Musiques de film : du grand écran à la scène

Trois jours durant, Hans Zimmer a rempli la Rockhal. Preuve que les compositeurs de musiques de film, qui se donnent une nouvelle jeunesse sur scène, ont le vent en poupe.

Pirates des Caraïbes, Le Bon, la Brute et le Truand, Le Grand Bleu, Rabbi Jacob… Des films à succès mais aussi des musiques inoubliables auxquelles leurs compositeurs aiment de plus en plus donner une nouvelle jeunesse sur scène. «Pendant de longues années, j’étais devant mes pages blanches de compositeur. C’est quand même autre chose de partir à la rencontre de son public», se réjouit Vladimir Cosma, âgé de 76 ans, auteur de plus de 400 productions pour le cinéma ou la télévision.

Le créateur de certains des thèmes phare du cinéma français (Rabbi Jacob, La Boum, Le grand blond avec une chaussure noire, L’As des as…) se produit en concert depuis une quinzaine d’années, en France et à l’étranger. Il va se lancer dans sa première tournée, avec un orchestre symphonique et des choristes. Un concert est prévu à Paris en octobre puis une dizaine début 2017 en France et à Genève.

Comme un «retour aux sources» pour le violoniste de formation qui, dans sa jeunesse, «faisai(t) des tournées de trois mois tous les étés, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et à travers la France», confie-t-il. D’autres fameux compositeurs de musiques de films ont aussi l’habitude de se produire sur scène. Ennio Morricone, l’auteur des célèbres musiques des films de Sergio Leone a reporté à septembre ses deux concerts prévus cette semaine à Paris, en raison de douleurs au dos, mais il sera d’ici là en juin à Oxford (Grande-Bretagne) et à Gand (Belgique).

La musique prime sur l’image

L’occasion d’entendre sur scène, avec 200 musiciens et choristes, certains des plus grands tubes du vénérable compositeur italien de 87 ans, auteur de plus de 500 partitions pour la musique et le cinéma, qui était passé par le Luxembourg l’année dernière. Hans Zimmer (photo), 58 ans, le plus «hollywoodien» des compositeurs allemands, poursuit pour sa part sa toute première tournée européenne, passée par la Rockhal le week-end dernier et lundi. L’auteur multi-récompensé des bandes originales de Pirates des Caraïbes, Le Roi Lion, Gladiator ou Rain Man doit conclure la semaine prochaine en France une série de quelque 30 concerts.

Une prestation que Hans Zimmer a voulue comme «un véritable spectacle de rock» avec «76 personnes sur scène, dont un chœur» et même «un 77e musicien», un spécialiste de la lumière ayant travaillé avec Pink Floyd. L’idée du compositeur allemand étant de donner une nouvelle interprétation de ses musiques.

Côté français, ils sont également plusieurs à avoir franchi le pas du grand écran vers la scène. Michel Legrand, 84 ans, (Un été 42, Les Parapluies de Cherbourg, Les Demoiselles de Rochefort) sera invité de plusieurs festivals cet été. Alexandre Desplat, 54 ans, (The Queen, The Ghost Writer, The Grand Budapest Hotel) a présenté ses compositions à la Philharmonie de Paris fin 2015.

De son côté, Éric Serra, 56 ans, collaborateur fétiche de Luc Besson (Le Grand Bleu, Léon, Subway), a récemment fait une tournée avec son groupe. Autant de concerts où la musique prime cette fois sur l’image. Vladimir Cosma, par exemple, annonce qu’il projettera simplement quelques photos et reproductions d’affiche à certains moments clés, comme la danse de Louis de Funès pour Rabbi Jacob ou l’affiche de La Boum. Pour la scène, il «réorchestre» les thèmes écrits pour le cinéma, avec des morceaux plus longs et des instruments parfois différents. Avec l’ambition avouée que ses musiques réussissent à survivre aux films pour lesquels elles ont été composées. Des films qui parfois ne passent plus à la télévision, précise Vladimir Cosma, qui se souvient que le compositeur Jean Wiéner (1896-1982), auteur de musiques pour le cinéma, regrettait que «ses musiques (soient) mortes dans des boîtes en fer».