Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Comme l’année dernière, la galerie Clairefontaine a surpris les habitants de la capitale en installant des œuvres sur la place du même nom. Cet été, ce sont celles de l’Allemand Dietrich Klinge qui sont à l’honneur.
Pour la première fois au Grand-Duché, les œuvres du sculpteur Dietrich Klinge sont montrées au public non pas entre les murs de la galerie Clarefontaine, mais sur la place du même nom, donnant à voir un drôle de spectacle entre ces personnages monumentaux et la statue de la Grande-Duchesse Charlotte.
Depuis l’été dernier, la galerie Clairefontaine propose, durant la saison estivale, de sortir un peu de ses habitudes en présentant un sculpteur mondialement reconnu. Si l’année dernière, le public avait eu droit au ballet des Trash People de l’artiste HA Schult, silhouettes humaines composées uniquement de déchets, c’est un autre genre qu’offre cette année la galerie avec les œuvres de Dietrich Klinge.
L’artiste présente ses étranges personnages venant encercler la célèbre statue de la Grande-Duchesse Charlotte réalisée par le sculpteur français Jean Cardot. Entre rituel vaudou, messe obscure, admirateurs ou simple spectateurs, ceux-ci donnent à la place et à sa statue une toute nouvelle allure. Originaire d’Allemagne, le sculpteur se focalise depuis ses débuts sur la figure humaine, qu’il inscrit dans le bois ou dans le bronze, avec une grande sensibilité et une dextérité devenue rare dans le domaine.
Place Clairefontaine, les personnages de Dietrich Klinge encerclent la statue de la Grande-Duchesse Charlotte.
Photographies et caresses
Si on pourrait croire à des corps prenant vie dans de large morceaux de bois, comme semblent l’indiquer le socle ou l’écorce, il n’en est rien. Il s’agit en réalité de sculptures réalisées en bronze prenant leur moule dans le bois, créant ainsi l’illusion à la fois du naturel et de la légèreté. Nostalgiques ou souriants, ces personnages transmettent des sentiments et émotions bien réels, alors que leurs traits sont particulièrement archaïques. Il y a quelque chose, chez eux, qui tient du cubisme de Picasso ou encore de Matisse, la figure reprenant ainsi ses formes primaires.
«Cela fait près de douze ans que je suis Dietrich Klinge à travers ses expositions en Allemagne, en Suisse et dans toute l’Europe. On a commencé à discuter de cette exposition il y a trois ans. Comme il a l’habitude d’exposer son travail dans les espaces publics, cela a été très facile de le convaincre», explique Marita Reuter, directrice de la galerie Clairefontaine. On apprend que c’est lui-même qui a choisi de disposer ses œuvres en cercle, entourant la Grande-Duchesse, après deux jours d’observation de la place.
Il faut dire que cette ronde est assez intrigante tant les sculptures semblent entrer en dialogue avec la Grande-Duchesse, que ce soit par un regard doux et admiratif ou un regard plus dubitatif. «Le public interagit beaucoup avec les œuvres. Cela intrigue et fascine beaucoup toutes les générations. On a l’impression qu’ils veulent entrer en communication avec les statues, certains les caressent, les enfants imitent les postures et tous se prennent en photo devant», ajoute-t-elle.
Si Dietrich Klinge tire clairement son inspiration des personnages de la mythologie pour leur redonner un nouveau visage, il est évident que, le temps d’un été, c’est à la mythique Grande-Duchesse et sa célèbre place qu’il donne un nouveau regard, une nouvelle dynamique qui semble lui redonner vie… Derrière les massives sculptures en bronze, Dietrich Klinge dévoile, avec une grande finesse, la solennité de l’homme à travers sa capacité d’introspection et de contemplation. On ne doute pas que ses œuvres feront le bonheur des petits et des grands, résidents ou encore touristes de passage!
Mylène Carrière
Place Clairefontaine – Luxembourg. Jusqu’au 11 septembre.
