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Indochine : les confidences de Nicola Sirkis


(Photo : Pascal Brocard / Le Républicain Lorrain)

Depuis 1981, Indochine défie, sans aucun tabou, les modes. Et Nicola Sirkis y célèbre la liberté de penser, d’aimer et de vivre. Premier groupe français à avoir rempli Bercy et le Stade de France, Indochine sort un 13e album puissant et engagé, entre rock, new wave et electro. Taillé pour la scène et une tournée, en 2018, dont plus de 100 000 places ont déjà été vendues.

Indochine, votre groupe, est né il y a trente-six ans et le public communie plus que jamais avec vous…

«J’ai toujours cru, quoi qu’il arrive, en Indochine. Qu’on nous crache dessus, que la maison de disques nous jette comme une vieille serpillière ou que le guitariste principal s’en aille en disant qu’il a honte de jouer ses propres morceaux… J’ai toujours pensé qu’il fallait être fier de ce qu’était Indochine. Ma fille m’a récemment fait redécouvrir Harry Potter, ce garçon qui a survécu à tant d’aventures. C’est marrant : quelque part, après Peter Pan, je deviens Harry Potter.

Le succès de la dernière tournée, 800 000 personnes dont deux Stade de France, vous rend-il plus exigeant encore ?

Oui, parce qu’on n’a pas envie que les gens se disent : “Indochine, c’était mieux avant”. Ce qu’on a vécu sur le “Black City Tour” était incroyable mais il faut toujours conserver, en nous, cette peur de les décevoir. On doit surtout rester humble et repartir comme si on était un nouveau groupe. On n’est pas éternel.

La planète se meurt et on a tous appris à vivre avec la menace terroriste. Où trouvez-vous l’envie d’écrire sur une époque si sombre ?

Le paradoxe est là. Le monde s’est détérioré d’une telle façon qu’on ne peut plus en rigoler. Mais avec une dose d’optimisme, ce qui est rare chez nous, je me dis qu’il va y avoir un déclic. C’est ce qu’il faut se dire et ce qui me fait avancer.

On va tous dégager un jour, même ceux qui ont le pouvoir de faire des mauvaises choses

Est-ce également ce que suggèrent ces treize adolescentes, immortalisées par le photographe hollandais Erwin Olaf, sur la pochette de l’album, avec leur regard désabusé ?

Elles ne sont pas dupes et nous rappellent que d’autres générations vont arriver pour, peut-être, taper du poing sur la table pour signifier : “Ça suffit, maintenant, vos conneries !” On va tous dégager un jour, même ceux qui ont le pouvoir de faire des mauvaises choses.

Comme, par exemple, le nouveau président américain, dans le titre « Trump le monde » ?

Il n’y a que vous, la presse, pour lui dire qu’il a tort. Qu’il ment. Les gens gobent la plupart des trucs, c’est le dernier à parler qui a toujours raison. Eh bien non, il faut analyser. Dans les années 30, il n’y avait pas tout ce système de contrôle du pouvoir. Je pense qu’il peut faire des dégâts. Il en cause d’ailleurs déjà. C’est une claque, quand même, pour tout le monde. Imaginons-nous, en France, si l’extrême droite avait été élue… On est dans la même configuration.

Vous parlez précisément, dans « Un été français », de la France comme d’un « pays infernal » et de « froid national »…

Tous les cinq ans, on a droit au grand carnaval. De l’illusion, des promesses, et des rêves brisés. Mais c’est la démocratie. J’ai voté pour la première fois depuis longtemps au second tour de la présidentielle parce qu’il fallait marquer le territoire. Mais je n’ai aucune légitimité à donner mon avis. Ce n’est pas mon rôle, je ne suis pas un messager. Moi, le seul truc, c’est de voir un président qui est tombé amoureux de sa prof, je trouve ça plutôt cool. Après, ce qu’il va faire ou ne pas faire, c’est un autre dossier.

Indochine est d’abord un groupe qui se vit sur scène, plus de 100 000 fans ont déjà acheté leurs billets pour la tournée qui commencera en février 2018. Quelles surprises leur réservez-vous ?

On va ouvrir le toit des salles ! (rires) On va tenter de s’échapper par là-haut, si on y arrive… Ce sera vraiment un show différent de tous les précédents. Une fois encore, on a tenu à ce que les billets soient à 40 euros. Le concert doit, pour moi, être un espace de liberté où les gens ne sont pas sélectionnés par l’argent pour être devant la scène. Nous venons de débuter les répétitions. Le plus dur va être de choisir les bons titres, parce qu’en deux heures et demie, on ne pourra pas tout jouer.

Le « Tour 13 » se bouclera-t-il au Stade de France ?

Non, on sera dans les salles pour ce spectacle. Le Stade de France, on s’y est déjà produit trois fois. Je ne dis pas qu’on n’y retournera pas. Mais pas sur cette tournée-là.

Paul-Marie Pernet / Le Républicain Lorrain

Le groupe Indochine sera en concert le 10 février 2018 à Épernay, les 21 et 22 février à Lyon, le 25 février à Strasbourg, les 10 et 11 avril à Dijon, le 20 avril à Saint-Etienne et le 25 mai à Amnéville.

 

 

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