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Reprise à Paris de « Saïgon », la pièce événement du dernier festival d’Avignon


Le Théâtre de l'Odéon à Paris reprend jusqu'au 10 février "Saïgon", événement du dernier festival d'Avignon. (photo: AFP)

Le Théâtre de l’Odéon à Paris reprend jusqu’au 10 février « Saïgon », événement du dernier festival d’Avignon, avec son décor de restaurant vietnamien plus vrai que nature et ses récits d’exilés de la première et deuxième génération, avant une tournée en France et jusqu’en Chine.

La pièce entremêle les destins de personnages entre deux époques: 1956, date du départ des français d’Indochine deux ans après la défaite de Diên Biên Phu, et 1996, l’année où le gouvernement vietnamien autorise le retour des « Viet kieu », ou « Vietnamiens de l’étranger », après la levée de l’embargo américain.

Dans le décor de restaurant formidablement restitué sur la scène des Ateliers Berthier, avec sa marmite de Pho fumante et ses tables en formica, les destins s’entrecroisent et on passe de 1956 à 1996 en un clin d’oeil.

L’auteure de « Saïgon », Caroline Guiela Nguyen, née d’une mère vietnamienne et d’un père pied-noir d’Algérie, a recueilli des témoignages des deux côtés, en France et au Vietnam. Mais « ce n’est pas du tout du théâtre documentaire, c’est de la fiction, des histoires qui s’inspirent de la mémoire des gens », souligne-t-elle.

Plutôt que d’aborder de front « la grande histoire », Caroline Guiela Nguyen et sa jeune troupe ont voulu parler des individus, du déchirement de l’exil et des regrets.

Le résultat est saisissant, et le public réalise combien est rare la parole des Vietnamiens en France. Les enfants de la deuxième et troisième génération se sont souvent heurtés au mur de silence de parents tout entiers tendus dans leur volonté d’intégration.

Caroline Guiela Nguyen raconte comment parmi ses 17 cousins, aucun ne maîtrise vraiment le vietnamien. Elle-même a dû recourir à un traducteur lors de ses voyages à Hô-Chi-Minh-Ville, où elle a recueilli des matériaux pour la pièce et recruté quatre jeunes comédiens vietnamiens.

La pièce au mélo assumé est empreinte de nostalgie mais n’élude pas la question de la colonisation, qui imprègne les récits. Le public garde longtemps à l’esprit les larmes de Marie-Antoinette, inimitable patronne du restaurant haute comme trois pommes mais à la langue bien pendue.

« C’est ainsi que se racontent les histoires au Vietnam, avec beaucoup de larmes » conclut la pièce de près de 3h30.

Saïgon, jusqu’au 10 février à l’Odéon-Ateliers Berthier puis en tournée, à Rouen, Dijon, Lyon, Berlin-Schaubühne, Besançon, Rennes, Tours, Amsterdam, Pékin, Shanghai.

Le Quotidien/ AFP

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