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Lettre de Cannes, épisode 1 : Une certaine nostalgie


À Cannes comme ailleurs, il faut montrer patte blanche pour vivre le Festival. (Photo Thibaut Demeyer)

Après mille kilomètres et dix heures de voiture, j’aperçois au loin la Méditerranée et enfin la ville de Cannes qui semble être couchée à ses pieds. Un paysage magnifique que j’admire chaque année depuis 28 ans. Soudain, la nostalgie de mes premiers Festivals me prend. En 28 ans, le Festival de Cannes a bien changé.

Et si les Palaces sur la Croisette, habillés d’immenses panneaux publicitaires annonçant les futures grosses productions américaines, n’ont pas trop changé,  la Croisette n’est plus tout à fait la même. Finis les accès libres aux plages où, un jour de mai 1990, je m’étais retrouvé seul en compagnie de Malcom McDowell, l’acteur britannique immortalisé pour son rôle dans Orange Mécanique de Stanley Kubrick, pour partager en toute convivialité l’apéritif.

Finies les stars qui déambulent librement sur le bord de mer, finies les célèbres chaises bleues qui habillent la Croisette et que l’on retrouvait le soir même au bord du tapis rouge permettant aux festivaliers d’attendre pour assister à la montée les célèbres marches et espérer parfois, leur serrer la main ou obtenir à l’arrache un autographe en glissant entre deux gendarmes formant la haie d’honneur, leur cahier d’autographes. A cette époque, le Festival de Cannes ne parlait pas encore de sécurité accrue, ni d’attentats.

Le 11-Septembre a tout changé

Puis est arrivé le 11-Septembre et le Festival de Cannes s’est adapté. La montée des marches s’est vue davantage sécurisée, le public relégué à quelques mètres plus loin du tapis rouge, finie la proximité avec les Stars, finie la tolérance autorisant parfois à certains festivaliers d’obtenir un laissez-passer journalier leur permettant d’entrer au Palais. Palais qui, aujourd’hui, n’a jamais aussi bien porté son nom « Le Bunker ».

Devant sont postés d’impressionnants malabars dotés de lunettes foncées et armés d’un détecteur de métaux. A chaque passage, il faut montrer patte blanche. Fouilles des sacs et passages au détecteur de métaux sont obligatoires. Personne n’y échappe. Une sécurité davantage renforcée cette année par la présence de militaires, l’appui de caméras vidéo dans les rues et le renfort des forces de l’ordre ainsi que des troupes spéciales d’intervention tant terrestres que maritimes.

Néanmoins, en 28 ans de présence sur la Croisette, il y a bien une chose qui n’a pas changé, c’est le prestige que dégage ce Festival restant le plus important au monde. On en veut pour preuve le nombre d’invités qui feront à coups sûr les beaux jours de cette 69e édition. Elle débutera ce mercredi 11 mai avec en ouverture Woody Allen et son film Café Society. Suivront durant cette quinzaine Steven Spielberg, Jodie Foster, Julia Roberts, George Clooney pour ne citer qu’eux. Quand on vous dit que Cannes est synonyme de prestige !

A Cannes, Thibaut Demeyer

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