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Hip-hop : l’odyssée du GC Battle


Ici des images du GC Battle de 2016. Ce samedi, aux Rotondes, les danseurs de hip-hop vont de nouveaux mettre le feu (Photo : archives Editpress).

Le GC Battle 5, festival de danse urbaine incontournable du Grand-Duché, se tient samedi aux Rotondes. Il s’agira de la dernière édition portée par les fondateurs historiques, dix ans après le début de l’aventure.

«Le GC, it’s our baby! C’est à nous, c’est notre fierté, car on s’est décarcassé pour créer quelque chose de grand, de différent, ici au Luxembourg…» Quand Adriel Trombin aka «ScoobyDad» (30 ans), président de l’ASBL Growing Culture, évoque son évènement de danse hip-hop, il vous fixe droit dans les yeux. Et il parle de ça avec son cœur, ses tripes. Avec force et persuasion. À côté de lui, son ami et bras droit, Kennedy Semedo alias «Guts» (28 ans), sourit. Car il sait mieux que quiconque par où ils sont passés pour en arriver là. Par des phases de doute, des moments de galère, des prises de tête…

Bref retour en arrière. Leur première rencontre date de 2006. L’un est déjà plus dans l’organisation, l’autre fait du krump (NDLR : danse à la fois hyper-expressive et d’apparence agressive mais non violente issue du ghetto US). Mais tous deux sont des mordus de hip-hop. Ils passent notamment deux soirées ensemble à Merl (dont une tourne au vinaigre…), puis Adriel s’en va voyager deux ans à travers le monde. En son absence, c’est le calme plat. Plus grand-chose ne se passe.

Quelques sessions à Berchem en 2008
En 2008, Kennedy décide finalement de reprendre le flambeau en mettant en place quelques évènements de danse à la Maison des jeunes de Berchem. Un beau jour, il se rend à Luxembourg chez le coiffeur et croise, par le plus grand des hasards, Adriel en descendant du train… «Je lui ai expliqué vite fait ce que je faisais. Je lui ai dit : « Tu viens, tu regardes. » Et c’est là que tout a commencé…», glisse Kennedy. «Du coup, reprend Adriel, j’arrive, je vois la petite salle, le couloir, l’extérieur… blindés. On parle là de 150-160 personnes. Je me suis dit : « Ah ouais, le petit nain de jardin a bien travaillé quand même! C’est le seul qui avait bougé en fait. En mode : j’ai envie de faire, de créer quelque chose.» Le début du projet, la genèse, le commencement, correspond donc à 2008… C’est cette date anniversaire qui a été retenue cette année pour fêter les dix ans de l’ASBL Growing Culture. Même si, officiellement, cette dernière n’a vu le jour que le 12 juillet 2010.

Les deux fondateurs racontent un événement qui coûte beaucoup de temps et d'énergie... (Photo : DR).

Les deux fondateurs, Kennedy Semedo et Adriel Trombin, racontent un évènement qui coûte beaucoup de temps et d’énergie… (Photo : DR).

Réunion fondatrice au Rollingergrund
Après avoir créé le Next Generation Battle en 2012 et organisé les qualifs Luxembourg du battle Sous Pression, l’ASBL Growing Culture fait une pause d’un an. Chacun est pris par sa vie personnelle, professionnelle. Dans les rangs de l’assoce, le découragement guette. «Un jour, je me souviens, raconte Kennedy, Adriel m’a téléphoné et il m’a dit : « Comment que c’est avec GC? ». Je lui réponds : T’as des idées? – Oui. – O. K. Ben écoute, on se pose, on revoit le plan.» En clair, il faut tout reconstruire, remettre les choses à plat, tirer les leçons du passé. «Fin 2013, peu avant les fêtes, on se remet en contact. On se dit : on va trouver un concept, un délire, créer un bête d’évènement. Mais cette fois, on prend tout!», poursuit Adriel. Une réunion fondatrice de la GC team a lieu à cette époque-là dans un café au Rollingergrund. Ils sont alors six (Adriel, Kennedy, Sandy, Andrea, Paolo et Adam).
Mars 2014, le GC Battle 1 a lieu au centre culturel de Hollerich. Le projet pilote, bien que «trop freestyle», est couronné de succès. Cent cinquante danseurs répondent présent. La salle, elle, affiche complet (500 personnes). Mais il faut réussir à structurer encore plus l’évènement, mieux répartir les tâches de chacun, mutualiser les moyens. Pour cela, Adriel toque à la porte de Sadat Sekkoum (Mixité, Yutz), activiste hip-hop bien connu dans la Grande Région.

Sa première décision? Intégrer le breakdance à la manifestation qui compte déjà le show chorégraphique et le All styles. L’année suivante, la 2e édition, au hall omnisports Ostende-Belair, «même si elle aura coûté une fortune, beaucoup de temps et beaucoup d’énergie», est celle de la confirmation. Deux cents danseurs, 450 personnes. Bref, la mayonnaise a pris. Désormais, il suffit juste de trouver les bons assaisonnements. Et Adriel a aussi appris, par la force des choses, à un peu déléguer…

Total Eclipse
Depuis maintenant deux ans, le GC Battle a posé ses valises aux Rotondes. «L’évènement a grandi, gagné en ampleur et en notoriété et a même atteint, selon moi, sa dimension finale. Avec Kennedy, on a réalisé des objectifs qu’on s’était fixés il y a dix ans. Il n’y a rien qu’à regarder, par exemple, le line up de malade (juges, danseurs) et la qualité de la prestation globale.» Pourquoi cette 5e édition est-elle intitulée «Total Eclipse»? Après un moment d’hésitation et avoir sondé son «bro», «Adri» confesse : «Total Eclipse, c’est pour dire que cette année, pour nous deux, c’est notre dernière édition. On a mis le paquet. On espère finir en beauté. Comme ça, on pourra dire qu’on a vécu dix ans de galère, cinq ans de GC Battle… On a quand même fait trois éditions sold out. Aujourd’hui, on estime qu’on a plus que prouvé et qu’on doit être mieux soutenu, plus valorisé localement. Et on en a marre de courir derrière les choses, de ramer avec les institutions, la Ville de Luxembourg, etc. Mais si quelqu’un de l’équipe veut reprendre le truc, qu’il le fasse…»

Ismaël Bouchafra-Hennequin

Rotondes – Luxembourg. Samedi à partir de 18 h. Ticket : 15 euros, prévente : 10 euros.

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