Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Comme le reste du monde, les Pays-Bas ont suivi avec attention l’investiture de Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier. Le discours plein de gloire du président leur a inspiré un clip « promotionnel », en reprenant les éléments de langage chers au milliardaire. Tout en démesure et autosatisfaction. Désopilant !
« America First » et bien sûr « Make America great again ». C’est, pour résumer, la teneur du discours du nouveau président qui s’est donné pour mission de ressusciter feu le rêve américain, d’amputer ces maudites élites de Washington du pouvoir qui sera « rendu au peuple », d’ « acheter américain et embaucher américain », entre autres promesses lancées poing levé.
Un talk-show néerlandais populaire, « Zondag met Lubach », a eu l’idée de réaliser un clip parodique dans lequel le gouvernement vanterait les Pays-Bas à Donald Trump comme le ferait ce dernier. « Ça va être une vidéo géniale », annonce la voix-off qui se veut une excellente imitation de l’originale. Elle commence par un petit rappel historique pour expliquer que « William of Orange », le père de la nation, « a combattu les Espagnols, des personnes vraiment désagréables. Ils nous ont combattu pendant 80 ans mais n’ont pas réussi à nous battre. Ce sont de vrais losers ».
« Grab them by the pony »
Pour s’assurer le soutien du nouveau locataire de la Maison Blanche, il faut aussi dénigrer ses voisins et afficher sa supériorité en tous points. « Nous parlons le néerlandais, la meilleure langue d’Europe, insiste le narrateur. Nous avons les meilleurs mots, toutes les autres langues sont ratées. Le danois… un désastre total. L’allemand n’est même pas une vraie langue. » Côté tourisme, « nous avons le Ponypark Slagharen, qui est le meilleur parc de poneys au monde […] Vous pouvez les monter, les rencontrer » et évidemment « vous pouvez les attraper par… le pony », en référence à une expression douteuse employée par le candidat il y a quelques années et qui était ressortie pendant la campagne présidentielle « grab them by the pussy » (attraper les femmes par la chatte, NDLR…).
La balade se poursuit le long de la digue de l’Afsluitdijk, « un grand, grand mur que nous avons bâti pour nous protéger de toute l’eau venant du Mexique. Nous avons construit un océan entier okay, un océan entier entre nous et le Mexique. Personne ne construit mieux que nous des océans. Cet océan est tellement énorme que vous pouvez même le voir depuis la Lune », affirme le « gouvernement », soulignant un argument qui devrait séduire le président américain : « Nous faisons payer les Mexicains pour cela ».
« Nous avons Lee Towers »
Autre monument du patrimoine néerlandais : « Vous avez les Trump towers, nous avons Lee Towers », un crooner star dans le pays « à la voix incroyable. Il aurait adoré chanter pour votre investiture », précise-t-on. La vidéo « promotionnelle » compile encore une succession de clichés à l’image de « cette scandaleuse tradition de Black Pete », montrant une fête folklorique où les participants sont grimés en Noirs, « la chose la plus offensante et raciste que vous n’ayez jamais vue. Vous l’adorerez, c’est génial ».
Bref, aux Pays-Bas, c’est le paradis. Le paradis fiscal… « Nous avons le meilleur système d’évasion fiscale que Dieu ait jamais créé », se gargarise aussi le film. « Vous devriez dire à vos enfants d’y placer tout votre, pardon, leur business ici. »
Dernière chose, mais pas des moindres, « nous avons une grande, grande, grande dépendance aux États-Unis. C’est énorme. Si vous envoyez promener l’OTAN, vous allez rendre nos problèmes plus énormes encore. S’il vous plaît, ne le faites pas », implorent les Néerlandais. « Nous comprenons parfaitement que ce sera l’Amérique d’abord. Mais pouvons nous dire : les Pays-Bas en deuxième ? »
Si avec tout ça, Donald Trump ne laisse pas amadouer…
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