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Lettre de Cannes, épisode 8 : le festival et ses traditions


A Cannes, le tapis rouge fait rêver depuis 1946. (Photo Thibaut Demeyer)

A Cannes, s’il y a bien une chose qui résiste au temps, ce sont les traditions. Parfois, celles-ci ont leurs explications, parfois, elles restent mystérieuses.

Au rayon des traditions explicables, nous avons le port obligatoire du nœud papillon pour la Montée des Marches. Le smoking ou le costume, de préférence foncé, est un plus. Cette tradition remonte au début du Festival de Cannes en 1946. A cette époque, les projections se faisaient au Casino du Palm Beach qui exigeait le smoking et le nœud papillon.

Cette tradition est dès lors restée car très vite, Cannes est devenu un festival incontournable, représentant l’image de la France à travers le monde. Quant aux femmes, la robe de soirée est fortement conseillée. En tout cas, pas question de monter les marches dans une tenue considérée comme incorrecte car il n’y aura aucune chance d’avoir accès aux Marches, invitation ou pas.

Au rayon des traditions inexplicables, on retrouve un mystérieux journaliste qui, tous les soirs au moment où la projection de presse commence et que les lumières s’éteignent, appelle un certain « Raoul ». Une tradition qui dure depuis plus de trente ans et qui est attendue chaque soir par les spectateurs qui ne manquent pas d’applaudir, histoire d’encourager cet homme mystérieux à faire de même lors de la prochaine séance.

Tout le monde ne rêve pas de la montée des marches

Si à une certaine époque, la presse s’exprimait plus clairement lors des projections qui leur sont réservées, aujourd’hui, elle semble plus passive ou discrète. Finis les cris, les réflexions, les sifflets ou autres applaudissements lorsqu’une scène méritait un tel comportement. En revanche, lorsque la séance débute, nous avons droit à une petite animation représentant les marches et qui se termine par le sigle de la Palme d’Or. Une image qui, aussi par tradition, suscite les applaudissements.

Qui n’a jamais rêvé de se retrouver sur le tapis rouge et se faire photographier par les photographes avant de gravir les célèbres Marches du Palais des Festivals ? On aurait tendance à répondre par un : « tout le monde » ! Eh bien non, il existe d’irréductibles festivaliers qui se moquent de la montée des marches. C’est ainsi que nous avons pu assister à une scène digne d’un long métrage.

Lui : « ça y est ma chérie, j’ai réussi à obtenir des invitations pour la projection du dernier film de Steven Spielberg. » Elle : « Ah ben non, on ne va quand même pas monter les marches, cela va foutre toute ma journée en l’air ! » La vie nous offre parfois des dialogues que même Audiard n’aurait pas pu inventer !

A Cannes, Thibaut Demeyer

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