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La Cinémathèque dans l’enfer oublié de la Syrie (Vidéo)


Le documentaire « Return to Homs » était diffusé lundi soir à la Cinémathèque. Un retour dans l’enfer de Homs et sur un conflit presque oublié.

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Riad Taha (à gauche) et Sameh Orabi se battent pour que leurs familles puissent venir au Luxembourg. (Photo : Didier Sylvestre)

Le conflit syrien est indirectement au cœur de l’actualité de ces derniers jours, puisque ce sont ses réfugiés qui risquent chaque jour leur vie pour tenter de traverser la Méditerranée. Un peuple en proie à la furie de son régime depuis bientôt quatre ans. Le documentaire suit l’évolution de la ville natale du réalisateur, le journaliste Talal Derki. Cela dès les débuts, avec le souffle du Printemps arabe arrivé jusqu’en Syrie, où un peuple simplement épris de liberté ne se focalisait pas spécialement sur la chute du régime. Le film commence avec l’ébullition de la ville, Homs, vivante, grouillante de voitures et de gens. S’enchaînent ensuite les manifestations pacifistes et les chants de ralliement.

Le documentaire se concentre sur deux personnages, Ossama, 24 ans, citoyen-journaliste qui va rapidement être enlevé par le régime, et Basset, gardien de but de l’équipe nationale de football et leader charismatique. Ce dernier devient le fil rouge du récit. Chanteur lors des manifestations pacifistes, Basset comprend au fil des mois que les chants et les protestations ne vont plus suffire. Le film suit la désertification d’Homs, qui devient un véritable champ de bataille. Basset perd ses amis un à un et aussi, peu à peu, l’espoir. Il est blessé plusieurs fois, mais il revient à chaque fois, persuadé du bien-fondé de son combat, même si les quelques mitraillettes des insurgés ne pèsent pas bien lourd face aux chars et aux tirs de mortier de l’armée de Bachar El Assad. La dernière scène voit Basset repartir au front, une dernière fois en 2013, on ne saura pas ce qu’il est devenu depuis.

> Deux réfugiés originaires d’Homs

La soirée était organisée par la Cinémathèque, l’ASTI, Etika et Attac Luxembourg, qui avaient tous invité deux réfugiés syriens originaires d’Homs qui vivent aujourd’hui au Luxembourg, Sameh Orabi et Riad Taha. Ils ont débattu du film et de la situation en Syrie, après la projection, avec les spectateurs. Sameh vivait à Homs, dans le quartier situé au centre des combats : « Les médias ont oublié ce qui s’est passé depuis 2011, mais les réfugiés ont fui. Il s’est passé exactement la même chose dans d’autres villes. Avant, tout le monde avait une vie, un futur, rien ne prédisait que nous allions prendre les armes. » Pour Riad, la fuite a été dure : « Nous voulons revenir à la maison, personne ne peut savoir ce que l’on ressent. Parfois le silence a plus de poids », estime-t-il.

Si l’absence de femmes dans le documentaire a interpellé une spectatrice, c’est parce que femmes et enfants ont été mis à l’abri, dans les villages de campagne ou dans les camps de réfugiés loin du front, en Turquie ou au Liban. Dans ces camps de réfugiés, 70 % sont des femmes et des enfants. Riad regrette l’inaction du reste du monde : « Cette guerre est silencieuse, nous pensions que la communauté internationale interviendrait, rien ne s’est passé. »

Et les deux réfugiés balaient les commentaires sur la présence de Daech et de l’État islamique parmi les combattants Syriens : « Nous ne sommes pas là pour parler de politique, mais d’humanité. Pendant deux ans, nous avons fait des manifestations pacifistes. Le peuple Syrien ne peut pas accepter Daech, qui est soutenu par Assad. L’État islamique, on n’en parle que depuis un an, alors que la guerre en Syrie dure depuis trois ans ! On ferait mieux de parler des morts et des réfugiés. »

Quant à un processus de paix éventuel, Sameh voit cela d’un bon œil : « Pro ou contre régime, nous sommes tous des Syriens. Jusque-là, tout le monde vivait en paix, personne ne faisait de différence entre les religions. Quand j’étais au lycée, je n’avais aucune idée des différentes religions de mes voisins, c’est quelque chose qui ne me posait aucun problème, même si Assad a tenté de nous diviser. Nous n’avons pas besoin des États-Unis, de l’Iran ou de la Russie, nous pouvons nous débrouiller seuls. »

De notre journaliste Audrey Somnard

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