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Le « hand spinner », un jouet qui calme ou qui fâche ?


Des "hand spinners", le 11 mai 2017 à Paris. (Photo : AFP)

Les petites toupies à deux ou trois branches se sont répandues comme une trainée de poudre dans les écoles. Mais deux mois après l’apparition des «hand spinners», de nombreux enseignants en ont assez et bannissent ces jouets pourtant censés calmer les nerfs.

Vendus pour quelques dollars, les «hand spinners», ou «fidget spinners», sont la vedette surprise de ce printemps, explique Frédérique Tutt, expert du marché du jouet pour le cabinet international NPD Group. Les États-Unis mais aussi, depuis la fin avril, tous les pays d’Europe, «sont touchés par cette folie tournante», dit-elle. Cette nouvelle mode pourrait disparaître en quelques mois, aussi subitement qu’elle a commencé. Mais elle n’en sème pas moins la zizanie dans les écoles, où elle a relancé le débat sur les problèmes de concentration des enfants.

«Les spinners sont arrivés de nulle part: tout à coup, tous les enfants semblaient en avoir un, et disaient, ça m’aide à me calmer», raconte Meredith Daly, enseignante de 6e dans une école publique de la banlieue de Phoenix, dans l’Arizona. «Au début, je ne savais pas quoi penser». Les spinners avaient notamment le mérite d’être silencieux, dit-elle, un soulagement après des mois de «bottle flip», un exercice consistant à lancer une bouteille d’eau en essayant de la faire retomber droite, qui faisait un malheur en début d’année scolaire.

Privé de tablette

Mais rapidement, dit cette enseignante, «les enfants en classe ne quittaient plus des yeux leur toupie ou celles de leur voisin», rendant tout apprentissage impossible. Alors, avec d’autres professeurs, «on a tous décidé qu’ils ne pourraient plus les sortir du sac pendant les cours».

Comme de nombreux enseignants américains qui expriment leur ras-le-bol des spinners sur Twitter, elle ne les tolère plus qu’à la demande expresse des parents. Ou lorsque le besoin est avéré, comme c’est le cas parfois pour les enfants présentant des troubles de l’attention, de l’hyperactivité ou certaines formes d’autisme. D’autres écoles, aux États-Unis, en France ou en Angleterre, les ont carrément interdits, y compris pendant les récréations.

Au grand regret de certains enfants, comme Tom Wuestenberg, huit ans. Même s’il n’a aucune difficulté particulière, ce petit New-Yorkais d’origine belge dit que le spinner l’aide à travailler. «Quand je n’ai plus envie de faire mon travail, je prends le spinner, je le fais tourner un petit peu, et ensuite je me remets à mes devoirs», dit-il.

Noelle Cullimore, mère de deux enfants installée à Long Island, a elle aussi une opinion plutôt favorable des spinners. Ses enfants en ont six en tout. Son fils hyperactif de 10 ans, qu’elle a privé de tablette et smartphone tellement il était «accro», «joue avec en attendant le bus de ramassage, ou dans la voiture (…), ça semble le détendre un peu», dit-elle.

« Besoin de remuer »

Aussi gênantes que soient pour eux ces toupies, beaucoup d’enseignants reconnaissent qu’un nombre grandissant d’enfants ont besoin de bouger ou de manipuler quelque chose pour mieux se concentrer. Témoin que le besoin de cliquer sur un stylo ou de tapoter du pied est moins stigmatisé qu’autrefois, les boules à serrer ou les coussins qui permettent de remuer sur sa chaise se sont banalisées dans les écoles, dit Meredith Daly.

«Les gens, pas seulement les enfants, ont besoin de remuer, de réduire leur stress», souligne aussi Richard Gottlieb, du cabinet de consultants en jouets, Global Toy Experts. «C’est dommage d’interdire» les spinners, dit-il, car «les enfants d’aujourd’hui sont soumis à beaucoup de stress». Tout le problème est de trouver quelque chose qui ne perturbe pas les cours.

«On pourrait sûrement gagner beaucoup d’argent si on arrivait à trouver un jouet efficace et silencieux avec lesquels les enfants joueraient en rédigeant une rédaction», dit Meredith Daly. La quête du jouet parfait est lancée. Parmi les derniers candidats à cette chasse au trésor figure le Fidget Cube, un petit cube de plastique dont chaque côté offre des possibilités de manipulation différentes.

Présenté comme un vecteur de calme au bureau, à l’école ou à la maison, il a donné naissance à de multiples imitations après avoir été l’un des produits vedette du site d’innovation par financement participatif Kickstarter. Le fait de remuer «ne doit plus être stigmatisé ou ridiculisé», ont plaidé ses inventeurs, les frères américains Matthew et Mark McLahan, lors de son lancement fin 2016. «Avec le bon outil et la bonne expression, ce processus peut être positif et avoir beaucoup d’applications pratiques».

Le Quotidien/AFP

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