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Quand les pilotes de drones se prennent pour Dieu


Ethan Hawke tue ses ennemis à distance, en sirotant de la vodka. (Photo DR)

Dans le dernier film d’Andrew Niccol, Good Kill, Ethan Hawke pilote un drone qui participe, chaque jour, à la guerre contre le terrorisme. Une intéressante réflexion sur l’usage de ces armes mais un film bâclé.

Tom Egan (Ethan Hawke), ancien pilote de chasse en pleine dépression, devient pilote de drone au milieu du désert de l’Arizona. Dans le calme de préfabriqués climatisés, il donne chaque jour la mort à des inconnus à l’autre bout du monde et s’interroge, peu à peu, sur le sens de ces missions.

Quand le réalisateur néo-zélandais Andrew Niccol retrouve, presque vingt ans après son coup de maître Bienvenue à Gattaca, Ethan Hawke, tout est là pour trépigner d’impatience. Quand, en plus, le thème est celui des drones, cette humanité qui se prend pour Dieu et peut donner la mort à tout moment, l’impatience se transforme en excitation.

Car Andrew Niccol n’est jamais meilleur que lorsqu’il est confronté au mal, le mal absolu et froid d’un vendeur d’armes dans Lord of War, d’un homme prêt à tout pour voyager dans l’espace dans Bienvenue à Gattaca ou d’une société dégénérée dans In Time. A chaque fois, le point commun est la faculté de l’homme à se transcender, à se croire Dieu quand il n’est que mortel.

Dans Good Kill, il aborde à nouveau ce thème, cette facilité glaçante de l’homme à croire en son libre arbitre pour changer le monde qui l’entoure. La critique des drones est intéressante, pour un film estampillé Hollywood. Mais l’exercice tourne par trop à la caricature. L’ancien pilote alcoolique, la jeune recrue idéaliste, la grandiloquence de Las Vegas contre le désert aride des zones bombardés, les innocents tués à chaque bombardement…

Les éléments sont là, mais trop appuyés, ou trop survolés, et font rarement mouche. Dommage, car la mise en scène est, comme toujours avec Andrew Niccol, soignée. Mais le potentiel du film semble gâché. A trop tourner, Andrew Niccol oublie de finir ses films, oublie de diriger ses acteurs. Comme si le scénariste Niccol prenait le pas sur le réalisateur, trop pressé de raconter des histoires pour bien les raconter. Elle est finalement loin, l’époque de Bienvenue à Gattaca.

Christophe Chohin

Good Kill, d’Andrew Niccol. Thriller américain (1h41), avec Ethan Hawke, January Jones…
À l’affiche de l’Utopia Luxembourg.

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