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« Nous n’avons sauvé qu’une part minime des écrits de Lambert Schlechter »


Claude D. Conter, en train de trier les livres de Lambert Schlechter avec les assistantes du CNL. (photo Frédéric Braun)

Pour Claude D. Conter, directeur du Centre national de littérature, le pire aurait pu être évité dans l’incendie de la maison de l’écrivain Lambert Schlechter, ce samedi 18 avril, mais faute de moyens appropriés, c’est une tragédie qui vient d’avoir lieu.

Sait-on déjà qu’est-ce qui a pu être sauvé?

Claude D. Conter : Samedi, nous avons pu sauver une partie des carnets de note et des manuscrits, qui se trouvaient dans une pièce au rez-de-chaussée. L’autre partie, conservée au grenier, sous le toit directement, est partie en flammes dès l’aube, ce qui fait que la plus grande partie des carnets ne pourra plus être sauvée. Dimanche soir, il y a eu un nouvel incendie au cours duquel la pièce d’à-côté, où se trouvaient le piano, des dessins et des carnets, est complètement partie en flammes, même si nous avons pu en sauver une partie. Aujourd’hui nous nous retrouvons grosso modo avec sept ou huit cartons de carnets secs et deux bacs de carnets humides, de journaux intimes et de manuscrits enveloppés dans du film alimentaire et conservés dans un réfrigérateur, ce qui n’est qu’une part minime de ce que Lambert Schlechter a pu écrire au cours des dernières cinquante ans. Si bien que la plus grande partie est perdue.

Étiez-vous préparé à un tel incident ?

Il y a deux ans, dans la cadre de la journée des archivistes luxembourgeois, nous participions à un atelier centré sur un scénario catastrophe, dans le but d’informer sur les procédures à déclencher. C’est pourquoi la première étape cruciale, qui consiste à envelopper les documents humides, a pu être réalisée. À présent, tout dépend de la police judiciaire, qui nous dira quand nous allons pouvoir retourner dans la maison. À travers la fenêtre, on voit que dans certaines chambres, des livres ont été conservés. Pour le moment, notre attention se porte avant tout sur les manuscrits et les livres que Lambert a annotés, qui sont des exemplaires uniques.

Quelle leçon tirez-vous de cet incident ?

Ce que cet incident met en lumière, c’est que les documents et manuscrits sont parfaitement conservés au sein des archives nationales, qui concernent en premier lieu les auteurs décédés. D’un autre côté, nous approchons les auteurs de leur vivant et recevons régulièrement des documents de leur part. Documents qui continuent d’appartenir aux auteurs et à leur famille, mais que nous conservons pour eux. Mais au CNL, nous commençons à ne plus avoir de place. Nous avions à ce propos une entrevue au ministère où il était question d’un dépôt, qui ne doit pas être central, mais pourra se trouver dans une zone industrielle par exemple, avec une infrastructure, qui doit être sécurisée et climatisée, et de préférence compartimentée. Ce serait une solution pour les prochains 50 à 60  ans. Une solution bon marché. Lambert Schlechter était à la recherche d’une solution depuis deux ans. Mais il s’est avéré que toutes les opportunités n’étaient pas aussi positives que nous le croyions et nous n’avons donc pas pu transférer quoi que ce soit dans ces endroits.

Où en étiez-vous ?

Nous avons déjà un système de cotes qui aurait permis de transférer, un jour, les documents au CNL. C’est pour cela que ce qui vient de se passer est une tragédie encore plus grande, car nous étions si proches du but. Quand on aura des dépôts, on pourra beaucoup plus facilement stocker temporairement des documents. La durabilité de ce qui se trouve au CNL est garantie, mais nous avons besoin de plus de place.

F.  B.

>> La maison de Lambert Schlechter part en fumée

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