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« K.O », comédie kafkaïenne signée par le créateur des « Revenants »


Laurent Lafitte a été séduit par ce film qui "a l'efficacité d'un thriller mais qui est aussi un film social". (photo AFP)

Le créateur et réalisateur (13 des 16 épisodes) de la série « Les Revenants » Fabrice Gobert aime la veine fantastique: « K.O », son deuxième film qui sort en salles mercredi, commence comme une comédie sociale mais bascule vite dans l’étrange.

Son héros, Antoine Leconte, n’a rien de sympathique: arrogant, misogyne, il « trace » son chemin sans états d’âme à l’étage de direction d’une chaîne de télévision. « C’est un prédateur qui s’est très bien adapté à son milieu », selon Laurent Lafitte, qui interprète le rôle.

Le comédien, qui jongle entre le cinéma (deux films par an) et la Comédie-Française, a été séduit par ce film qui « a l’efficacité d’un thriller mais qui est aussi un film social ».

Très vite, on sent qu’Antoine va avoir des ennuis, à force de piétiner les gens autour de lui. L’accident – un animateur bafoué lui tire dessus – va déclencher sa chute. « On a voulu que ce personnage qui a réussi soit obligé de se mettre à la place de ceux pour qui la vie est plus difficile », commente le réalisateur Fabrice Gobert.

Antoine se retrouve dans la peau du présentateur météo, soumis à la dictature de l’audimat et au bon vouloir de la direction de la chaîne. A l’étage de direction, d’autres ont pris sa place. Le spectateur s’interroge: Antoine a-t-il été débarqué pendant son hospitalisation? Ou a-t-il fantasmé sa réussite, alors qu’il a toujours été présentateur météo?

Toutes les options restent ouvertes, dans un film qui pratique la « sortie de route » avec délectation, « baladant » le spectateurs d’hypothèse en hypothèse.

Le traitement esthétique du film, avec de nombreuses scènes de nuit dans des univers plutôt glauques – hôpital, métro aérien, salle de boxe clandestine – introduit une atmosphère oppressante.

Cauchemar

« Le fantastique me permet de traiter les choses de manière pas trop frontale, il permet ce petit pas de coté qui ouvre vers le spectaculaire, le ludique, le surprenant », explique Fabrice Gobert.

Antoine Leconte plonge dans un gouffre: qui est-il? Celui d’avant l’accident, ou l’autre, qu’il découvre jour après jour dans le regard de ses collègues de bureau?

« C’est kafkaïen », lance Laurent Lafitte, qui s’apprête à jouer le rôle d’un professeur de français auteur d’une thèse sur Kafka (« L’heure de la sortie » de Sébastien Marnier) et s’est lancé dans la lecture de « La Métamorphose ». Comme le représentant de commerce de Kafka transformé en monstrueux insecte, Antoine « devient prisonnier de sa propre apparence, il est spectateur de sa propre vie ».

Le film se garde de trancher formellement entre les deux histoires parallèles. « Le but, c’était de laisser au spectateur la possibilité de s’interroger sur l’histoire: Antoine Leconte se demande qui il est, il erre entre ses cauchemars, ses fantasmes, ses rêves, ses ambitions, ses peurs », dit le réalisateur.

A coté d’un Laurent Lafitte dans la même veine plus sombre que dans « Elle », bien différente de celle de ses rôles de comédie, Chiara Mastroianni incarne pour sa part la femme sous toutes ses facettes, fragile, complexe, séduisante et profondément humaine.

Fabrice Gobert travaille sur un projet de film d’un tout autre genre, adapté (avec l’écrivaine Marie Desplechin) d’un roman de l’Américain Charles Simmons, « Les locataires de l’été »: « L’histoire d’un jeune garçon de 15 ans qui tombe très amoureux et qui va vivre des drames ».

Le Quotidien / AFP

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