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Le centre Pompidou-Metz se met à l’heure japonaise


Photo (AFP)

Comment l’architecture japonaise s’est-elle développée après 1945, entre la destruction d’Hiroshima, la menace sismique et les contraintes liées à la densité urbaine? C’est le thème d’une exposition érudite, présentée depuis ce week-end au centre Pompidou-Metz, et qui constitue le lancement d’une saison nippone.

Riche en documents originaux, « Japan-Ness, Architecture et urbanisme au Japon depuis 1945 », balaie six décennies, du traumatisme nucléaire aux reconstructions d’aujourd’hui. Le visiteur s’y « promène » à la découverte « d’ambiances et d’atmosphères », raconte Frédéric Migayrou, conservateur en chef du département architecture du centre Pompidou Paris et co-commissaire de l’exposition, présentée en Lorraine jusqu’au 8 janvier 2018.

« On traverse des périodes de l’Histoire, et même si on n’y connaît rien, on comprend ce qu’a été Hiroshima, ce qu’a été la reconstruction, ce qu’a été l’expansion économique des années 1970. Et on visualise très bien ce qu’est le Japon d’aujourd’hui », résume-t-il.

L’exposition s’ouvre sur des images terribles d’Hiroshima, rasée par la bombe atomique du 6 août 1945. Partant de cette destruction, elle interroge les notions de reconstruction, qui se poseront une nouvelle fois après le tremblement de terre de Kobé en 1995, et d’identité. Au fil de la visite, les murs, noirs dans la première pièce, se teintent de gris clair, couleur du béton brut cher à l’architecte français Le Corbusier, dont l’influence fut énorme au Japon.

Les audaces architecturales

Aux nombreux plans d’architectes présentés sur les murs, répondent leurs « traductions » en bâtiments, qui défilent sur un écran suspendu au centre de la pièce. Au coeur de la visite, les audaces architecturales de l’exposition universelle d’Osaka, en 1970, rappellent le boom économique de l’archipel. Les immeubles ou les maquettes de villes, parfois restées à l’état de rêves, racontent le Métabolisme, courant architectural dans lequel les bâtiments sont pensés comme des agglomérations de cellules.

Puis, en prélude à la dernière partie de l’exposition, d’immenses photographies de Kobé, ravagée par le séisme de 1995 (qui fit plus de 6.000 morts), ramènent le visiteur à la notion de destruction/reconstruction. Viennent alors les jeunes architectes japonais, qui jouent avec les espaces microscopiques laissés par l’intense densité de l’archipel. Là, une maison construite sur 15 m2, ici un appartement suspendu, rappellent les contingences spatiales avec lesquelles doivent composer les architectes.

Par cette approche chronologique, Frédéric Migayrou a voulu offrir « une exposition promenade » à travers la culture japonaise. Certaines salles peuvent sembler hermétiques aux profanes. Le commissaire s’en défend: « c’est totalement accessible, parce que c’est une exposition faite d’images, et ces images font rêver, permettent d’imaginer… C’est un petit voyage au Japon », dit-il.

Le centre Pompidou-Metz poursuivra cette saison japonaise avec l’exposition Japanorama (sur l’art contemporain nippon), à partir de la fin octobre, puis Dumb Type, en janvier.

Le Quotidien / AFP

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