mai, de son nouveau lieu d’expérimentations, l’ancien Konschthaus Beim Engel où devait s’installer la scénographe luxembourgeoise Marie-Luce Theis et son projet «États des lieux», cherchant les traces passées de cet énigmatique espace de la rue de la Loge. Oui, c’est un fait, les chemins artistiques sont semés d’embûches.

Grégory Cimatti

Jusqu’au 31 mai aux Rotondes de Luxembourg.

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