Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Après Stëbslongen en 2011 et Sex, Drugs an e Prêt en 2013, voilà que le plus célèbre des groupes de rap luxembourgeois, De Läb, revient avec une troisième galette, Kale Bauer. Seize chansons et près d’une heure de musique où Corbi, Fluit et leurs compères commentent, à leur manière, l’actualité, la politique, la société…
Quand on pense au hip-hop luxembourgeois, ce n’est pas faire offense aux autres membres de la scène que de dire qu’on pense immédiatement à De Läb. Un peu comme en cyclisme on pense tout de suite aux frères Schleck ou encore en BD on pense au duo Czuga-Leiner. C’est simple, il y a eux tout en haut et puis tous les autres ensuite.
Alors le concert de lancement d’un album du groupe, c’est un événement. D’autant que, cette fois-ci, ça fait trois ans que les fans attendent. «Depuis 2011, on sort quasiment un album tous les deux ans », note David Fluit, « c’est OK je trouve. Là, ça nous a pris trois ans, mais entretemps, il y a eu l’album solo de Corbi, et puis on a aussi d’autres obligations, tant personnelles que professionnelles.» Il poursuit : «C’est le problème habituel de l’artiste au Luxembourg, dans le sens où on ne peut pas vivre que de la musique.»
Peu importe, les fans ne devraient pas trop leur en tenir rigueur. D’autant que là où certains groupes sortent des EP de 4 à 6 titres, d’une durée dépassant rarement les 25 minutes, les rappeurs «certifiés 100 % Minette» débarquent avec pas moins de 16 nouveaux morceaux pour une durée de près d’une heure de musique.
Le titre de ce nouvel opus? Kale Bauer. Si, mot à mot, ce titre peut se traduire par «Paysan froid», les propriétaires ou travailleurs agricoles n’ont pas grand lien avec l’album. Ce titre vient plutôt d’une vieille expression, un peu désuète, mais que les anciens devraient connaître. Une expression pour parler d’une tache blanchâtre et collante issue des parties intimes de ces messieurs. Un élixir de vie pourrait-on encore dire!
Un côté plus sombre que par le passé
Un titre un brin potache que les artistes assument pleinement, d’autant que le public risque bien de se prendre ce «Kale Bauer en pleine gueule» et que les musiciens y ont mis «tout (leur) ADN», reprend Fluit. Et si De Läb continue, comme depuis ses débuts, à chanter dans la langue de Dicks (lire encadré), le groupe a connu une importante évolution depuis Sex, Drugs an e Prêt. Ne serait-ce que parce que le line-up a changé, avec l’arrivée de Benoît Martiny – «Non seulement un très bon batteur, mais aussi un musicien qui sent ce qu’il faut exactement pour chaque chanson. Il a même composé un morceau» – et de DJ MKO. «Des arrivées qui ont amené beaucoup d’input créatif qui change beaucoup par rapport à avant.»
Résultat, si De Läb n’oublie pas le côté «funny» qui a fait le succès de plusieurs de ses morceaux, l’ensemble semble plus mûr, plus réfléchi. «Avec un son encore plus organique que par le passé et des textes plus sombres.» Fluit poursuit : «On vit des années difficiles et il y a beaucoup de choses qui nous énervaient pendant qu’on écrivait les morceaux. L’album précédent était plus sarcastique. Là, on tape plus du poing sur la table.»
Corbi et Fluit (à g.) ont été rejoints dans l’aventure De Läb par Renato «Däiwelskärel» Macri, Benoît Martiny et DJ MKO. (photo Mike Zenari)
Dans les seize chansons, il est question d’actualités qui ont fait la une des médias, de politique, de société… «Les gens qui nous connaissent savent qu’on ne s’est jamais privés de dire ce qu’on pensait de notre société luxembourgeoise, du gouvernement en place, des politiciens… Encore une fois, certains politiciens vont avoir les oreilles qui sifflent, mais une certaine scène hip-hop du Luxembourg va aussi en prendre pour son grade», explique le rappeur, qui insiste par contre sur le fait que ces chansons n’attaquent personne.
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«On rappelle les faits, on donne nos commentaires, mais ce n’est jamais contre quelqu’un.» Il sera donc aussi bien question d’un coussin qui a fait l’actu après avoir été lancé par un policier sur un jeune, d’UE, de TTIP, de CETA, etc.
L’album, dont l’art work a également été travaillé par Sascha Di Giambattista et Mike Zenari, sera disponible dès vendredi. Et c’est au Club de la Rockhal que Corbi, Fluit, Benoît Martiny, DJ MKO et Renato «Däiwelskärel» Macri vont le présenter pour la première fois au public.
Un concert, à partir de 20 h 30, pour lequel sont également annoncés le beatboxer grand-ducal Slizzer, le rappeur autrichien Camu ainsi que deux membres de De Läbbel – le label lancé il y a trois ans par des membres du groupe : Maka MC et Edel Weis. Et pour que la fête soit complète, le groupe a même prévu une «afterparty» au Rockhalcafé avec Nikkel K et Bibi La Brute.
Pablo Chimienti
Kale Bauer, de De Läb. Release : Rockhal – Esch-Belval. Vendredi 28 octobre à partir de 20 h 30. Page Facebook du concert.
