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Lettre de Cannes, épisode 12 : l’examen réussi de Cristian Mungiu


Cristian Mungiu (à gauche), et ses acteurs Maria Dragus et Adrian Titieni. (Photo AFP)

Hier soir, c’était la montée des Marches de Cristian Mungiu pour son film Baccalauréat, sa troisième participation à Cannes après la Palme d’Or pour Quatre mois, trois semaines et deux jours en 2007 et le Prix du scénario en 2012 pour Au-delà des Collines. Inutile de préciser que son Baccalauréat était attendu avec impatience par la presse et largement applaudi par les Festivaliers à l’issue de la projection officielle.

L’histoire est celle de Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie. Son souhait le plus cher est que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université en Angleterre. Mais avant, il faut qu’elle passe et réussisse son bac. Victime d’une agression peu avant l’épreuve, la vie d’Eliza bascule. Son père fera alors tout ce qui est en son pouvoir pour qu’elle puisse passer et réussir son bac, quitte à oublier tous ses principes.

Corruptions dans une Roumanie post-Ceausescu démontrant que le monde ne change pas, culpabilité, relations père-fille avec cette volonté de toujours vouloir bien faire et retour de manivelles sont les thèmes principaux de Baccalauréat qui a séduit les festivaliers hier soir lors de la projection officielle. Pendant ce temps, Nicolas Winding Refn avec The Neon Demon se faisait siffler par la presse lors de la projection qui leur était réservée.

Une mise en scène classique

La force de Cristian Mungiu – qui a plus de facilité de faire des films que de répondre aux questions des journalistes comme il l’a précisé lors d’une interview –  c’est sa façon de filmer  la monotonie des immeubles, des couples qui s’enlacent et se lassent, des chiens errants que sont la carte postale de la Roumanie, du mal être de Roméo dont l’épouse lui tourne de plus en plus le dos, des gestes du quotidien, du rapport père-fille. La vie quoi !

Mais ce qui est surprenant, c’est que dans sa mise en scène, on a dû mal à reconnaître la griffe d’un réalisateur qui a fait l’école de cinéma de Bucarest alors que dans ses films précédents, la particularité était plus flagrante. Dès lors, on se pose la question des influences du cinéma de l’ouest car Baccalauréat est, entre-autres, produit par les Films du Fleuve, la maison de production des Frères Dardenne.

Sa mise en scène est fluide et sobre, les acteurs sont à la fois crédibles et justes, tout comme les dialogues, quelle que soit la situation dans laquelle se trouve Roméo. Une fois encore, Cristian Mungiu nous propose une œuvre réfléchie et aboutie et si le jury lui offre une place au Palmarès, il ne l’aura pas volée.

A Cannes, Thibaut Demeyer

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