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Rick Rubin, le cinquième Red Hot Chili Peppers


Récemment, on l’a vu sur Disney+ tenir le crachoir à Paul McCartney. Aujourd’hui, on retrouve le célèbre producteur derrière le douzième album du groupe californien aux tubes planétaires et aux plus de 90 millions d’albums vendus. Comme à la belle époque !

Gamin, il voulait être magicien : devenu producteur musical, un coup de baguette a suffi à Rick Rubin pour transformer en machine à remplir les stades les Red Hot Chili Peppers, qu’il retrouve sur leur nouvel album sorti vendredi. Aujourd’hui, ce sorcier du son à l’allure de gourou, avec sa longue barbe d’ermite, est considéré comme le cinquième membre du groupe californien.

«Rick Rubin a une empreinte forte! Dans les années 1980, il était déjà le quatrième Beastie Boys», aux débuts de ce groupe de rap, comme le rappelle Sophie Bramly. Elle fut une des rares photographes à documenter les débuts du hip-hop à cette époque à New York. Son aisance à nager entre les courants musicaux ressort du parcours du sexagénaire, inconnu du grand public.

Ce fan de la scène punk et rock s’est d’abord révélé comme producteur de rap (LL Cool J, Run-DMC, Public Enemy), avant de toucher à tout, metal avec Slayer, fusion rap-rock avec les Red Hot Chili Peppers, en passant par les derniers albums crépusculaires de Johnny Cash ou des stars de la pop comme Shakira, Justin Timberlake et Adele, entre nombreux autres artistes.

«Je ne suis pas surprise : le mec était brillant ! Avec lui, le son était tellement dingo qu’il n’y avait aucune raison qu’il se limite au hip-hop», commente encore Sophie Bramly, qui fut aussi productrice-animatrice à Londres de Yo!, premier show sur le rap lancé par MTV Europe, qui deviendra Yo! MTV Raps pour les États-Unis.

La première fois, à une répétition, il y a de mauvaises vibrations, un sentiment toxique, à cause de la drogue…

Tout a commencé professionnellement pour Rubin dans la chambre d’étudiant 712 occupée à la NYU (université de New York). Un petit espace rapidement envahi par vinyles, enceintes et matériel audio. Le jeune homme est tombé dans la marmite hip-hop. On le voit sur les clichés de Sophie Bramly, imberbe, avec sa veste en cuir d’inconditionnel d’AC/DC (qu’il produira plus tard, évidemment), un des rares visages blancs des soirées au Roxy, club-creuset du rap de la Grosse Pomme.

«C’était un gros bébé étudiant, tout rond, avec une bonne tête de nounours, archi-sympa, plein d’énergie new-yorkaise, quelqu’un qui va vite, efficace», se souvient encore la photographe. Effaré de ne pas retrouver l’énergie des clubs sur les disques qu’il écoute, il fonde son premier label (avec Russell Simmons, manager de Run-DMC.) : Def Jam, aux initiales DJ toutes trouvées, avec pour QG son logement d’étudiant.

La suite compile les figures imposées du business américain : succès fulgurant, crise de croissance, nouveau départ, déménagement sur la côte Ouest. Il y croise les Red Hot Chili Peppers, jeunes chiens fous de la scène de Los Angeles, qui vivotent. «La première fois, à une répétition, il y a de mauvaises vibrations, un sentiment toxique, à cause de la drogue, ce que je comprends après», raconte Rick Rubin un jour sur BBC1.

L’association ne se fera que «deux-trois ans après». «Quand je les revois, ils sont sobres.» Les RHCP ont alors perdu leur guitariste, Hillel Slovak, mort d’overdose, et le remplacent par un jeune prodige, John Frusciante. Ce dernier tombera lui aussi plus tard dans la drogue, quittera le groupe, frôlera la mort, reviendra, partira encore. John Frusciante renoue de nouveau avec les Red Hot (il a réintégré le groupe en 2019, après dix ans d’absence), tout comme Rick Rubin, pour Unlimited Love, douzième album du groupe californien.

On retrouve donc le casting de Blood Sugar Sex Magik (1991), rampe de lancement (et l’un des disques majeurs des années 90) qui fit de la bande d’Anthony Kiedis des mégastars. Quel est l’apport de Rubin? Kanye West, qui a également travaillé avec lui, le décrit comme un «réducteur», pas un «producteur». Nulle critique : avec Rick Rubin, on va à l’essentiel. Au verso de Radio, premier album de LL Cool J, on lit d’ailleurs «Réduit par Rick Rubin»…

Attention, Rick Rubin ne fait pas que réduire à la cuisson, il y ajoute également son grain de sel. Comme quand il suggère à Jay-Z d’attaquer a capella son célèbre 99 Problems. Dernière anecdote : Blood Sugar Sex Magik fut enregistré dans une maison ayant appartenu à Harry Houdini, illusionniste qui faisait forcément rêver l’apprenti magicien Rubin.

Unlimited Love,
des Red Hot Chili Peppers.

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