Accueil | Culture | Le collectionneur Thomas Kaplan expose ses Rembrandt au Louvre

Le collectionneur Thomas Kaplan expose ses Rembrandt au Louvre


Des tableaux de Rembrandt au Louvre à Paris dans le cadre de l'exposition des chefs-d’œuvre de la collection Leiden, le 17 février 2017. (Photo : AFP)

«J’ai hurlé dans le téléphone»: Thomas Kaplan se souvient parfaitement du jour où il a acheté son premier Rembrandt aux enchères. Depuis, il en acquis dix autres et a réuni en treize ans pas moins de 250 œuvres de peintres du Siècle d’or hollandais.

Une sélection d’une trentaine de chefs d’œuvre de la collection Leiden, dédiée depuis 2003 aux peintres de la ville de Leyde, est présentée au musée du Louvre dans le cadre de sa saison hollandaise. Sont exposés les Rembrandt, dont le milliardaire américain et son épouse, Daphne Recanati, détiennent désormais la première collection en main privée. Mais aussi Jan Steen, Jan Lievens, Frans van Mieris, Gerard Dou…. sans oublier un Vermeer, le seul qui ne soit pas détenu par un musée.

Les cimaises du Louvre, c’est une première pour la collection Leiden qui n’avait jamais eu les honneurs d’une exposition dans un grand musée, même si elle a consenti plus de 170 prêts de tableaux à de prestigieux établissements européens, américains et japonais. «Nous avons pris une décision très réfléchie, explique Thomas Kaplan, l’art que nous collectionnons, nous ne devons pas vivre avec, nous devons le rendre accessible au public.»

Avec le Louvre, ce très francophile homme d’affaires new-yorkais à la mise de lord anglais – petit gilet, pochette flamboyante – est allé plus loin: il vient d’offrir au plus grand musée du monde une œuvre magistrale de Ferdinand Bol, le plus doué des disciples de Rembrandt, «Eliézer et Rebecca au puits». Pourquoi ce choix alors que la collection Leiden a des liens avec quatorze musées dans le monde? «Le Louvre est notre musée préféré, nous avons une résidence à Paris, nous adorons la France», explique Thomas Kaplan, Légion d’honneur à la boutonnière.

Rembrandt moins cher que Warhol

A l’origine de cette rencontre, une vente aux enchères où, sans le savoir, Kaplan l’emporte sur le Louvre pour acquérir le tableau de Ferdinand Bol. Informé par la maison de vente, le milliardaire propose un prêt de l’œuvre à long terme, ce que le musée accepte en 2010. «Le Louvre n’avait jamais fait ça auparavant», souligne-t-il avec fierté. Tom Kaplan, qui a fait fortune dans les métaux précieux après un doctorat en histoire à Oxford, est un collectionneur tardif. «J’avais six ans quand j’ai découvert Rembrandt. C’est là que je suis tombé amoureux du Siècle d’or hollandais. Mais je n’ai jamais imaginé avant mes 41 ans qu’on pouvait acheter un Rembrandt ou un Vermeer. C’était inconcevable pour moi.»

«En cinq ans, nous avons acheté en moyenne une peinture par semaine», dit-il. «Nous avons acheté ce que nous aimons, et, comparé à l’art contemporain, ces œuvres n’étaient pas chères.» «La plus grande peinture d’histoire en main privée est la +Minerve+ de Rembrandt, nous l’avons payée moins cher qu’un Warhol. Vous pouvez acheter un Greco pour beaucoup moins qu’un Cy Twombly.»

Cette passion, Thomas Kaplan l’a assouvie dans la plus grande discrétion. Sa fiche Wikipedia fait à peine mention de ses activités de collectionneur, car le premier engagement du couple, à travers la fondation Panthera, est la sauvegarde des habitats naturels des grands félins. «Jusqu’à très récemment, nous n’avions aucune envie de nous présenter comme collectionneurs, mais lorsque nous avons mis en ligne le catalogue de la collection, nous avons franchi le Rubicon», reconnaît Thomas Kaplan. Après Paris, une sélection de 70 tableaux va être présentée en Chine.

Aujourd’hui, «nous voulons dire pourquoi nous croyons si fortement que Rembrandt compte, que les grands maîtres comptent, que le pont créé par la culture entre les civilisations compte», martèle Thomas Kaplan, qui ne cache pas son admiration pour le projet du Louvre Abou Dhabi. «C’est le premier musée dans le monde arabe qui présente tout le spectre de l’art, de l’antiquité aux manuscrits hébraïques enluminés en passant par la création contemporaine. C’est vraiment une idée fabuleuse», affirme le collectionneur, qui croit plus que jamais au «soft power» de la culture.

Le Quotidien/AFP

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.