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Justin Trudeau, la médiatisation familiale comme arme politique


Le Premier ministre canadien "use du marketing politique" avec les outils des nouvelles générations. (photo AFP)

Sur la grande muraille de Chine, à la Maison Blanche ou à la gay pride, le plus souvent avec son épouse Sophie Grégoire et leurs trois enfants, le Premier ministre canadien a choisi la médiatisation familiale comme arme politique.

Dès son entrée en fonction il y a un an, le chef du gouvernement a donné le ton. Un Premier ministre canadien est finalement un père comme les autres, il doit être présent pour le repas en famille le soir.

Et si le protocole doit prendre le pas, alors Xavier, 9 ans, Ella-Grace, 7 ans, et le petit dernier Hadrien, 2 ans, sont sur les photos ou devant les caméras avec leurs parents, pas vraiment timides ni étonnés.

« Justin Trudeau a exploré le monde quand il était enfant » quand son père médiatisait lui-même sa famille, souligne Alex Marland, professeur de sciences politiques à l’université de Terre-Neuve et Labrador.

Pierre Elliott Trudeau, Premier ministre, mettait volontiers en scène sa jeune épouse Margaret et leurs trois fils pour, indifféremment, croiser Fidel Castro ou la reine Elizabeth II. « Justin Trudeau a grandi avec les médias et, à l’évidence, sa femme (Sophie) a pas mal d’expérience avec les médias », note M. Marland.

Un temps animatrice à la télévision, Sophie Grégoire Trudeau a une prestance et une élégance naturelles, et le couple fait le bonheur des magazines et des jeunes créateurs canadiens qui ont trouvé leur ambassadrice.

A peine quelques jours après sa nomination à la tête du gouvernement, Justin Trudeau posait pour Vogue, manches de chemise relevées et noeud de cravate lâche, assis sur le coin de son bureau enlaçant tendrement Sophie.

« C’est la représentation du politique comme célébrité » et l’image des valeurs de la société, analyse Myriam Durocher, chercheuse en communications à l’Université de Montréal. Le couple Trudeau avec trois enfants biologiques c’est, selon elle, l’image de « la famille traditionnelle comme modèle prédominant dans notre société ».

« Ne m’appelez pas madame »

C’est « le facteur Hollywood », selon Pierre Gerlier Forest de l’Université de Calgary. Justin Trudeau, comme une star, a « l’aura naturelle et une forte popularité » pour sensibiliser le plus grand nombre.

Au printemps, le couple et leurs trois enfants débarquaient à Washington à l’invitation du couple présidentiel Obama. Les grands noms du cinéma ou de la chanson et les deux couples ont éclipsé les politiciens au diner officiel et ont fait la couverture des magazines people.

A 44 et 41 ans, Justin et Sophie incarnent la nouvelle génération dans le paysage politique canadien. En août, les cinq Trudeau ont participé à la marche LGBT de Vancouver, Justin s’occupant de la poussette où Hadrien dormait, Xavier et Ella-Grace défilant aux côtés de leur maman sans prêter plus d’attention à la foule.

« Médiatisation et politique vont de pair, pour avoir une notoriété il faut être médiatisé » et son image de modernité donne au Premier ministre « une visibilité maximale » dans l’opinion publique, estime Myriam Durocher.

L’universitaire souligne aussi « la dimension affective » du politicien quand Justin Trudeau descend de l’avion à Washington avec Hadrien dans les bras, ou poste sur les réseaux sociaux une photo où toute la famille est déguisée pour Halloween.

Le Premier ministre « use du marketing politique » avec les outils des nouvelles générations, rappelle Myriam Durocher. Il se prête volontiers aux selfies, et son équipe de communication est très active pour alimenter ses comptes Twitter, Instagram, Facebook…

Et son épouse lui a emboîté le pas. « Depuis une dizaine d’années, je résiste par tous les moyens à l’envie de m’inscrire sur les médias sociaux », a écrit Sophie Grégoire Trudeau, en guise de premier message sur sa page Facebook il y a quelques jours.

La famille au grand complet en photo de page d’accueil, le billet est signé d’un simple « Sophie (ne m’appelez pas madame) »! Simplicité et proximité.

Le Quotidien / AFP

 

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