Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le duo phare de la BD grand-ducale, Lucien Czuga et Roger Leiner, est de retour jeudi en librairie avec un projet hybride : Kuck a Cook-Book, tome 4 de Hot Cuisine.
Voilà trois ans, les amateurs luxembourgeois de BD découvraient la famille Farfalletti, leurs employés du restaurant 3 Étoiles, leurs clients, ressemblant à des personnalités politiques, culturelles et judiciaires grand-ducales – toute ressemblance n’est pas forcément fortuite – mais aussi leur voisin, propriétaire d’un restaurant chinois, etc. Leurs aventures sont racontées en de courts gags tirés principalement sur une page.
Ça parle de cuisine, bien sûr, de gestion d’un restaurant, de relations entre collègues, avec les clients, mais ça raconte aussi un certain Luxembourg. Celui où le chef est italien, le serveur peut-être luxembourgeois, le sommelier forcément français, etc. Et tout ce beau monde parle un mélange de langues très grand-ducal qui rappelle que notre pays tient plus de la tour de Babel que de la pétition 698 (NDLR : qui demande à ce que la langue luxembourgeoise devienne la première langue nationale du pays).
À quelques jours de Noël, tout ce beau bazar revient donc en librairie avec Kuck a Cook-Book, un quatrième tome que les éditeurs auraient tout aussi bien pu classer comme un hors-série. «C’est un livre conçu spécialement pour les fêtes dans le sens où c’est un truc hybride, c’est un mélange entre une BD et un livre de cuisine», lance le scénariste Lucien Czuga, «deux trucs qui ne se vendent absolument pas à Luxembourg normalement», ajoute-t-il avant de partir dans un de ses énormes et caractéristiques éclats de rire. L’homme manie l’antiphrase à la perfection.
Mais l’idée de départ de ce livre vient plutôt de son acolyte, Roger Leiner, amateur de bonnes chairs et de bons vins. Le lecteur pourra ainsi, à partir de jeudi – date de la sortie de Kuck a Cook-Book – découvrir sur 96 pages, la présentation de 23 restaurants gastronomiques présents aux quatre coins du Grand-Duché avec à chaque fois une description du restaurant, une caricature du chef – et parfois même du patron des lieux ou du maître d’hôtel –, la recette d’un plat réalisée pour l’album ainsi qu’un accord mets-vins proposé par la cave des sommeliers de Steinfort. Vingt-trois restaurants choisis par les auteurs et leurs amis proches, non pas selon leurs notes dans les grands guides gastronomiques, mais par simple accointance personnelle avec leur cuisine.
Le 3 Étoiles face aux chefs étoilés
Puis, pour chaque restaurant, les auteurs proposent une planche de BD inédite, mettant en scène la famille Farfalletti pour un gag qui garde l’esprit des trois précédents albums de Hot Cuisine, mais toujours en lien avec la recette ou le restaurant présentés. «Le chef du restaurant 3 Étoiles essaye d’imiter les principes des véritables chefs des restaurants. Mais bon… Il n’y arrive jamais vraiment.» Il faut dire que malgré son nom un peu pompeux, le 3 Étoiles ressemble plus à une pizzeria de quartier qu’à un restaurant gastronomique.
Kuck a Cook-Book est donc un livre qui donne envie d’aller au restaurant et de tenter de refaire les recettes chez soi. «Je n’ai pas encore tenté de les refaire, avoue l’auteur, mais, sauf peut-être, celle de la Distillerie, une composition de tomates dont le descriptif prend une page à lui tout seul, ce sont des plats à priori faciles à refaire chez soi.» Le rôti de lotte noire façon pêcheur de chez Mathes et les aubergines siciliennes fondantes, coulis de tomates, gambas à la plancha de chez Favaro devraient d’ailleurs rapidement entrer dans les recettes personnelles chez les Czuga.
D’autant que l’auteur devrait avoir bientôt plus de temps à passer derrière les fourneaux. Alors que lui et son partenaire ont déjà tué Superjhemp, il y a deux ans dans leur album Amnesie fir d’Monarchie, voilà que les aventures de la famille Farfalletti risquent aussi de s’arrêter là. «Je ne dis pas que c’est le dernier tome, mais que ça risque fort d’être le dernier; en tout cas pour un certain temps», reprend Lucien Czuga. «Déjà parce que le tournage du film Superjhemp, et fils, qui va commencer en mars, va nous prendre déjà pas mal de temps, et puis parce que ça fait 30 ans qu’on fait de la BD et qu’on emmerde les gens avec deux, trois, quatre albums tous les ans. Roger a toujours envie de dessiner et travailler, pourquoi pas en lançant des projets solos, mais moi, tout en continuant à être créatif, j’ai vraiment envie de lever le pied.» Bref, il y a comme une envie de retraite dans l’air.
Pablo Chimienti
