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La cigarette électronique n’est pas «une porte d’entrée» sur le tabac


Même si les vapoteurs ne se mettent pas à la cigarette, cette pratique elle-même n'est peut-être pas sans danger. Les conséquences de la cigarette électronique sur la santé sont encore largement méconnues. (photo Pierre Matgé)

La cigarette électronique chez les adolescents n’est pas une « porte d’entrée » vers le tabac, selon une étude publiée mardi qui vient confirmer des recherches précédentes sur le sujet, même si on sait encore peu de choses sur les conséquences pour la santé du vapotage lui-même.

Selon une vaste enquête menée au Royaume-Uni, l’engouement des adolescents pour la e-cigarette n’a pas empêché la poursuite du déclin de l’usage du tabac dans cette catégorie d’âge.

Entre 1998 et 2015, le pourcentage de 13-15 ans ayant déjà fumé au moins une fois a chuté de 60% à 19% outre-Manche, et la part de fumeurs réguliers est passée de 19% à 5%, montre cette étude réalisée auprès d’environ 250 000 jeunes britanniques.

L’opinion du tabac a par ailleurs continué à se dégrader : en 2015 seuls 27% des jeunes adolescents jugeaient acceptable d’essayer la cigarette, contre 70% 17 ans plus tôt.

Surtout, les chercheurs ont montré que ce déclin de l’usage et de l’image de la cigarette n’a quasiment pas ralenti dans la période récente (2011-2015), alors même que le vapotage prenait son essor, ce qui prouve selon eux que cette nouvelle vogue n’a pas « re-normalisé » le tabac.

Cette étude, publiée dans la revue spécialisée Thorax, éditée par le British Medical Journal (BMJ), va dans le sens de plusieurs articles parus ces dernières années, qui concluent que les cigarettes électroniques délivrant de la nicotine ne poussent pas à commencer à fumer, comme certains le craignaient.

Quelques recherches, en particulier aux États-Unis, concluent toutefois dans le sens inverse. Ainsi, une étude publiée en 2015 dans la revue JAMA et menée auprès de 2 530 collégiens de Californie affirmait que les adolescents utilisant des cigarettes électroniques avaient plus tendance à commencer à fumer du tabac que les autres.

Même si les vapoteurs ne se mettent pas à la cigarette, cette pratique elle-même n’est peut-être pas sans danger. Les conséquences de la cigarette électronique sur la santé sont encore largement méconnues, en raison notamment du peu de recul depuis l’apparition de ces produits, à la fin de années 2000.

Il a fallu des décennies aux chercheurs pour prouver les dangers du tabac, dont il est désormais établi qu’il entraîne 7 millions de morts prématurées chaque année dans le monde.

Un risque de crise cardiaque augmenté de 34%, un risque de maladie coronarienne plus élevé de 25% et une probabilité de dépression supérieure de 55%

Selon une étude portant sur 100 000 adultes aux États-Unis, présentée lors d’un congrès en mars, les vapoteurs ont un risque de faire une crise cardiaque augmenté de 34%, un risque de maladie coronarienne plus élevé de 25% et une probabilité de dépression supérieure de 55%.

La prévalence de ces maladies était encore bien plus élevée chez les fumeurs de tabac.

Un autre article, publié en février dans Nature Journal Scientific Reports, établit un lien entre des produits chimiques présents dans 90% des e-cigarettes et une altération de la fonction pulmonaire.

« Nous devons prendre des mesures fortes pour protéger nos enfants de ces produits très puissants », ont solennellement averti les autorités sanitaires américaines en décembre, mettant en garde contre la nocivité de la nicotine sur des cerveaux en développement.

Aux États-Unis, l’usage de la cigarette électronique a bondi de plus de 75% en 2018, poussant la Food and Drug Administration (FDA) à réclamer une réglementation plus stricte de ces produits.

Outre-Atlantique, les adolescents ont désormais plus de probabilité d’être des « vapoteurs » que des fumeurs.

Selon les chiffres publiés en novembre par le National Institute on Drug Abuse (NIDA), environ 10% des 13-14 déclaraient avoir vapoté au cours du mois précédent, alors que moins de 4% disaient avoir fumé une cigarette.

Chez les 17-18 ans, l’écart est moindre, mais les fumeurs restent deux fois moins nombreux que les utilisateurs de cigarette électronique.

Parmi la population adulte aux États-Unis, plus de 10 millions sont aujourd’hui vapoteurs (environ 5% de la population) et trois fois plus sont fumeurs.

En France en 2014, un quart des 15-75 ans déclarait avoir déjà essayé l’e-cigarette au moins une fois, 6% l’utilisaient au moment de l’enquête et 2,9% quotidiennement, selon Santé publique France. 83% de ces vapoteurs étaient fumeurs (75% fumeurs quotidiens) et 15% étaient d’anciens fumeurs.

AFP

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